Expositions de l'UNIGE

Homophobie, biphobie, transphobie et sexisme au travail

Dans le monde du travail, les décisions de l’employeur-euse et les collaborations entre employé-e-s doivent dépendre de critères professionnels. Il y a discrimination lorsque ces décisions et ces collaborations dépendent de caractéristiques d’ordre personnel (sexe, apparence physique, vie privée, nationalité, religion…). Plus généralement, peut être considéré comme discriminatoire tout ce qui s’oppose au bien-être au travail ou à la progression professionnelle d’une catégorie d’employé-e-s, tel qu’un climat de travail défavorable du fait de stéréotypes négatifs (p. ex. les personnes homosexuelles sont des prédatrices sexuelles pour leurs collègues), de blagues, d’insultes (p. ex. fiotte, gouine, travelo), ou du présupposé que la vie privée de tout-e employé-e correspondrait à la configuration d’une vie en couple hétérosexuel.

Des comportements discriminatoires récurrents

Une enquête conduite en 2014 à l’Institut des études genre de l’UNIGE auprès d’un échantillon de 1097 personnes LGBT en Suisse a révélé que 70% d’entre elles ont été témoins, au cours des trois années précédentes, de comportements discriminatoires allant des blagues et clichés aux agressions et harcèlement moral ou sexuel, en passant par des mises à l’écart et d’autres formes de stigmatisation (p.ex. révélation publique de l’homosexualité d’une personne sans son consentement [outing]). Les discriminations les plus souvent vécues par les répondant-e-s sont les propos et gestes obscènes, l’étiquetage en raison de l’expression de genre ou de l’orientation sexuelle, l’outing et le harcèlement sexuel.

L’ordre de genre – un ordre discriminant

Ces discriminations reposent sur un ordre symbolique – un ordre de genre – qui peut être qualifié d’hétérosexiste et cis-sexiste du fait qu’il englobe des préjugés et des attitudes qui confortent la domination masculine, la prétendue supériorité de l’hétérosexualité et la conformation obligatoire au sexe assigné à la naissance. Il produit à la fois des différences négativement marquées (p. ex. l’homosexualité comme déviance, la féminité comme infériorité, la transidentité comme imposture) et des catégories sociales dont les membres sont désavantagés (p. ex. les femmes sur le marché du travail, moins rémunérées et moins souvent promues que les hommes) et/ou stigmatisés (p. ex. les hommes homosexuels qualifiés de «tapettes», les couples homoparentaux perçus comme anormaux, voire dangereux pour le développement des enfants). Homophobie, transphobie et sexisme sont donc les produits d’une même logique et d’une même structure de discrimination genrée.


LORENA PARINI politologue
MARILÈNE VUILLE, sociologue

4 oct. 2018

Savoirs LGBTIQ+