2004

Eurocité: une plate-forme pour colorer le débat sur l'Europe

Une plate-forme pour colorer le débat sur l'Europe

 

Rangée au fond du placard pendant plus d'une décennie, la question européenne refait surface en Suisse, lentement mais sûrement. La signature, le mois dernier, des "Bilatérales bis" entre la Confédération et l'Union européenne marque la fin d'une étape. Coïncidant avec cette signature, l'élargissement de l'Union à 25 pays renforce le sentiment d'isolement de la Suisse. Que va-t-il se passer maintenant? On s'interroge et on aimerait en savoir plus.

Lancée au début janvier à l'initiative d'une petite équipe constituée autour de Frédéric Esposito, chargé d'enseignement à l'Institut européen de l'Université (IEUG), la Plate-forme Eurocité est appelée à jouer un rôle actif dans ce renouvellement du débat sur l'Europe. Conçue comme interface entre le monde académique et la cité, elle se décline en deux volets, l'un consacré à l'information, l'autre à la formation.

Informer
La Plate-forme Eurocité proposera dès la rentrée d'octobre 2004 un site internet contenant des dossiers thématiques, des nouvelles, des éclairages et des bibliographies. " Notre site vise à devenir une adresse de référence pour le citoyen, le chercheur ou le journaliste, en proposant des analyses - nourries par nos propres recherches - et en rassemblant des informations sur l'Europe et la Suisse, tout cela réuni en un seul endroit. Car si certaines de ces informations existent sur le web, elles sont en ordre dispersé ", explique Frédéric Esposito.

 

L'appétit retrouvé sur l'Europe a également fait naître l'idée d'organiser des conférences de midi autour de thèmes d'actualité. L'objectif: parler d'Europe sur un mode convivial malgré l'importance des questions abordées (élargissement de l'UE, libre circulation des personnes, Bologne…). Ces "Midis de l'Europe" ont été inaugurés le 13 mai dernier précisément sur l'élargissement de l'UE et les conséquences pour la Suisse.

"Cela fait maintenant 10 ans que je suis de près la problématique européenne en Suisse et il est évident que le débat souffre d'un manque de clarté souvent lié aux aspects techniques et forcément complexes des questions abordées. Mais c'est aussi une affaire de langage et de pédagogie. Mêmes certains spécialistes s'y perdent. Cela ne doit toutefois pas nous faire renoncer, nous universitaires, à notre mission d'information auprès du public", relève l'enseignant de l'IEUG.

Afin de se départir de cette image de haute technicité, la Plate-forme Eurocité veut renouveler l'emballage comme le contenu. Premier pas: convier le public des "Midis de l'Europe" hors de l'enceinte de l'Université, afin de conquérir l'audience la plus large possible dans un espace "neutre". La communication autour de ces rendez-vous fait ensuite place à une note légère, grâce à un graphisme qui leur donne une coloration "sérieuse mais pas trop". Enfin, pour ce qui est du contenu, Frédéric Esposito et son équipe entendent désarticuler les problématiques: "mettre les enjeux à nu, en faisant table rase de la langue de bois, sans pour autant tomber dans la vulgarisation facile et vide de sens. Nous allons aussi nous confronter au public, et nous serons prêts à remettre à chaque fois en question notre approche. Nous voulons faire de l'Europe un sujet abordé sous toutes les coutures."

Un colloque annuel, pour aborder les grandes questions européennes, ainsi que des expositions ponctuelles sur des aspects plus pragmatiques comme par exemple, la dimension culturelle du vote en Europe où l'Europe de l'espace, compléteront cette offre.

Former
Qui dit effort de pédagogie pense école. S'inspirant d'un projet élaboré à l'époque par le Centre européen de la culture, la Plate-forme Eurocité va notamment mettre en place des "Euroateliers " à l'intention de l'ensemble des enseignants du secondaire intéressés à partager la problématique européenne dans leurs classes (niveau obligatoire et post-obligatoire). Pendant trois jours, ils pourront suivre une formation au Centre européen de Coppet, annexe de l'IEUG. La mise en place de ces modules a été supervisée par le Secteur formation et évaluation du Rectorat.

"Aujourd'hui, le cursus dans les cycles, collèges… présente le projet européen simplement comme une étape dans l'histoire du continent. Peu de choses en revanche sont dites sur la thématique sociale ou culturelle, sur la citoyenneté européenne", observe Frédéric Esposito. En outre, un encadrement sera offert toute l'année, notamment via le site internet, où les enseignants pourront continuer d'interroger l'équipe de la Plate-forme sur le contenu et la méthode de la formation. " Il leur sera aussi possible d'utiliser cet espace avec leurs élèves pour des débats croisés entre établissements scolaires par exemple " ajoute le chargé d'enseignement.

Une étude de marché effectuée par la Plate-forme Eurocité a révélé qu'une centaine d'enseignants du secondaire étaient d'ores et déjà prêts à s'inscrire à cette formation.

Projet pilote pour toute la Suisse
Aux yeux de la Confédération, la Plate-forme Eurocité représente un projet pilote susceptible d'être élargi à l'ensemble de la Suisse. La demande des autres cantons est forte, selon Frédéric Esposito, qui voit donc la nécessité de "passer progressivement à la vitesse supérieure dans le développement de ce projet."

Quant au financement, il est assuré à 78% par le Département de l'instruction publique (DIP). "Ce projet a bénéficié du soutien de Martine Brunschwig-Graf, ancienne responsable du DIP, et surtout de l'actuel patron, Charles Beer sans qui il n'aurait pas vu le jour", précise à ce sujet Frédéric Esposito. Un 17% est versé par la Confédération, via le Bureau de l'intégration. Les 5% restant par le Département de l'économie, de l'emploi et des affaires extérieures (DEEE) et l'IEUG. La Plate-forme Eurocité fonctionne avec trois permanents (José Nunes - ingénieur de système, Susanna Zammataro - collaboratrice scientifique) et trois collaborateur scientifiques externes (Christophe Bonte, Déborah Lassalle et François Saint-Ouen).


Prochain Midi de l'Europe:
Jeudi 9 juin de 12H15 à 13h45

Les Salons, 6 rue Bartholoni - 1204 Genève
(proximité Uni Dufour, voir carte du campus).

L'invité: M. Carlo LAMPRECHT, conseiller d'Etat, président du Département de l'économie, de l'emploi et des affaires extérieures, Genève.
"Libre circulation des personnes: perspectives pour l'emploi dans le canton de Genève"

Entrée libre

Contacts Eurocité:
T él: 022 379 78 50/51
E-mail: plate-forme(at)ieug.ch

Jacques Erard
Université de Genève
Presse Information Publications
Juin 2004

6 avril 2004
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