6 octobre 2022 - Alexandra Charvet

 

Vie de l'UNIGE

L’UNIGE sur le chemin de la sobriété énergétique

Pour faire face au risque de pénurie et conformément au plan d’action du Conseil d’État en matière d’économies d’énergie, l’UNIGE a élaboré son propre plan de sobriété volontaire pour l’hiver à venir.

 

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Parmi les écogestes individuels que chacun-e peut mettre en place, le choix des escaliers plutôt que de l'ascenseur. Photo: J. Erard/UNIGE


Réduction de la température dans les locaux, suppression de la distribution d’eau chaude où cela est possible, extinction de l’éclairage nocturne: telles sont les principales mesures que l’Université a prises afin de protéger les activités essentielles de l’institution face aux menaces sur l’approvisionnement en gaz et en électricité pour l’hiver prochain. Ces mesures institutionnelles sont complétées par une incitation à adopter une série de gestes simples qui s’adresse à l’ensemble de la communauté académique et qu’on peut retrouver sur un site web dédié. Entretien avec Fabrice Calame, responsable des objectifs de développement durable à l’UNIGE et conseiller au Rectorat pour les questions énergétiques.


LeJournal: Comment les mesures prises aujourd’hui s’inscrivent-elles dans le plan de transition énergétique de l’UNIGE?
Fabrice Calame:
Ces mesures sont liées à l’urgence énergétique actuelle mais certaines vont servir de test grandeur nature afin d’évaluer ce qui pourra perdurer au sein de l’institution. Il ne va pas toujours être possible de les maintenir dans leur globalité, en particulier celles qui concernent l’éclairage nocturne. À l’issue de la période hivernale, nous serons en mesure de savoir ce qui peut être éteint, ce qui peut être réduit et ce qui doit rester allumé. Les mesures mises en place permettront aussi de sensibiliser les membres de la communauté universitaire à leur consommation individuelle, avec un impact qu’on espère pérenne. C’est également un bon test sur l’acceptabilité de certaines mesures que nous voudrions maintenir ou introduire.

Certaines de ces actions auraient-elles pu être établies sur le campus de façon plus précoce?
C’est parfois le cas, mais il faut savoir que nous sommes confrontés à des obstacles techniques, chacun des bâtiments ayant sa propre logique de fonctionnement. Certains sont en effet pilotés automatiquement, d’autres sont gérés manuellement. En ce qui concerne l’éclairage nocturne, il suffit parfois de régler une horloge, alors que dans d’autres cas c’est le système électrique complet qu’il faut modifier. Le changement récent des luminaires d’Uni Dufour a, par exemple, rendu possible un mode de fonctionnement automatique qui permet de piloter l’éclairage de manière précise par zone, ce qui n’est pas encore faisable sur de nombreux autres sites. Il y a aussi des contraintes réglementaires et un arbitrage à mener entre économies d’énergie et sécurité.

L’UNIGE a annoncé qu’elle allait accélérer ses investissements en matière d’efficience énergétique. Dans quelle mesure?
Nous devons d’abord accélérer notre compréhension de la situation, ce qui implique une analyse fine de la consommation par bâtiment afin de déterminer les sources de réduction possible. À l’heure actuelle, les parts d’énergie liées à notre activité propre (infrastructures scientifiques, administratives et d’enseignement) et celles liées à la technique du bâtiment (chaud, froid, ventilation) ne sont pas toujours connues. Dans les bâtiments scientifiques, l’impact des activités et de l’équipement doit être évalué, nous pourrons alors entrer dans une logique d’efficience en partenariat avec les collaborateurs/trices de la recherche. Nous pourrions envisager la mutualisation de certains équipements ou leur arrêt automatique la nuit. Sur beaucoup de points, en particulier le chauffage, nous sommes cependant dépendants de l’Office cantonal des bâtiments. Si nous ne pouvons pas accélérer le remplacement des fenêtres par exemple, nous pouvons continuer nos discussions avec l’État pour que ces investissements figurent dans ses priorités. Une stratégie de développement est en train de se dessiner pour le campus, qui inclut la rénovation des bâtiments et la mise en place d’éléments de durabilité, notamment la production de solaire.

À cet égard, comment l’UNIGE envisage-t-elle de réduire sa dépendance aux énergies fossiles?
Plusieurs réalisations ont vu le jour récemment. Les bâtiments des Sciences viennent d’être connectés au réseau de chauffage à distance du canton. Bien que ce dernier soit encore alimenté par des énergies fossiles, il devrait passer au renouvelable dans le futur. Une pompe à chaleur a par ailleurs été installée à Uni Dufour afin de récupérer la chaleur générée par le parc de serveurs et il est également envisagé de récupérer la chaleur de l’air extrait des laboratoires au CMU. Les investissements lourds nécessaires pour modifier les installations de chauffage ou isoler les bâtiments, qui ne sont pas sous notre responsabilité, prendront sans doute davantage de temps à se concrétiser, mais ils auront un très fort impact. Au moment où la chaudière alimentant le CMU, pilotée par les HUG, passera au renouvelable, l’empreinte carbone globale de l’UNIGE sera réduite instantanément de 10 à 15%.

De nouvelles mesures de télétravail auraient-elles un impact sur la consommation globale de l’institution?
Oui, mais essentiellement à moyen–long terme, dans la mesure où cela pourrait permettre de rationaliser les espaces à chauffer et d’éviter la construction ou la location de nouveaux bâtiments. En ce qui concerne la situation immédiate, l’impact attendu ne se justifie pas face aux conséquences que cela aurait sur notre fonctionnement.

Est-ce que le dispositif mis en place suffira à affronter la crise?
Les actions mises en place cette année sont des mesures de solidarité globale au niveau de la Suisse, voire de l’Europe. La somme des efforts communs vise à passer l’hiver sans incidents. Toutefois, si les phases suivantes du plan du Conseil fédéral devaient être activées, nous serons peut-être contraint-es de prendre des mesures complémentaires, voire de stopper certaines activités. Enfin, il faut rappeler que ces mesures sont une réponse à la crise d’approvisionnement immédiate, mais elles sont largement insuffisantes et parfois inadaptées à l’urgence liée à la crise climatique et environnementale. Dans ce domaine, nous avons encore un gros travail devant nous.

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