Enseignements de niveau Bachelor, Master ou Doctorat

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I - Séminaire : 2h par semaine/semestre d’automne 2021 (34L4093) Le jeudi 14h-16h, Uni Bastion, B216

II - Atelier d’écriture performative : fictions féministes contemporaines:  3h30 par semaine/semestre de printemps 2022 (34L4094) Tous les 15 jours le jeudi 14h-16h, Uni Bastion, B216 et le vendredi 12h-15h, Les Philosophes 206

Enseignantes responsables de la formation: Agnes Vannouvong, Chargée de cours à l'UNIGE; Yasmina Foehr-Janssens, Professeure ordinaire à l'UNIGE

Contacts: agnes.vannouvong(at)unige.ch; yasmina.foehr(at)unige.ch

Aux États-Unis, dans les années 90, Butler publiait Gender trouble et Sedgwick, Epistemology of the closet. A l'évidence, elles avaient lu les auteur.e.s de la French Theory - notamment Wittig à laquelle elles se réfèrent souvent. Dans l'histoire de l'épistémologie féministe, on pourrait parler d'un avant et d'un après Wittig. Aussi, de quoi l'héritage de Wittig est-il le nom ? Que disent la littérature contemporaine et la théorie à son sujet ?
Le contexte a son importance. Dès 1968, Wittig pense le mouvement féministe à venir et cherche à rompre avec le « contrat hétérosexuel » . La lecture biographique a aussi son importance pour comprendre certains enjeux. En effet, l'ancrage états-unien de Wittig est déterminant, surtout quand on sait combien les Etudes Genre sont liées à un phénomène de transfert culturel et linguistique. Ainsi, serait-il intéressant d'interroger les raisons profondes de cet exil américain. Pourquoi quitter sa patrie et changer de langue ? L'environnement détermine-t-il l'écriture ?
Le discours politique contemporain pointe les effets d'invisibilisation des minorités sexuelles. On parle de « savoir gay » alors pourquoi pas d'un « savoir lesbien » ? Les sous-représentations avalent le silence et conduisent à l'isolement. Aussi, la critique littéraire, la littérature, la performance ont plus que jamais un rôle à jouer. Avec L'Opoponax, Les Guérillères, Le Corps lesbien, La pensée straight, Wittig fait son entrée en littérature. Comme elle l'explique dans Le Chantier littéraire, le travail de l'écrivain consiste à construire un « Cheval de Troie », métaphore guerrière qui inscrit d'emblée l'écriture en territoire ennemi. L'écriture est fondamentalement politique. Telle une machine de guerre formelle qui subvertit les conventions littéraires et sociales. De la théorie à la fiction ' l'enseignement s'articule autour de trois pôles : la théorie, la fiction et la création.
Flyer du cours

Objectifs du cours

  • Tisser les liens entre l’enseignement et la création artistique – dans le souci d’une démarche transdisciplinaire.
  • Établir une interface entre l’Université et la Cité. L’alliance du séminaire et de l’Atelier d’écriture performative a pour vocation de diffuser, transmettre et élargir un savoir autour des problématiques sexualité et genre chez Wittig. Le volet artistique propose une expérimentation collective, une médiation, un dialogue avec la Cité.
  • Comprendre comment la pensée de Monique Wittig – grande figure du féminisme matérialiste français – est pionnière dans la littérature féministe contemporaine. Sa réflexion sur la fragmentation du sujet, la déconstruction et la sexualité permettra d’appréhender différemment le genre dans la production artistique contemporaine. Corps, corpus et geste – fiction, création et théorie seront au cœur du processus d’enseignement et de création.

