2007

Le rapport du GIEC, un outil pour les décideurs politiques

«Ca va chauffer!» Venant d’un climatologue, la boutade a de quoi faire rire… jaune.
Les derniers travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) confirment, en les affinant, les tendances observées depuis 15 ans par les scientifiques sur la réalité d’un réchauffement climatique et le rôle des activités humaines sur ce phénomène. L’adoption le 2 février 2007 à Paris d’un résumé «stratégique», et donc politique, du rapport du GIEC mettra la balle dans le camp des décideurs. Avec comme enjeu-clé: l’après-Kyoto.

«Si rien n’est fait, nous irons droit dans le mur», relève le professeur Martin Beniston, qui dirige la Chaire de climatologie de l'UNIGE. Vice-président du GIEC entre 1992 et 1997, il insiste sur l’importance de l’issue des négociations qui se tiennent à huis clos à Paris. Quelque 500 experts scientifiques, représentants gouvernementaux, d’ONG et des milieux économiques vont négocier chaque virgule, chaque tournure de phrase du document rendu public le 2 février par le GIEC.

«Adoptées par consensus, les conclusions scientifiques du rapport stratégique feront foi», explique le prof. Beniston. «A partir de là, les politiciens auront toutes les cartes en main pour agir». Du point de vue scientifique, le potentiel de frustrations inhérentes à ce processus est indéniable. Agendas politiques, économiques et environnementaux coïncident rarement.

Restent des signaux encourageants, selon le prof. Beniston, comme la négociation par les ministres de l’Union européenne d’une réduction de moitié de la production des gaz à effet de serre avec les pays partenaires de l’UE d'ici 2050, ou la visibilité donnée aujourd’hui aux rapports du GIEC. Signes qui démontrent que l’entrée récente mais retentissante de la question du réchauffement climatique sur la scène politique pourrait déboucher sur autre chose que du vent.

 

Un pavé dans la mare...

Six ans de travaux, 2500 scientifiques, experts et lecteurs, quelque 500 auteurs venant de 130 pays ont contribué au 4e rapport du GIEC, qui doit se lire comme l’état des connaissances scientifiques actuelles.Certitude avérée: les activités humaines sont en train de perturber le climat.

Le premier volume du rapport, discuté à Paris, traite des changements climatiques. L’UNIGE y a notamment contribué dans le domaine des extrêmes climatiques (canicules) et de l’impact des changements climatiques dans les régions de montagne.

Les 2e et 3e volumes devraient faire l’objet de nouvelles négociations «stratégiques», en mars et en mai. L’un s’intéresse aux effets des changements climatiques sur l’homme et la nature, l’autre propose des mesures ou des réponses à apporter à cette évolution.

Le GIEC a été créé en 1988 par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des nations unies pour l'environnement (PNUE).

Pour en savoir plus:

> Site de la Chaire de climatologie
> Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
> Le dossier de Campus sur les changements climatiques

1 février 2007
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