2007

Des chercheurs de l’UNIGE expliquent comment s’effacent les traces de la cocaïne dans le cerveau

Cocaïne et dépendances: une découverte de l'UNIGE ouvre une voie dans le traitement des addictions

Dès la première prise, la consommation de cocaïne et d’autres drogues addictives affecte la manière dont les neurones communiquent entre eux. Un phénomène réversible dans certaines conditions, comme l'a démontré il y a un an une équipe de l'UNIGE, dirigée par le prof. Christian Lüscher, de la Faculté de médecine. Il restait à comprendre le mécanisme permettant ce retour à la situation initiale, ce que la même équipe de recherche révèle aujourd'hui dans la prestigieuse revue Science.

Après avoir démontré, en avril 2006, la réversibilité des changements induits par la cocaïne au niveau de la zone cérébrale impliquée dans la perception de la récompense, l’équipe du prof. Christian Lüscher, du Département des neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine de l’UNIGE, révèle le mécanisme moléculaire permettant de restaurer une communication normale entre les cellules de souris exposées à la drogue.

Au-delà d'une espérance thérapeutique de traitement de l'addiction, une maladie qui touche quelque 9 millions de personnes en Europe, les travaux de Manuel Mameli et Bénédicte Balland, publiés dans Science, présentent l’élucidation d’un tout nouveau mécanisme de plasticité cérébrale.

Zoom sur les synapses
Dans le système nerveux, l’information circule sous forme de courant électrique. Cependant, au niveau de la jonction entre deux neurones, ou "synapse", la transmission de l’information de cellule à cellule se fait par l’intermédiaire d’un messager chimique, le « neurotransmetteur ». Ce dernier est libéré par le neurone « pré-synaptique » et se fixe sur des récepteurs spécifiques présents sur le neurone voisin ou « post-synaptique ». C’est au niveau de ces récepteurs, notamment dans une région du cerveau appelée « aire tegmentale ventrale », qu’agit la cocaïne. Cette drogue modifie ainsi durablement les propriétés de la transmission de l’information nerveuse dans cette région du système nerveux.

Le travail de l’équipe genevoise révèle qu’il est possible d’induire une redistribution des récepteurs et de rétablir une neurotransmission normale chez les souris exposées à la cocaïne. Il démontre également que, contre toute attente, ce retour à la normale dépend de l’insertion de nouveaux récepteurs qui sont fabriqués en l’espace de quelques minutes.

D’une pierre deux coups
Les travaux de l’équipe genevoise avaient pour but essentiel de progresser dans la compréhension du phénomène d’addiction, une maladie toujours incurable de nos jours, et qui représente, en Europe (Suisse incluse), un coût annuel de 55 milliards d’Euros. Les aléas de la recherche ont en outre mené à la découverte d’un mécanisme de plasticité cérébrale jamais identifié auparavant. C’est donc aussi un pas de plus dans la compréhension des capacités d’adaptation et de régénérescence du cerveau.

> Communiqué de presse

30 juillet 2007
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