2007

L'attente: calvaire ou aubaine?

attente

C’est l’Avent, le temps d’avant la Noël, temps d’attente, que l’on soit ou non chrétien-ne. Une tension s’installe, partout perceptible. L’attente, ce qui fait qu’on aspire, implique la patience et l’imagination. Comme lorsque l'on cherche.L’attente est aussi une pause, un état stationnaire, une suspension durant laquelle on envisage. Comme quand on étudie.


Vers quoi donc tendent ces personnes qui professent ou farfouillent à l’UNIGE? Comment chercher sans attendre ? Où trouver sans l’attente l’énergie nécessaire pour transmettre ses connaissances, ses méthodes, ses doutes?

Une archéologue, un philosophe, un historien des religions, une philosophe et un membre du Conseil de l’Université livrent ci-après ce qu’attendre évoque à leurs yeux.

Marie BESSE, prof. adj. d’archéologie, Faculté des sciences
«Ils ont attendu, d’autres attendront encore… Je veux parler des vestiges archéologiques du passé, restés enfouis parfois plusieurs millénaires sous nos pieds, sans même que nous le sachions. Et pourtant, au détour d’une construction d’un parking sous terrain ou d’une nouvelle voie de chemin de fer, les archéologues et les paléoanthropologues les ont identifiés, fouillés, analysés. Témoins de relations entre personnes, entre communautés, entre civilisations, les activités préhistoriques non seulement techniques, économiques et sociales, mais également symboliques et rituelles, sont le reflet de liens humains aussi riches et aussi complexes que ceux que nous entretenons entre nous aujourd’hui. Si Noël est une fête que les enfants affectionnent tout particulièrement de nos jours, les moments magiques d’intense communication entre les personnes remontent – à n’en pas douter – à la nuit des temps. Bonnes fêtes à toutes et à tous.»

Maurice-Ruben HAYOUN, prof. suppl. de philosophie, Faculté des lettres
«Comme la religion juive a inséré en son sein un noyau dynamique qui a nom le messianisme, certains historiens, au premier rang desquels je placerai Gershom Scholem, ont pensé que toute vie juive conséquente avec elle-même, était une vie en sursis, c'est-à-dire qu'elle repousse à plus tard les événements les plus marquants de son existence. En allemand, cela se dit “ein Leben im Aufsch”… Si cette attente ne prenait pas parfois un caractère tragique, elle pourrait prêter à rire. Là encore, les Allemands nous offrent le dernier trait de la sagesse humaine. Trop attendre peut conduire à la folie ou au ridicule: “Viel Warten macht manchen zum Narren”! Et pourtant, maintes fois, dans de nombreuses situations de la vie, il faut attendre, car attendre, c'est espérer des jours meilleurs. D'où l'expression française “l'espoir fait vivre”, qui est la traduction de l'allemand “hoffen lässt leben”.»

Philippe BORGEAUD, prof. d’histoire des religions, Faculté des lettres
«Quel bonheur d’avoir enfin la perspective d’un peu de temps pour attendre. De laisser reposer (quelques jours) les textes en retard, d’hésiter, de se reprendre, de réfléchir.

De pouvoir relire La poétique de la rêverie de Gaston Bachelard, par exemple…»

Angela LONGO, prof. adj. suppl. de philosophie, Faculté des lettres:
«Sur ce thème, je voudrais citer Cyrille de Jérusalem, un philosophe et théologien du IVe siècle après J.-C. : “Les descentes du Christ dans l'Histoire sont également au nombre de deux. Une première fois il est venu de façon obscure et silencieuse, comme la pluie sur une toison. Une seconde fois, il reviendra, dans la splendeur et la clarté, aux yeux de tous. Lors de sa première venue, il fut enveloppé et placé dans une tombe, lors de la seconde il s'habillera de lumière comme d'un manteau. Dans la première, il a accepté la croix sans refuser le déshonneur, dans l'autre il avancera escorté par la foule des anges et sera plein de gloire.”»

Jean-Jacques BONVIN, commis administratif au Conseil de l’Université
«Le problème n’est pas d’attendre mais de n’attendre rien puisque le foisonnement que l’on disait naturel est remplacé par le cheminement qu’on dit procédural mais qu’on dit naturel car les lois de l’économie sont aussi vissées dans les têtes que celles de la gravitation. Peut-on attendre qu’en jetant un corps au sol on le voie s’envoler hop?»

Pour conclure, on aurait attendu la réponse d’un-e physicien-ne sur le sujet. Pour l’année prochaine, peut-être ? Sans plus attendre, meilleurs souhaits à toutes et tous pour passer agréablement ces fêtes et cette entrée dans l’an nouveau!

20 décembre 2007
  2007