30 mars 2022 - UNIGE

 

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Dialogue entre les présidents croate et suisse à l’UNIGE

L’Université de Genève accueille les présidents croate, Zoran Milanović, et suisse, Ignazio Cassis, pour un dialogue sur les enjeux de sécurité en Europe et la neutralité suisse.

 

 

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Les bouleversements géopolitiques de l’après-guerre froide ont replacé la notion de «communauté de sécurité» au cœur de l’Europe. Depuis la guerre en ex-Yougoslavie (1991-2001), l’interdépendance croissante comme la vulnérabilité face à un environnement international plus instable, ont amené une reconfiguration en profondeur des perceptions et des politiques européennes en matière de sécurité. Plus concrètement, de nouveaux enjeux sont apparus comme autant de «menaces à la sécurité» qui, loin de relever de l’univers traditionnel des relations inter-étatiques, s’inscrivent plutôt dans les structures sociales ou économiques, comme le crime organisé, les migrations ou la dépendance énergétique.

 

Pour autant, avec le choc occasionné par la guerre en Ukraine, d’anciennes fractures réapparaissent au sein de cet espace européen «de liberté, de sécurité et de justice». Dans les Balkans, la Bosnie-Herzégovine craint par exemple de voir s’ouvrir un «second front», tandis que la Serbie essaie de s’en tenir à une impossible «neutralité». Pourtant, dans la capitale serbe, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à l’appel de la «Brigade populaire» (Narodna Brigada) et d’autres groupes d’extrême droite en proclamant que «les soldats russes défendent l’Europe du fascisme».

 

Demandes d'adhésion en cascade

Au Monténégro, ce sont les divisions internes qui rejaillissent. En effet, l’opposition pro-serbe a appelé des centaines de personnes à défiler derrière une banderole faisant le parallèle entre «les Serbes au Monténégro et les Russes en Ukraine» qui seraient pareillement «discriminé-es». Enfin, après les demandes déposées par l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie, le Kosovo rappelle que lui aussi vise l’adhésion à l’Union Européenne (UE).

En devenant ainsi le point focal d’un nouvel équilibre en train de se dessiner, l’UE voit surgir un fantôme du passé, celui de la guerre froide qui fait son grand retour pour décrire deux réalités. Tout d’abord, les conflits d’intérêts opposant la Russie, d’un côté, l’UE, les États-Unis et leurs alliés de l’autre. Ensuite, pour faire référence à l’usage offensif que la Russie fait de son soft power, en l’érigeant au rang des principaux leviers de sa puissance. Précisément, la Russie a su jouer de l’arme diplomatique comme ce fut le cas le 16 juin 2021, en acceptant ce sommet russo-américain à Genève avec Joe Biden.

L’équilibre européen qui se redessine autour de l’UE et de l’OTAN prend une dimension toute particulière pour les membres les plus récents. C’est le cas de la Croatie, qui est membre de l'OTAN depuis 2009 et de l'Union européenne depuis 2013. Pour d’autres pays, comme l’Allemagne, on note une rupture avec des décennies de politique étrangère, en envoyant des armes aux Ukrainien-nes et en s’engageant à hausser son budget militaire pour faire face à la menace russe. De même pour la Finlande et la Suède, qui vont envoyer des armes en Ukraine et qui songent à intégrer l’OTAN.

 

Une neutralité évolutive?

Pour la Suisse, la guerre en Ukraine marque aussi une évolution de sa politique de neutralité. Dans ce contexte, la carte des bons offices est-elle toujours jouable? Dans cette partie de poker-menteur à laquelle s’est livrée la Russie depuis plusieurs décennies avec la communauté internationale, avant d’intervenir militairement en Ukraine, comment le multilatéralisme et ses arènes, peuvent-ils trouver un nouveau souffle?

La Suisse est-elle prête à jouer une carte qui pourrait marquer l'histoire, en relançant simultanément son dialogue avec l’UE et en proposant sa médiation à la communauté internationale dans le conflit ukrainien?

Les présidents croate et suisse se livreront à un dialogue avec la communauté estudiantine de l’Université de Genève, pour esquisser quelques pistes face à ce double enjeu que fait peser la guerre en Ukraine sur la sécurité en Europe et la neutralité suisse.

Enjeux de sécurité en Europe et neutralité suisse

Dialogue entre le président croate, Zoran Milanović et le président suisse, Ignazio Cassis

Dans le cadre du cours d'introduction aux relations internationales (Global Studies Institute)

Jeudi 7 avril | 14h | Uni Dufour

Événement public


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