2004

Bibliothèque de Genève

Université, Ville et Etat à l'unisson en faveur de la Bibliothèque de Genève

 

Après le temps des vœux, voici le temps de la concrétisation. Le projet de grande Bibliothèque de Genève, en gestation depuis plusieurs années, a franchi un cap historique, en toute discrétion le 18 décembre dernier, avec la signature d'une Convention tripartite entre l'Etat, la Ville et l'Université de Genève. Ce document, qui confie à un groupe opérationnel un mandat de mise en œuvre, rend explicite l'engagement des partenaires politiques en faveur de la Bibliothèque de Genève et donne la première impulsion à la réalisation du projet. Désormais, il sera question d'évaluer, mètre en main, les besoins de la future bibliothèque et d'esquisser un programme architectural.

Le constat est loin d'être nouveau: l'actuelle Bibliothèque publique et universitaire (BPU) n'en finit plus de rogner sur ses derniers centimètres de rayonnages pour caser ses nouvelles acquisitions. Conséquence de ce manque de place pour les livres: l'espace réservé aux lecteurs s'est réduit d'autant au fil des années. A cela s'ajoute les lacunes des installations pour le prêt et la consultation: horaires contraignants, inaccessibilité des volumes, salles de lecture et postes de travail peu adaptés aux conditions de la recherche actuelle. Bref, c'est l'un des patrimoines les plus riches de Genève qui est actuellement sous-exploité.

A quelques mètres de la BPU, la situation des bibliothèques des Facultés des lettres et de théologie, dans l'aile Jura et le bâtiment central des Bastions, n'est guère plus enviable. D'où l'idée de réunir ces différentes entités en une unique fondation de droit public, sous le label Bibliothèque de Genève, qui disposerait de moyens adéquats pour mettre en valeur ses collections. Les grandes lignes du projet ont été définies dans un document publié en mai 2002 par Alain Jacquesson, directeur de la BPU, et Jean-Dominique Vassalli, alors vice-recteur de l'UniGe.

En combinant les ressources de la BPU et celles des bibliothèques de lettres et de théologie, la Bibliothèque de Genève aurait une taille initiale avoisinant les 2,3 millions d'ouvrages, ce qui la situerait dans le groupe des grandes bibliothèques européennes, avec une spécificité dans le domaine des sciences humaines et sociales. Elle participerait ainsi au rayonnement international de Genève. "Ce projet s'inscrit dans la durée, il faudra certainement compter une dizaine d'années pour le voir aboutir", précise Alain Jacquesson.

Projet novateur
Le fait que la Convention signée en décembre dernier soit le fait de l'Etat, de la Ville et de l'Université souligne le caractère novateur du projet. C'est en effet l'une des premières fois à Genève qu'un projet culturel d'envergure parviendrait à dépasser le clivage - problématique en termes de gestion - entre canton et municipalité. Il est d'ailleurs envisagé que l'Association des communes genevoises rejoigne le navire en cours de route. "Ce serait relativement normal, vu la proportion considérable de nos lecteurs qui résident hors du territoire de la Ville", souligne à ce propos Alain Jacquesson. En outre, le partenariat avec l'Université permettrait, via la loi d'aide aux universités, de faire bénéficier la future Bibliothèque de Genève de subventions fédérales.

Le Groupe opérationnel constitué par la Convention devrait rendre un premier rapport dans le courant du printemps, annonce Nadia Thalmann, vice-rectrice de l'Université et responsable du Groupe. Il s'agira, lors de cette première étape, de se prononcer sur la faisabilité du projet et de faire l'inventaire des besoins architecturaux.

 

Le projet de Bibliothèque de Genève comporte un volet patrimonial, public et scientifique. Les espaces dévolus à la conservation des collections historiques seraient élargis dans les sous-sols des Bastions, libérant ainsi de la place en surface pour les lecteurs. 300'000 livres pourraient ainsi être mis en libre accès à la disposition du public, contre 25'000 aujourd'hui. Les conditions de travail des utilisateurs seraient également améliorées: simplification des procédures d'emprunt des ouvrages et extension des heures d'ouverture. Il est encore prévu d'équiper les postes de travail d'accès aux différents réseaux électroniques. Une vaste collection de documents sur l'histoire et la culture de Genève serait d'ailleurs accessible en format électronique, via une base de donnée appelée "Genevensi@". Enfin, la conjonction des ressources de la BPU et de l'Université devrait permettre d'instaurer une dynamique nouvelle et de revoir entièrement le fonctionnement global de la Bibliothèque.

Pour en savoir plus:
"Projet pour une Bibliothèque de Genève", par Alain Jacquesson et Jean-Dominique Vassalli
(document pdf 533 kb)
"Etat d'urgence aux Bastions", dossier paru dans Campus sur les bilbiothèques des Bastions
(document pdf 404 kb)

Jacques Erard
Université de Genève
Presse Information Publications
Mars 2004

8 mars 2004
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