2004

La réforme de Bologne dans les facultés - l'exemple de la psychologie

Bologne dans les Facultés: l'exemple de la psychologie

 

Comment se prépare-t-on à la réforme de Bologne dans les facultés? Alors que la Conférence universitaire suisse (CUS) a fait connaître, en décembre dernier, ses "Directives" au sujet de cette réforme qui vise à harmoniser les filières d'études au niveau européen, le gros du travail s'effectue en effet à l'échelon des facultés, sections et départements: refonte des règlements et plans d'études, définition des nouvelles filières, adaptation des cahiers des charges, information aux étudiants… Autant d'aspects qui amènent une réflexion de fond sur les finalités et le contenu des formations universitaires. Exemple avec la Section de psychologie de la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, qui passera, comme la plupart des autres facultés, au nouveau système à la rentrée 2005(1).

 

Julia Erskine Poget, collaboratrice scientifique engagée pour seconder la présidence de la Section de psychologie, nous a brossé un tableau général de la situation dans cette Section. Sur son bureau, "Bologne" pèse une bonne vingtaine de classeurs fédéraux remplis de directives, fiches d'informations, et autres ébauches de règlements. De quoi mesurer la complexité du dossier. "Tout ce travail d'adaptation donne lieu à des débats parfois passionnants sur ce qu'est aujourd'hui la psychologie, ce qu'on veut enseigner et pour qui….", commente, nullement découragée, cette collaboratrice engagée à 60% pour assurer notamment le suivi du processus.

Le coup d'envoi a été donné durant l'année 2001-2002, et particulièrement en septembre 2002, par une journée d'information réunissant le corps enseignant de la Faculté, ainsi que les étudiants présents dans les Conseils de faculté et de section. Le débat s'est centré sur ce que l'on voulait faire de la réforme, plutôt que sur le bien-fondé de celle-ci.

Dispositions transitoires
On sait cependant que la réforme de Bologne suscite pas mal de craintes auprès des étudiants. Comment ces derniers ont-ils réagi? En psychologie, il n'y a pas eu vraiment de réactions négatives, le 50% des étudiants effectuant déjà une formation de troisième cycle (DEA ou DESS) sur une base volontaire pour répondre aux exigences de formation dans le domaine et améliorer leurs chances sur le marché du travail. Leur principal souci reste la question du financement de leurs études. A cet égard, la décision de la CUS de retenir la formation sur 5 ans (3 ans de bachelor + 2 ans de master) comme cursus de base a rassuré. Les allocations d'études devraient ainsi pouvoir s'appliquer à toute la durée du cursus de base.

Le passage à un cursus d'études sur 5 ans au lieu de 4 devrait aussi impliquer des ressources supplémentaires en termes d'encadrement des étudiants au niveau du master.

Les étudiants s'interrogent également sur les dispositions transitoires, qui devraient être définies en mai: quels sont les degrés où va s'opérer le basculement au système Bologne? La question se pose notamment pour les étudiants actuellement en deuxième année. Vont-ils pouvoir entrer, en 2005, dans une filière de master? Il règne encore un certain flou pour savoir précisément ce qui va commencer en 2005. Le bachelor et le master, les deux formations dans leur entièreté ou partiellement?

Contraintes extérieures
Les enseignants, pour leur part, se sont passablement impliqués dans le processus. "Mais c'est pour eux un travail de milice, vu leur emploi du temps déjà surchargé", souligne la collaboratrice. La tâche principale consiste dans l'élaboration des nouveaux règlements et plans d'études. Le règlement du bachelor a d'ores et déjà été voté par le Conseil de faculté. La présidence a d'abord récolté les propositions de différents groupes au sein de la Section, puis celles-ci ont été discutées au niveau des Collèges et Conseils. Cette phase a duré de septembre 2003 à janvier 2004.

