2014

Archiver ou ne pas archiver: l'obsession de notre temps

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Archiver est devenu l’obsession de notre temps. Que signifie-t-on en archivant ? Et qu’est-ce que l’archive du 21e siècle ? De nombreux chercheurs du monde entier tenteront de donner des réponses à ces questions, à l'occasion d’un colloque international organisé à Genève par la Maison de l’Histoire et qui réunira des historiens et archivistes du 19 au 21 juin prochains.

Depuis quelques années les archives sont au centre de débats, de controverses et de préoccupations diverses qui ont largement débordés les milieux patrimoniaux et historiques. Les discussions autour des archives sont justifiées par le fait que tous les secteurs de la société semblent être touchés par la «fièvre de l’archive» (expression de Jacques Derrida). Tout devient archive, est archive, et l’archive parait ainsi retrouver son sens physique et ontologique pour désigner l’originaire, le commencement, le primitif ou encore le matériau brut, alors qu’au cours de l’histoire, l’archive s’est élaborée dans le développement de pratiques spécifiques.

FRAGILITÉ DES SUPPORTS

S’interroger à propos des archives est encore plus important à l’ère de la révolution numérique, où l’archive se confronte à la fragilité des supports. Selon les époques et la diversité des objets d’études, les archives ont recoupé des matérialités multiples liées aux sociétés dont elles sont l’émanation. Les actions humaines produisent des traces diverses: matériel archéologique, inscriptions anciennes, papyrus, manuscrits, terriers médiévaux, correspondances, imprimés, iconographie, photographie, cinéma et, depuis peu, documents numériques. Dans notre société informatisée l’«archive numérique» redéfinit la matérialité de l’archive et nous contraint à renouveler les approches. La conversion numérique semble réduire l’archive à de nouvelles expressions virtuelles en lui conservant cependant une matérialité informatique réelle.

LACUNES ET MANIPULATIONS

Paradoxalement, la fragilité, l’incertitude des supports, mais aussi l’accélération et l’obsolescence de l’information qui circulent sur les réseaux ont renforcé la focalisation sur l’archive. La numérisation dématérialise l’archive et remet en cause la notion de fonds d’archive; le retour du témoignage et les revendications mémorielles interrogent les limites d’un savoir historique fondé sur des archives lacunaires et manipulées.

CONTRIBUTION À LA PRODUCTION DE SAVOIRS NOUVEAUX

Ces contraintes dues à la modernisation continuelle prennent place dans des lieux de production des savoirs (académies, universités, bibliothèques, laboratoires de recherche, etc.), qui utilisent et produisent leurs propres archives. Les enjeux des patrimoines archivistiques des grands établissements universitaires sont donc autant scientifiques qu’institutionnels, mais aussi patrimoniaux. De fait, les archives contribuent à accroître le patrimoine intellectuel et enrichir les ressources scientifiques et, ainsi, à produire du savoir nouveau. Oscillant entre histoire, mémoire et commémoration, les relations entre l’archive et le savoir sont complexes. Dans un moment de transformations rapides des savoirs, face à l’obsolescence accélérée de certains supports, il importe d’interroger ces liens.


Archives des savoirs
Colloque international
UNI MAIL
DU 19 AU 21 JUIN

POUR EN SAVOIR PLUS

12 juin 2014
  2014