16 septembre 2021 - Melina Tiphticoglou

 

Événements

La décolonisation du patrimoine culturel a commencé

Un colloque de droit international se penche sur la question des biens culturels africains spoliés durant la période coloniale. Les obstacles à la restitution et les solutions à disposition seront notamment évoqués.


 

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Détail de masque, Baulé, Côte d'Ivoire, Afrique, sculpté sur bois. Image: D. Totilca/Alamy Banque d'images

 

Depuis 2017, la question de la restitution des biens culturels soustraits durant la période coloniale est devenue brûlante. Non seulement pour les musées des anciens pouvoirs coloniaux comme la France, l’Allemagne ou les Pays Bas, mais aussi en Suisse. Nombreuses sont les interrogations qui se posent autour de ce sujet à l’interface entre droit international, diplomatie culturelle, histoire, éthique et mémoire collective. Elles seront au centre d’un colloque international de deux jours. En ouverture, le jeudi 23 septembre à 18h15, Souleymane Bachir Diagne, professeur de français et de philosophie à l’Université de Columbia à New York, donnera une conférence intitulée «Les objets d’art africains et leurs traductions». Le lendemain, des personnalités issues des musées, du milieu académique, du monde politique et des organisations internationales se succèderont pour revenir sur l’historique des spoliations coloniales et analyser les obstacles à la restitution, ainsi que les solutions qui sont à la disposition des États africains et des peuples autochtones désireux de récupérer leur patrimoine culturel. L’événement est organisé par le Département de droit international public et organisation internationale de la Faculté de droit et la Chaire UNESCO en droit international des biens culturels, dirigée par Marc-André Renold, également directeur du Centre universitaire en droit de l’art. Le point en trois questions.

 

LeJournal: Ces dernières années, la restitution des biens culturels soustraits durant la période coloniale est devenue un sujet d’actualité. Qu’est-ce qui a initié ce mouvement?
Marc-André Renold: En 2017, le Président français Emmanuel Macron, de passage à l'Université de Ouagadougou, déclare que les biens culturels doivent être restitués aux États africains victimes de la colonisation. C’est un tournant, car c’est la première fois qu’un chef d’État s’exprime de manière aussi catégorique sur le sujet. Depuis lors les musées européens, en particulier français, ont dû réévaluer en profondeur leurs collections.

Ce changement de paradigme a-t-il conduit au retour de certains objets?
Oui, quelques-uns ont été restitués, mais ils restent relativement peu nombreux. Pour le moment, il n’y pas à proprement parler d’obligation juridique. Cette question relève bien plus de la morale et peut se résoudre en recourant à la diplomatie culturelle. Parmi les États les plus directement concernés, l’Allemagne se montre très proactive, tandis qu’au Royaume-Uni, même si le débat existe, les choses avancent moins vite.

Le colloque servira de lancement à un projet portant sur la diplomatie en matière de patrimoine culturel. De quoi s’agit-il?
D’une plateforme lancée par notre Chaire UNESCO à l'Université de Genève. Nous avons acquis une certaine expertise en la matière que nous souhaiterions mettre à profit pour conseiller et accompagner celles et ceux qui souhaiteraient déposer des requêtes: savoir où s’adresser, comment procéder et par quels moyens, quelles réponses espérer, quelles solutions trouver, etc. On s’intéresse souvent à des œuvres emblématiques, mais de nombreux objets ont une grande signification culturelle sans pour autant être de haute valeur financière. Notre plateforme servira aussi dans ce type de situations.

LES OBJETS D'ART AFRICAINS ET LEURS TRADUCTIONS
Conférence inaugurale par Souleymane Bachir Diagne

Jeudi 23 septembre 2021 | 18h15
Uni Dufour, 24 rue du Général-Dufour, 1205 Genève

 

DECOLONIZING HERITAGE - THE RETURN OF CULTURAL OBJECTS TO AFRICA: AN INTERNATIONAL LAW PERSPECTIVE
Colloque international

Vendredi 24 septembre | 9h30 - 18h15
Auditorium Arditi, 1 avenue du Mail, 1204 Genève

 

Événements en présence ou en direct en ligne, sur inscription avant le 19 septembre 2021.

Pour en savoir plus


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