Plainte contre un prédicateur musulman "incitant à la haine raciale" dans le Valais, imam poignardé à Lausanne… A l'instar des propos caricaturaux distillés récemment par l'UDC lors du vote sur la naturalisation, l'actualité autour de l'islam en Suisse ne laisse guère de place aux subtilités. Dans le but d'apporter un peu de raison à un débat crucial pour l'avenir des sociétés démocratiques, l'Université de Genève organise le 15 janvier 2005 une journée sur le thème "Islam et musulmans en Suisse et dans les sociétés européennes".

Ce programme, mis sur pied à l'initiative du Professeur Pierre Dominicé, délégué du rectorat, chargé de la direction académique de la formation continue, s'adresse aussi bien aux fonctionnaires d'organisations internationales ou humanitaires, aux diplomates, aux responsables d'ONG, qu'aux journalistes, travailleurs sociaux ou enseignants. L'inscription est obligatoire et payante. Les débats sont placés sous la direction des professeurs Pierre Dominicé, directeur académique de la formation continue, et Yves Besson, historien et arabisant, chargé de cours à l'Université de Fribourg. Cinq intervenants ont été invités, la plupart spécialistes des mondes musulmans.

C'est la première réalité sur laquelle cette journée voudrait insister, indique Yves Besson: on ne peut pas parler d'une communauté musulmane en Suisse, mais de populations disparates. Selon les chiffres fournis par le Groupe de recherche sur l'islam en Suisse (GRIS), les musulmans se répartissent en une quinzaine de nationalités en tout cas, provenant de trois continents, chacune avec ses spécificités, sa manière de concevoir la religion. Les ressortissants turcs et albanais résident plutôt en Suisse allemande, tandis que les immigrés d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient s'établissent de préférence en Suisse romande. On compte aujourd'hui quelque 310'800 musulmans en terre helvétique, représentant 4,3% de la population, dont la moitié en provenance des pays d'ex-Yougoslavie.

Les polémiques suscitées par l'actualité, selon Yves Besson, ont une double résonance: "On parle beaucoup du 'danger' que représente l'islam pour les sociétés occidentales, on oublie de voir que l'Europe est aussi un 'danger' pour l'islam. " Manière de dire que si la présence de millions de musulmans en Europe appelle à une réflexion sur notre rapport à la religion, remettant en question notre idéal de tolérance - voir ce qui s'est passé récemment en Hollande - les musulmans n'échapperont pas non plus à un débat interne. "Le mieux serait de nous interroger ensemble…", ajoute Yves Besson.

L'islam est-il compatible avec les valeurs occidentales? Ce sera l'autre fil conducteur des discussions. "Nous n'avons pas la prétention d'apporter toutes les réponses, mais nous aimerions au moins arriver à cerner les questions, à en dresser le catalogue pour apporter de la clarté au débat", conclut le professeur.

> Islam et musulmans en Suisse et dans les sociétés européennes
Samedi 15 janvier 2005, de 9h à 17h30
Uni Mail

> Le programme
> S'inscrire460.- CHF

Direction académique: Pierre Dominicé, Yves Besson.

Avec la participation de: Ahmed Benani, politologue (UniL, UniGe, IUED), Stéphane Lathion, historien, Université de Fribourg, Sophie Nedjar, Institut d'études politiques et internationales (UniL), Jacques Pitteloud, coordinateur du renseignement, Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports.

Coordination: Yolande de Muralt, collaboratrice scientifique, Service formation continue, UniGe. Tél: 022 379 78 33

> Le site de la Formation continue
> Le site du Groupe de recherche sur l'islam en Suisse