2004

Erasmus: premiers étudiants des pays de l'est à l'UniGe

L'Université accueille ses premiers étudiants ERASMUS d'Europe orientale

Un peu plus de dix ans après les débuts de la participation suisse à ERASMUS, programme de mobilité européenne, l'Université de Genève accueille cette année ses premiers étudiants venus d'Europe de l'Est. Parallèlement, un étudiant genevois en langue et littérature russes est parti à Prague. Au nombre de cinq ou six, ces étudiants de République tchèque, de Pologne ou de Hongrie, qui symbolisent l'élargissement des frontières orientales de l'Union européenne, vivent une expérience différente de celle acquise habituellement par les ressortissants d'Europe de l'Ouest. C'est le cas d'Aniko-Noemi Turi et d'Anett Petrovszki, deux étudiantes en droit venues de l'Université de Szeged en Hongrie.

Aniko-Noemi Turi est arrivée à Genève en octobre dernier. Elle a été rejointe, il y a trois semaines, par une amie, Anett Petrovszki. Une question émerge très vite dans la conversation des deux étudiantes hongroises: l'aspect financier de leur séjour à Genève. Même si les niveaux de vie ont tendance à s'équilibrer entre l'ouest et l'est du continent, comme l'observe Olivier Vincent, responsable d'ERASMUS pour l'UniGe, les différences restent tout de même marquées et l'aide fournie par la famille s'épuise vite. La Confédération en tient compte: tandis que l'allocation normale pour les étudiants ERASMUS est de 220 francs par mois, elle a été augmentée à 750 francs pour celles et ceux venus d'Europe de l'Est.

Trouver un logement à distance
"J'ai surtout été frappée par le coût des livres et des polycopiés", relève Aniko-Noemi Turi. Pour réussir à boucler ses fins de mois, elle a donc trouvé un travail de baby-sitter. Autre problème pratique à résoudre: celui du logement. "Nous avions été averties qu'il y avait une crise du logement à Genève avant de partir. J'ai tout de même réussi à trouver une chambre à la Cité universitaire, à travers le site internet. J'ai pu tout régler à distance", raconte Anett Petrovszki. Aniko-Noemi Turi, qui loue une chambre à 800 francs par mois (!), est toujours à la recherche d'un logement meilleur marché.

Ces difficultés n'ont pas pour autant découragé les deux étudiantes. L'Université de Szeged entretient des accords avec des universités de trois villes d'Europe de l'Ouest dans le cadre d'ERASMUS: Paris, Louvain et Genève. Si le choix d'Aniko-Noemi Turi s'est porté sur Genève, c'est principalement en raison d'un premier séjour de trois mois en famille à Zurich ayant laissé de bons souvenirs, il y a quelques années. Quant à Anett Petrovszki, c'est l'offre de formation qui l'a convaincue. La possibilité d'obtenir un certificat en droit transnational devrait lui permettre d'étoffer ses compétences, avec à la clé, l'espoir de trouver un emploi dans un pays francophone de l'Union européenne.

"Venez en Hongrie!"
Les deux étudiantes sont d'ailleurs fières que leur pays rejoigne prochainement l'UE. "Je me sens européenne et liée à la culture occidentale, même si mes racines sont incontestablement en Hongrie", observe Anett Petrovszki.

Toutes deux encouragent vivement les étudiants genevois à effectuer un séjour en Hongrie: "Notre Université offre une formation juridique en français. Il y a également des cours de hongrois pour les étudiants étrangers. Et vous verrez, la cuisine hongroise, c'est vraiment fantastique!", s'exclament-elles. "J'ai l'impression que les étudiants ici ont une vision des pays de l'Est qui date d'il y a 20 ans", regrette Aniko-Noemi Turi.

Des propos confirmés par Olivier Vincent: "Les universités d'Europe orientale possèdent des infrastructures d'accueil très modernes, à tel point que nous en sommes parfois jaloux… Nombreuses sont celles qui offrent aussi des cours en anglais. Sans compter que l'apprentissage d'une langue slave, ou de toute autre langue d'Europe de l'Est, va devenir un atout, avec l'élargissement de l'UE."

Le programme ERASMUS a débuté en 1987/88 pour les étudiants de la Communauté européenne. La Suisse l'a rejoint en 1992/93 jusqu'en 1995, moment où l'Union européenne (UE) a dénoncé l'accord qui la liait aux autorités helvétiques. Depuis cette date, la participation de la Suisse est indirecte, ce qui implique des dépenses considérables pour la Confédération. La Suisse finance non seulement ses étudiants séjournant dans les pays de l'UE, mais aussi - contrairement à la pratique européenne - les étudiants accueillis en Suisse.

En règle générale, les étudiants suisses partant à l'étranger bénéficient d'une petite bourse, entre 220 et 260 francs par mois. Une somme de loin insuffisante pour couvrir tous leurs frais, mais qui vise à les encourager à se déplacer. ERASMUS permet avant tout aux participants de bénéficier de structures d'accueil et d'encadrement. Ils peuvent également rester immatriculés dans leur université d'origine pendant leur séjour à l'étranger.

A l'occasion des 10 ans de participation suisse à ERASMUS, en 2002, les statistiques ont montré le succès croissant du programme. A cette date, ils étaient plus de 10'000 étudiants suisses à s'être rendus dans un pays de l'UE et autant d'étudiants de l'UE à avoir séjourné en Suisse. A l'Université de Genève, 342 étudiants avaient participé au programme en 2002 contre 73 en 1992. Il est également ressorti que la Suisse latine attire le plus grand nombre d'étudiants de l'UE (58%), tandis que Romands et Tessinois choisissent en majorité l'Allemagne ou l'Autriche comme destination. Enfin, il est apparu qu'ERASMUS rencontre, en tous cas en ce qui concerne l'Université de Genève, nettement plus de succès auprès des femmes que des hommes: en 1999/2000, 133 étudiantes genevoises ont participé au programme, alors qu'ils n'étaient que 37 étudiants.

Source: Office fédéral de l'éducation et de la science, Programme de l'UE ERASMUS: 10 ans de participation suisse 1992-2002

Pour en savoir plus sur le programme ERASMUS: http://www.unige.ch/intl/erasmus/index.html

 

Jacques Erard
Université de Genève
Presse Information Publications
Mars 2004

25 mars 2004
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