Expositions de l'UNIGE

Être aîné-e LGBTIQ+

Des besoins négligés

De nombreuses études à travers le monde considèrent qu’il y a entre 5% et 10% de personnes LGBTIQ+ en zone urbaine (1): on peut donc estimer qu’entre 4000 et 8000 personnes LGBTIQ+ de plus de 65 ans vivent dans le canton de Genève. Avec l’augmentation du nombre de personnes âgées, ce chiffre devrait doubler d’ici à 2040. Pourtant, les aîné-e-s LGBTIQ+ semblent invisibles, aux yeux du grand public et des autres aîné-e-s, mais aussi des professionnel-le-s de la vieillesse. Leurs besoins sont méconnus, voire négligés, ce qui peut avoir des conséquences graves en termes de prise en charge.

Projet Aîné.e.s LGBT:
une enquête-action sur les plus de 55 ans à Genève

Pour pallier cette méconnaissance, la Ville de Genève a sollicité l’association 360 pour comprendre les besoins de la population des personnes LGBTIQ+ de plus de 55 ans et pour faire un état des lieux du dispositif institutionnel et associatif genevois. Ce mandat a donné lieu à une pré-enquête parue en 2017 qui dégage les spécificités de cette population. Au niveau de leur vie sociale, les seniors LGBTIQ+ ont bien moins de proches-aidant-e-s (rejets familiaux, absence d’enfants et/ou célibat plus fréquent) et sont davantage touché-e-s par la précarité économique (9.1% chez les lesbiennes, 4.9% chez les gays contre 4.6% dans la population générale).
Par ailleurs, les besoins de santé des personnes LGBTIQ+ diffèrent de ceux de la population générale. Pour les personnes trans*, les études révèlent notamment une méconnaissance du personnel soignant dans ce qui a trait à la prise d’hormones. Les aînés gays sont plus touchés par le VIH que les aînés hétérosexuels. Enfin, les aînées lesbiennes cumulent les fragilités: elles ont un suivi gynécologique généralement plus faible que les femmes hétérosexuelles, avec des conséquences sur le long terme.
Les vieillesses sont multiples et doivent être considérées dans leurs spécificités. Il est primordial que les collectivités, les institutions et les associations s’investissent pour mieux intégrer toutes les populations. Si les personnes LGBTIQ+ ne sont pas vulnérables en soi, elles le deviennent en fonction du contexte. L’amélioration des pratiques à l’égard des aîné-e-s LGBTIQ+ comme la levée des tabous autour de la sexualité, une meilleure formation du personnel sur ces questions ou encore le renforcement des associations et institutions sociales concernées bénéficieront à l’ensemble des seniors, quelles que soient leur orientation sexuelle et leur identité de genre, notamment par une meilleure prise en compte de leurs besoins relationnels et sexuels.

(1) Enquête «Contexte de la sexualité en France» (CSF), 2007


MIGUEL LIMPO, chargé de projet Aîné.e.s LGBT Genève

4 oct. 2018

Savoirs LGBTIQ+