2006

Comment redonner aux jeunes le goût des études scientifiques?

 

Désaffection des filières scientifiques: les élèves du secondaires veulent savoir quels métiers ils trouveront en sortant de l’Université

photo: Manuel AlfredAlors que les étudiants des puissances émergentes comme l’Inde ou la Chine rivalisent d’ardeur pour pouvoir s'inscrire à des filières scientifiques, on observe depuis quelque temps le phénomène inverse dans le monde occidental. La Faculté des sciences de l’Université de Genève s’en préoccupe, pour une question de relève, et a organisé une série de conférences et de débats à ce sujet.

La première de ces réunions a eu lieu au mois de février 2006, en présence de divers responsables académiques, dont le secrétaire d'Etat à l'éducation et à la recherche, Charles Kleiber. La seconde a eu lieu le 29 septembre 2006, avec cette fois la participation d’enseignants en sciences des écoles secondaire de Suisse romande. Après les échanges de nature politique, il s’agissait, lors de cette dernière réunion, de discuter des mesures concrètes pouvant être prises en partenariat avec les écoles. Un troisième volet, axé sur l’emploi, est prévu avec des représentants de l’économie et des entreprises.

Pour Pierre Spierer, doyen de la Faculté des sciences de l’UNIGE et initiateur de ces rencontres, il ressort en effet des discussions qu’un effort tout particulier doit être fourni pour mieux faire connaître les perspectives d’emploi offertes par les études en sciences.

Contacts à développer avec les anciens étudiants
Lorsqu’on cherche à comprendre le désintérêt des jeunes, il serait tentant d’invoquer le lien, fait à tort selon la plupart des scientifiques, entre les sciences, telles que pratiquées dans les universités, la technologie, et les méfaits associés à cette dernière: armes nucléaires, pollution, etc. Le discours autour de l’emprise de la «techno-science» sur la société rencontrerait, dans cette optique, un large écho auprès des jeunes. Le fait que la désaffection touche particulièrement la physique et la chimie viendrait corroborer cette hypothèse.

"Nous y avons également pensé, relève Pierre Spierer, mais d’après ce que les enseignants du secondaire observent sur le terrain, c’est plutôt l’emploi qui préoccupe les élèves. Ils veulent savoir ce qu’ils pourront faire en sortant de l’Université. Voilà qui expliquerait aussi pourquoi les études de pharmacie et médecine continuent d’augmenter leurs effectifs".

Selon le doyen, il s’agit donc de mieux identifier et faire connaître les multiples métiers auxquels conduisent les études en sciences. Dans cette perspective, il est aussi impératif de développer les contacts avec les anciens étudiants de la Faculté.

La recherche en mallette
Parfois, les maîtres du secondaire ont tout bonnement besoin qu’on leur tende la perche pour éveiller l’intérêt des élèves. C’est, notamment, la démarche entreprise par Patrick Linder et Karl Perron de la Faculté de médecine, qui ont créé un «kit d’expériences de génétique» pour les classes du secondaire: une mallette que les enseignants peuvent emprunter et dans laquelle ils trouvent tous les outils pour montrer le côté captivant et ludique de la recherche qui se pratique dans les laboratoires.

Il est également ressorti des discussions que les cursus des collèges et gymnases devraient être actualisés pour mieux correspondre à l’état actuel de la science. Enfin, l’Université doit continuer à développer ses activités avec les écoles, via les différentes formes de cafés des sciences organisés par la Passerelle de l’Université et à travers des collaborations avec la télévision.

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17 octobre 2006
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