Campus n°151

«Tessa», le logiciel qui planifie le chaud et le froid

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Fruit de plusieurs années de recherche et d’au moins quatre thèses de doctorat au sein du Groupe d’efficience énergétique dirigé par Martin Patel, professeur à l’Institut des sciences de l’environnement (ISE, Faculté des sciences), Tessa est un outil qui devrait faire rêver n’importe quel décideur ou fournisseur d’énergie d’une petite collectivité. Ce simulateur permet en effet d’automatiser la planification d’un réseau de chauffage ou de refroidissement à distance et à faible émission de carbone n’importe où en Suisse. Il calcule instantanément la viabilité technique et financière ainsi que les avantages environnementaux d’un système donné. Il permet surtout d’accomplir en moins d’une semaine ce qui prend aujourd’hui encore des mois à réaliser.
«Tessa est une solution plus rapide, plus efficace, plus précise et plus rentable que les méthodes classiques de planification, confirme Jonathan Chambers, maître-assistant à l’ISE. Elle s’adresse à de petites communautés, des communes ou des petites villes qui n’ont pas les moyens administratifs ni les compétences techniques de la Ville de Genève, par exemple, pour se doter d’un système de chauffage ou de refroidissement collectif. Des projets de ce type, il y en avait un par an en Suisse il y a quelques années seulement. Maintenant, avec la crise énergétique, ils se comptent par dizaines.»
La plateforme Tessa est typiquement destinée à des ensembles d’une centaine de bâtiments qu’on relierait à un réseau à distance puisant son énergie à l’aide d’un champ de quelques dizaines de sondes géothermiques de faible profondeur nécessitant des forages modestes. Grâce aux progrès technologiques dans ce domaine, on peut désormais, avec le même dispositif, délivrer du chaud en hiver et du froid en été. Il est même possible de stocker l’excédent de chaleur de la belle saison en réinjectant de l’eau dans les profondeurs où elle conserverait les précieuses calories (tout en en gagnant d’autres) jusqu’aux premiers frimas.
«Notre plateforme, qui est au stade de prototype et n’est pas encore disponible en ligne, fonctionne grâce à une base de données comprenant des informations sur tous les bâtiments de Suisse et en particulier sur les quelques dizaines de milliers qui disposent d’un Certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB), explique Jonathan Chambers. Ce document, qui suit les mêmes codes couleur que pour la qualification écologique des appareils électroménagers, renseigne sur l’état de la construction, de sa consommation d’énergie, sur les améliorations à apporter, etc. Tessa contient également des données sur les ressources géothermiques du sous-sol helvétique ainsi que sur l’emplacement des centrales d’incinération des déchets, des stations d’épuration des eaux usées et de toutes les installations qui peuvent servir à la mise en place d’un réseau de chauffage et/ou de rafraîchissement.»
Le programme facilite le déploiement de nouveaux systèmes ainsi que la mise à niveau et l’expansion rapides des systèmes existants. Il peut aussi évaluer s’il est préférable d’améliorer l’offre de chaleur ou de réduire la consommation des bâtiments. Bref, il simplifie énormément le processus de décision.
Après de bons retours d’expérience auprès de quelques projets tests confidentiels, la mise au point du simulateur Tessa, qui a aussi bénéficié des compétences et du soutien du groupe Systèmes énergétiques dirigé par Pierre Hollmuller, chargé de cours à l’ISE, devrait déboucher sur la création imminente d’une start-up, Planeto, visant à commercialiser le produit.