2006

3e Conférence internationale permanente d'instituts universitaires de traducteurs et interprètes

Une conférence internationale pour la promotion des droits linguistiques

 

"Aucune puissance ne devrait pouvoir utiliser les infrastructures de télécommunication pour renforcer sa suprématie culturelle et linguistique.
La liberté d'expression culturelle et linguistique est absolument essentielle pour l'autonomie et l'identité des hommes et des femmes, et pour le bien des communautés, des groupes linguistiques et de tous les peuples.
Les contenus culturels ne sont pas de simples marchandises; le droit de parler sa langue maternelle et le droit à l'identité culturelle font partie des droits de l'homme."

Moritz Leuenberger, Conseiller fédéral,
lors du Sommet mondial sur la société de l'information, Tunis, novembre 2005.

 


Comment promouvoir le droit à s'exprimer dans sa langue maternelle, aussi minoritaire soit-elle, alors que les outils de communication actuels renforcent la prédominance des langues internationales comme l'anglais ou l'espagnol? Tel sera l'un des principaux objets de discussion de la troisième Conférence internationale permanente d'instituts universitaires de traducteurs et interprètes (CIUTI), qui se tiendra à Genève le 24 mars à l'ONU.

La CIUTI regroupe une trentaine d'universités d'élite à travers le monde. Depuis 2003, elle organise, tous les ans, un forum destiné à servir d'interface entre le monde académique et le marché du travail, une préoccupation de toujours aussi pour l'ETI, soucieuse d'assurer l'"employabilité" des étudiants qu'elle forme. Les partenaires de la CIUTI sur le marché du travail sont notamment les organisations internationales (ONU, UNESCO, UE, Parlement européen), l'industrie, le secteur banque et finance et le monde politique.

Aujourd'hui les besoins des Organisations gouvernementales et non-gouvernementales en matière de communication linguistique et interculturelle sont énormes. Que ce soit pour la défense des minorités linguistiques et culturelles ou pour la résolution de conflits interculturels, le recours à la notion de "droits humains linguistiques" est de plus en plus fréquent. Mais que recouvre réellement cette notion?

La communication dans une Europe à vingt langues
Pour Hannelore Lee-Jahnke, professeur à l'ETI et vice-présidente de la CIUTI, la Suisse est bien placée pour défendre une politique visant à placer le droit à parler sa langue parmi les droits de l'homme fondamentaux. Alors que le recours à une forme d'anglais international se justifie dans de nombreux cas, et sans tomber dans les travers de l'"anglophobie", Hannelore Lee-Jahnke regrette l'usage d'un anglais baragouiné qui implique souvent une perte importante en termes de communication.

"Dans le contexte judiciaire, le droit à pouvoir s'exprimer dans sa langue apparaît d'autant plus fondamental", souligne la vice-présidente. Un aspect essentiel pour des ONG œuvrant dans le domaine de la défense des populations autochtones, par exemple. Cette question est également au menu des discussions officielles dans une Union européenne, où l'on parle actuellement plus de vingt langues. Jusqu'où faut-il garantir le droit à s'exprimer dans sa langue?

La CIUTI 2006 réunit des spécialistes mondiaux sur ces questions. Parmi les invités, à noter la présence du Conseiller d'Etat Laurent Moutinot, en charge du Département des institutions, d'Eric Baier, secrétaire adjoint du Département de l'instruction publique, du recteur de l'UNIGE André Hurst, ainsi que des directeurs de la Commission européenne: Karl-Johan Lönnroth, Marco Benedetti et Reinhard Hoheisel.

La manifestation, qui a lieu à l'ONU, est ouverte au public, sous condition d'inscription.

 

Languages in a Changing World –
Between Linguistic Human Rights and the Economic Needs of International Communication
CIUTI Forum 2006
Palais des Nations, Genève
Bâtiment E 3e, salle XIX

> Inscriptions obligatoires

 

65 ans au service des relations internationales
Fondée en 1941, l'ETI fête cette année ses 65 ans. Age respectable pour une institution qui s'est taillée, au fil des décennies, une réputation mondiale, grâce à sa participation à quelques-uns des grands événements du XXe siècle.

Sans Genève, l'ETI ne serait rien. Mais sans l'ETI, Genève ne serait pas tout à fait la même non plus… L'histoire de l'Ecole de traduction et d'interprétation est en effet fortement liée au développement de la Genève internationale. C'est tout d'abord la Société des nations, ancêtre des Nations unies, fondée à Genève au lendemain de la Première guerre mondiale, qui a fait naître une forte demande en traducteurs et interprètes dans la ville du bout du lac.

Mais c'est surtout lors du procès de Nuremberg, mis en place en novembre 1945 pour juger les crimes du nazisme, que l'ETI asseoira définitivement sa réputation (voir ci-dessous l'article de Marie-France Skuncke, ancienne professeure de l'ETI), les organisateurs du procès faisant appel à plusieurs traducteurs de l'ETI nouvellement créée pour accomplir cette tâche historique.

Aujourd'hui, l'ETI continue son œuvre pionnière, en développant notamment des outils informatiques pour la traduction. Un projet de logiciel de traduction simultanée pour les médecins recevant des malades de diverses langues est actuellement à l'étude. Lance Hewson, président de l'ETI depuis 2005, souhaite que l'Ecole développe son ancrage dans le monde du travail. Une recherche a ainsi été lancée sur l'évolution des métiers de traducteur. Le domaine de l'interprétation se renforce également, grâce à la création récente d'un Virtual Institute for Interpreter Training, un lieu d'échange et de documentation à la disposition des interprètes.

L'Ecole n'a pas non plus perdu ses liens privilégiés avec les organisations internationales. Un grand nombre d'enseignants de l'ETI sont également collaborateurs à l'ONU. Dans ses rapports au monde du travail, l'institution met l'accent sur l'économie et le droit, les deux secteurs offrant le plus de débouchés aux étudiants. Le domaine de la traduction littéraire ne représente qu'un petit pourcentage des activités de l'Ecole, mais pas des moins prestigieux, puisqu'elle accueille plusieurs écrivains parmi ses collaborateurs.

Les perspectives de développement sont nombreuses. Lance Hewson propose la création d'une filière en chinois langue passive à l'horizon 2007-2008. Comme quoi l'ETI continue de coller à l'Histoire…

Pour en savoir plus sur l'histoire de l'ETI:
> Marie-France Skuncke, Tout a commencé à Nuremberg
> Tanya Gesse, A Lunch with a Legend
> Benoît Kremer, sur l'Association internationale des interprètes de conférence
> Site de l'ETI

16 mars 2006
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