Objectifs pédagogiques visés

Les étudiant.e.s seront capables de :

  •  définir les caractéristiques principales des études de genre
  •  maîtriser les concepts clé chez Wittig (« catégorie de sexe », « patriarcat », « hétérocentrisme », « fugitive », « lesbienne », « femme marron », « marxisme » etc. )
  • dégager les idées maîtresses qui soutiennent La Pensée straight et décrire les fondements de l’argumentation qui amène Wittig à penser que « les lesbiennes ne sont pas des femmes »
  •  formuler les questions qu’elle soulève en termes de masculin et de féminin
  •  exposer les spécificités apportées à cette théorie par divers auteur.e.s contemporains
  •  analyser les auteur.e.s à partir de notions clés : la sexualité, le corps, la norme, le pouvoir
  •  comparer et contraster les auteur.e.s contemporains avec les travaux de Wittig
  •  établir des connexions entre le mouvement #metoo et les Études genre

Conférences & invités

7 octobre

Ilana Eloit (Institut des sciences sociales & Centre en Etudes Genre, Lausanne)
« La théorie et l'épistémologie lesbienne de Monique Wittig : pour une histoire critique du Mouvement de libération des femmes » 

4 novembre

Audrey Lasserre (Université catholique de Louvain)
« Wittig et l’histoire littéraire »

Mercredi 24 novembre | 14h15 à 16h
Uni Bastions, salle B302
L’accès est libre et toute personne intéressée est la bienvenue.

Sam Bourcier (Université Lille III)
« Wittig, corps et biopolitique »

Lectures conseillées :

La pensée straight, Edition Amsterdam (2018)

L’opoponax, Edition de Minuit (1964)

Les Guérillères, Edition de Minuit (1969)

Autour des questions sexualité et genre, théorie et fiction dans l’œuvre de Wittig.

Lectures performatives autour de Wittig à partir de textes produits par les étudiant.e.s.

Sous la direction artistique de la metteuse en scène et comédienne Isabelle Chladeck (Cie Folledeparole).

Objectifs pédagogiques visés

A l’issue de cet atelier, les étudiant.e.s seront capables de :

  • connaître et exploiter les outils de la dramaturgie (voix, personnages, contexte, paratexte, espace, déplacement, silence)
  • articuler les ressemblances/dissemblances entre théorie et fiction
  • manier les nuances de l’écriture genrée
  • penser l’écriture inclusive
  • discerner et produire des textes contenant les caractéristiques spécifiques de plusieurs genres littéraires (roman, poésie, épopée, essais, comédie, drame)
  • explorer l’originalité et l’individualité de son style personnel
  • créer des formes polymorphes et originales sur la base des textes d’auteur.e.s étudié.e.s
  • inclure et marier imagination et réflexion dans un texte de création
  • donner forme, voix et mouvement à un texte personnel
  • intégrer son texte à celui d’un.e autre
  • recréer, ajouter, une nouvelle forme à un texte préexistant

Plus spécifiquement :

  • Il s’agira d’envisager Wittig en suivant son propre sillage, entre pratique littéraire et théorique.
  • Il s’agira d’entrer dans une langue et un style si particuliers en partant, comme l’écrit Judith Butler dans Trouble dans le genre, de la « triade » corps, genre et sexualité - particulièrement à l’oeuvre dans Le Corps lesbien, L’Opoponax et Les Guérillères.

Les participant.e.s seront amené.e.s à déchiffrer les codes d’un « Chantier littéraire » aux formes polymorphes (romans, poèmes, épopée, dictionnaire, essais) et produire à leur tour un texte théorique, fictionnel et ou non-fictionnel.

  • Il s’agira de comprendre comment se construit une narration en faisant intervenir la notion de personnages et de non-personnage - élément si important pour les auteur.e.s du Nouveau roman. Ce mouvement littéraire n’est d’ailleurs pas étranger à Wittig. En effet, à la publication de son premier roman L’Opoponax (couronné par le prix Médicis), Sarraute, Simon, Robbe-Grillet ont chaleureusement salué le livre. Duras, si avare en compliments, ne cache pas son admiration : « L’Opoponax  est un livre à la fois admirable et très important parce qu’il est régi par une règle de fer, celle de n’utiliser qu’un matériau descriptif pur, et qu’un outil, le langage objectif pur »

Confiée à Isabelle Chladek, metteuse en scène et performeuse, une interaction performative met en lien l’approche théorique du séminaire et la pratique de l’Atelier d’écriture.

