2018

Décès du professeur de droit Andreas Auer

Professeur honoraire et ancien doyen de la Faculté de droit, Andreas Auer est décédé vendredi dernier à l’âge de 70 ans. Spécialiste du droit constitutionnel, matière qu’il enseignait à l’UNIGE, il dirigeait également le Centre d'étude et de documentation sur la démocratie directe (C2D) de Genève.

Andreas Auer avait été le principal instigateur du projet de révision de la constitution genevoise dans les années 2000. Cette révision avait été acceptée en 2012 en votation populaire par 54% des votants. La nouvelle constitution est entrée en vigueur le 1er juin 2013.

Notice biographique

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Conférence d’adieu du professeur Auer, le 14 mars 2008 sur le projet de nouvelle constitution genevoise

 
Andreas Auer s'est éteint, article publié dans Le Temps du 8 décembre 2018

L'éminent prof de droit Andreas Auer est mort, article paru dans la Tribune de Genève du 10 décembre 2018


Hommage à Andreas Auer

Originaire des Grisons, Andreas Auer a accompli ses études universitaires à Neuchâtel. Lui qui se destinait, à l’origine, à l’étude des sciences de la terre fut conquis par l’intérêt que présente le droit constitutionnel en suivant les enseignements du professeur Jean-François Aubert. C’est d’ailleurs avec ce dernier qu’il rédigera, en 1975, sa thèse de doctorat, sur la déségrégation raciale dans les écoles aux Etats-Unis. Le choix de ce sujet préfigure l’engagement et l’œuvre académique du futur professeur de droit: la démocratie et la Constitution, bien sûr, mais aussi le rôle du juge dans son processus d’interprétation, la protection des minorités et les droits fondamentaux dans un contexte fédéraliste.

Nommé professeur ordinaire à la Faculté de droit en 1980, Andreas Auer a enseigné à l’Université de Genève jusqu’en 2008. Durant toutes ces années, nous l’avons vu s’illustrer par une approche critique et prospective du droit constitutionnel, n’ayant de cesse de mettre en évidence le contexte sociopolitique et idéologique qui imprègne l’adoption et l’application des normes. En 1983 déjà, il livre aux praticiens et aux théoriciens du droit une somme monumentale, rapidement devenue un classique de la littérature juridique, sur la juridiction constitutionnelle en Suisse L’année suivante, le rapport qu’il présente devant la Société suisse des juristes sur les problèmes fondamentaux de la démocratie en Suisse frappe par son intelligence critique et son caractère visionnaire.

Au prix d’une force de travail impressionnante, Andreas Auer a visité, commenté et analysé la quasi-totalité des chapitres du droit constitutionnel suisse. L’étude de la démocratie restera néanmoins l’un de ses sujets de prédilection. En témoigne l’ouvrage, original et fondateur lui aussi, qu’il a publié en 1978 déjà sur les droits politiques dans les cantons. L’étude du droit comparé et de ses perspectives d’ouverture ne resteront, cela étant, jamais éloignés du champ de ses recherches. En 1989, il publie par exemple un ouvrage remarquable consacré à l’étude du référendum et de l’initiative populaires aux Etats-Unis. Quelques années plus tard, il fondera, à l’Université de Genève, un Centre d’études et de documentation sur la démocratie directe.

L’œuvre doctrinale impressionnante qu’a publiée Andreas Auer ne saurait occulter l’enseignant et le collègue, modèles à tous égards. Andreas avait la passion de partager, d’échanger et de faire connaître. Ses cours ne manquaient jamais de la pique, de l’acuité ou de l’étincelle critique, parfaitement motivée, en vue de susciter l’intérêt des étudiants et de faire progresser leurs connaissances. Le collègue s’est illustré par l’engagement sans faille qu’il a témoigné au service de la Faculté durant près de trente ans. En témoignent l’introduction d’un certificat de droit transnational dans l’offre des cours, la mise en place d’une structure permettant l’accueil à Genève d’étudiants formant la relève d’universités africaines ou encore, durant son décanat (2000-2003), la création du Centre universitaire de droit international humanitaire.

Nous pleurons la disparition de notre collègue et ami, mais gardons le souvenir d’une personnalité attachante et lumineuse. A son épouse et à ses enfants, nous présentons nos sincères condoléances et les assurons de notre vive sympathie.

GIORGIO MALINVERNI
Professeur honoraire de l’Université de Genève

MICHEL HOTTELIER
Professeur à l’Université de Genève

Cet Hommage est paru dans l’édition du jeudi 13 décembre 2018 du journal Le Temps

 

10 décembre 2018
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