L'exercice s'est révélé périlleux, puisqu'il a fallu concilier non seulement les divers souhaits exprimés à l'interne, mais aussi les contraintes extérieures: les principes énoncés dans la Déclaration de Bologne, bien entendu, auxquels s'ajoutent les règles en vigueur pour assurer l'équivalence des titres au niveau romand et suisse, ainsi que la loi cantonale sur la santé et la loi fédérale sur les professions de la psychologie en cours d'élaboration(2). A chaque étape, le projet de règlement est passé entre les mains du Service juridique de l'Université. Natacha Durand, conseillère pédagogique auprès du Secteur formation et évaluation, a également apporté son aide sur des questions techniques.

Les choses se compliquent encore lorsqu'il s'agit d'aborder le règlement du master, en cours de préparation. Les enjeux sont d'autant plus élevés que l'intitulé du master servira de label de sortie pour l'étudiant. C'est également à ce niveau que les effets de la réforme se feront le plus sentir, en élargissant la palette de spécialisations et en introduisant une certaine dose de pluridisciplinarité.

Répondre aux attentes de la société
"La Section de psychologie s'efforce de trouver les solutions les plus avantageuses pour les étudiants", explique la collaboratrice. Le master se doit notamment d'offrir une formation spécialisée, mais pas trop, sans quoi les étudiants pourraient perdre en flexibilité sur le marché du travail.

Là encore plusieurs questions restent en suspens. A quelles conditions pourra-t-on commencer un master? Si le passage bachelor-master dans la même branche d'étude, en l'occurrence la psychologie, doit s'effectuer sans autre, qu'en sera-t-il pour les étudiants munis d'un bachelor dans un domaine proche, mais obtenu dans une autre section ou faculté, ou encore dans une autre université? Les Directives de la CUS mentionnent également la mise en place de "masters spécialisés"qui pourraient être assortis de conditions d'admission spécifiques.

La définition des cursus doit tenir compte des attentes de la société. Dans quelle mesure telle ou telle spécialisation est-elle pertinente en regard de la future vie professionnelle des étudiants? La question des titres prend, elle aussi, de l'importance, dans la perspective des employeurs. Obtiendra-t-on un Master of Science in Psychology(3), sans libellé complémentaire, ou celui-ci se déclinera-t-il en différentes spécialités: "mention Neurosciences", "mention Psychologie clinique", etc.? Dans tous les cas, bachelor et master seront assortis d'un "supplément au diplôme" qui donnera des informations sur le niveau et le contenu de la formation.

Dans ce travail de longue haleine, il est utile, de l'avis de la collaboratrice, de coucher assez tôt les nouveaux règlements sur papier, quitte à opérer des ajustements ultérieurs. Cette manière de faire aide à identifier et clarifier à temps les points les plus délicats.

Pour en savoir plus sur la réforme de Bologne:
http://www.unige.ch/formev/bologne/

L'Université informe les collégiens
Qu'est-ce qui va changer avec le processus de Bologne à l'Université? La question ne se pose pas seulement pour les étudiants actuels, mais concerne aussi les collégiens qui, ces prochaines années, seront les premiers à effectuer tout leur cursus sous le nouveau système.

En collaboration avec l'Université, la Conférence des directeurs des Collèges de Genève a donc organisé, du 19 au 29 avril derniers, cinq séances d'informations auxquelles le recteur André Hurst et la vice-recteure Lousiette Zaninetti ont accepté de participer.

Ces séances ont été l'occasion de présenter brièvement l'historique de la Déclaration de Bologne et d'en expliquer les tenants et aboutissants. Elles ont permis surtout de répondre aux nombreuses questions des collégiens qui se demandent, par exemple, s'il est possible d'interrompre ses études entre le bachelor et le master ou si la réforme s'applique aussi aux HES.

(1) Les Facultés de théologie et des sciences, ainsi que l'Institut européen de l'Université passeront au système Bologne dès la rentrée 2004-2005; toutes les autres facultés, écoles et instituts rattachés feront le basculement à la rentrée 2005-2006.
(2) Lpsy
(3) Cf. la liste des dénominations proposées par la CRUS. La logopédie, intégrée à la Section de Psychologie, se déclinera probablement sous la forme d'un "master spécialisé".

Jacques Erard
Université de Genève
Presse Information Publications
avril 2004

10 mai 2004
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