Elle s'articulera plus précisément autour de la « langue » de Monique Wittig à travers ses œuvres littéraires et commencera par Les Guérillères (1969). Les différentes écritures de ce roman, sa prose poétique, le dynamisme de ses mises en page et espaces sous-tendus par une voix qui manifeste, offrent la perspective d’une traversée autour des questions de genre et sexualité. Ce terrain aux allures de « chantiers littéraires » comme l’annonce Wittig, appelle aux explorations performatives et « organiques » proposées aux participant.e.s de l'Atelier d’écriture.

Ces explorations seront le lieu d'une pratique de la lecture en scène des écritures de Wittig, pour privilégier ensuite celles produites dans l’Atelier. Elles feront l’objet principal d'une première performance de lecture publique. Celle-ci se déroulera dans un espace scénique qui s’inscrira dans une démarche interactive entre le séminaire Théorie et Fiction. L'Atelier d'écriture performative donnera une visibilité élargie aux objectifs de ce projet au long cours.

Conférences & invité-es:

Vendredi 25 mars | 14h00
Les Philosophes, salle Phil 206

Rencontre-conférence de Suzette Robichon (essayiste, militante féministe, éditrice de la pièce Le voyage sans fin de Monique Wittig, amie de Monique Wittig).
« Ce que Monique Wittig inspire »
« Parce que les lesbiennes ne sont pas des femmes: Autour de l'oeuvre politique, théorique et littéraire de Monique Wittig », Actes du colloque des 16-17 juin 2001, Columbia University, Paris, Éditions gaies et lesbiennes, 2002 .

Affiche de la conférence

 

Jeudi 12 mai | 20h00
Uni Mail, hall central

Lecture performative
Qui sait quoi? Genre, cultures et dominations
Fictions féministes contemporaines autour de Wittig

Interprétation et mise en lecture: Isabelle Chladek et la Cie Folledeparole.

Affiche de la lecture performative


Intervenantes

Agnès Vannouvong enseignante et romancière
Agnès Vannouvong est l’auteur de travaux sur la littérature française et l’art contemporain. Elle a publié quatre romans au Mercure de France, Après l’amour (2013), Gabrielle (2015), Dans la jungle (2016), La collectionneuse (2019). Aux presses du réel et aux éditions de l’Aube, Jean Genet - Les revers du genre (2010), C’est quoi ton genre (2021)A bras le corps (2013)Genet & les arts (2016). Elle enseigne les Etudes Genre à la Faculté des lettres de Genève depuis 2010.

Isabelle Chladek metteure en scène et comédienne
Pendant plusieurs années elle a mené une double carrière en tant qu’enseignante en littérature française et histoire de l’art avant de se consacrer exclusivement à la création théâtrale.

Avec la Cie Folledeparole, elle privilégie les textes contemporains dont les écritures offrent un fort potentiel d’explorations pour des formes d’expressions scéniques originales et depuis 2016, elle développe plus particulièrement un cycle de performances autour des questionnements sur le Genre avec la participation de collectifs d’artistes émergent.e.x.s.

Avec le soutien du Centre Maurice Chalumeau en science des sexualités

 

Enseignement ouvert à tous et toutes les étudiant.e.s de maîtrise

Le séminaire (2h) et l’Atelier d’écriture performative (3h30)peuvent être suivi de façon indépendante.
Nombre de crédit : 4 par enseignement

Pour le séminaire

Attestation de présence qui nécessite une participation active sous la forme d’un exposé OU
Compte-rendu d’une conférence OU
Travail écrit comptant pour une attestation (8 pages)

Pour l’atelier 

Validation d’une démarche de création

Le séminaire et l’atelier d’écriture s’inscrivent dans le module en Études Genre de la Faculté des lettres.

Les étudiant-es ont la possibilité de choisir le séminaire ou l’atelier.

Wittig perfo Uni Mail 12 mai 2022 from Bérénice Renard on Vimeo.