2005

Bologne dans les facultés

La réforme de Bologne, c'est dans la boîte!

Cet automne, ce sont près de 2900 étudiants qui ont commencé leurs études sous le régime de Bologne. Une réforme qui a créé une véritable révolution au sein de l'enseignement dans les hautes écoles et dont la mise en œuvre a été minutieusement préparée ces dernières années. Entre l'enthousiasme de certains, les promesses des autres et les peurs et angoisses de beaucoup, quelles sont les impressions des premiers concernés par ce changement, les étudiants? Trois semaines après la rentrée académique, se sentent-ils mangés à la sauce bolognaise? Cont@ct est parti à l'enquête dans les couloirs d'Uni Bastions et d'Uni Mail pour un état des lieux.

Un déficit d'information
Tous sont unanimes: ils ne sont pas assez bien informés, malgré les séances d'orientation qui ont été prévues dans toutes les facultés. Si les étudiants fraîchement arrivés à l'Université peinent toujours autant à trouver leurs marques, cette année aura vu également la perte de repères des étudiants des autres volées. "Aujourd'hui, il faut renseigner tout le monde" constate Gregory Meyer, moniteur au Département d'histoire, engagé spécifiquement par la Faculté des lettres pour répondre aux questions ayant trait aux modifications engendrées par la réforme. Même son de cloche à la Faculté de droit où certains étudiants ont loupé des cours "parce qu'ils ne savaient pas" et se plaignent d'une mauvaise organisation générale, comme par exemple le nombre de places insuffisant dans les salles de cours.

Sentiment d'insécurité
Plus grave, les étudiants ont l'impression d'une véritable improvisation de la part des instances dirigeantes de l'institution. A la Faculté des lettres, tous les plans d'études portent encore la mention "PROVISOIRE", même si l'administrateur de la Faculté, Philippe Coet, souligne que le risque de modification est aujourd'hui extrêmement faible. "Ce sont les processus de validation, très lourds, qui nous ont ralenti" explique-t-il. Du côté de la Faculté des sciences économiques et sociales, l'indulgence des étudiants est constamment sollicitée. Le raz le bol est là et cela d'autant plus que, si les étudiants se sentent perdus, c'est également le cas des collaborateurs de l'enseignement qui peinent, eux aussi, par manque d'intérêt ou par manque d'information, à répondre aux nombreuses interrogations suscitées par ces changements.

Une mobilité plutôt réduite
Plébiscitée dans la Déclaration de Bologne, la mobilité des étudiants est pourtant déjà mise en péril. Des programmes d'échanges tels qu'Erasmus ne sont guère compatibles avec le système imposé par la réforme de Bologne selon l'UNES, l'Union des étudiants de Suisse. Des étudiants de la Faculté des lettres le confirment également de leur côté: "S'il était possible par le passé d'étudier l'ethnographie à Neuchâtel ou l'histoire du cinéma à Lausanne dans le cadre d'une licence en lettres, la structure actuelle - avec des systèmes différents dans toute la Romandie – ne le permet plus."

La maîtrise comme formation de base
Pour augmenter leurs chances de trouver un emploi ou pour se spécialiser, la majorité des étudiants interrogés pensent effectuer une maîtrise après l'obtention du baccalauréat. Ils envisagent même de le faire à l'étranger ou encore dans un autre domaine d'études. "Avoir un diplôme qui nous permette d'aller dans toute l'Europe est vraiment avantageux".

Licence versus baccalauréat
Dans certaines facultés, les étudiants ayant déjà commencé leurs études ont du choisir entre "rester dans l'ancien système" ou "basculer dans Bologne". Les choix ont été différents et les motivations variées. Si certains pensent que le titre de licence ne signifiera plus rien d'ici une dizaine d'années, d'autres restent convaincus de sa reconnaissance future. "Le monde du travail maintiendra sa confiance à un titre connu, suivant l'adage: Ce qui est ancien est meilleur". Pour appuyer leur propos, ces étudiants rappellent d'ailleurs que les responsables des ressources humaines des grosses entreprises dans lesquelles ils souhaiteront travailler ont, eux aussi, une licence et non pas un baccalauréat ou une maîtrise.

Un investissement des instances dirigeantes
Si des plaintes se font entendre dans les auditoires en ce début d'année, les facultés ont pourtant minutieusement préparé le terrain. Par exemple, la Faculté des lettres a engagé d'importants moyens pour préparer le basculement au mieux: création d'un poste de moniteur "Bologne", engagement d'une conseillère aux études supplémentaire, décharges d'enseignement pour l'organisation et le suivi de la mise en œuvre, taux d'activité renforcé à l'administration, séances d'accueil à la rentrée, etc. Même si l'on avoue que la situation n'est pas encore totalement satisfaisante - le chantier étant énorme - tout a été entrepris pour que les choses se déroulent au mieux. A la FPSE, ce sont six étudiants qui ont été recrutés pour renseigner sur la réforme de Bologne et ses conséquences. Objectif principal: rassurer. Et finalement, la Confédération a aussi "mis le paquet" financièrement: en tout, ce n'est pas moins d'un million et demi de francs qui ont été alloués à l'UNIGE pour assurer une transition sans anicroche.

18 novembre 2005
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