Les mutilations génitales féminines ou excision(s) (MGF/E) désignent toutes les interventions aboutissant à l'ablation partielle ou totale, ou toute autre lésion, des organes génitaux externes féminins pour des raisons non médicales ; elles touchent au moins 200 millions de femmes et de filles dans plus de 31 pays, avec des conséquences qui peuvent altérer de manière irrémédiable la santé physique, psychosexuelle et la qualité de vie des personnes concernées.
En Suisse, on estime que 22’000 femmes et filles sont excisées ou à risque de l’être, avec une augmentation de la prévalence prévue dans les prochaines années du fait de l’immigration. Le calcul de cette estimation se fait sur la base de la méthode d’extrapolation indirecte de la prévalence des MGF/E. Or, cette méthode pose des limitations méthodologiques importantes, elle surestime la prévalence et sous-estime l’incidence des pratiques d’excision. De plus, cette méthode se fait sans ajustement pour les déterminants sociaux, communautaires, interpersonnels et individuels. Les études qualitatives ont permis de mettre en évidence la diversité des attitudes et des comportements face aux MGF/E tant au niveau collectif qu’individuel dans les populations migrantes vivant en Europe et en Suisse.
La présente recherche, s’appuyant sur une méthodologie mixte (qualitative et quantitative), vise à actualiser les données suisses datant de 2013, sur l’estimation de la prévalence, du risque estimé d’excision et sur l’identification des variables pertinentes influençant les changements d’attitudes et les comportements intervenus face à aux MGF/E au sein des communautés concernées, depuis la première vague de réfugiés de la Corne d’Afrique arrivés à Genève dans les années 1990.
La portée du projet de recherche va au-delà du cadre scientifique, les données scientifiques récoltées durant l’étude pourront servir dans différents domaines (scientifiques, santé, social etc.) de la prévention et de la promotion de la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles au niveau national et international, comme :
- Améliorer la qualité et la précision de l’estimation du risque d’excision pour les filles nées ou arrivées sans excision à Genève ;
- Adapter et orienter les ressources et les politiques de santé poursuivant la réduction des risques sur les violences faites aux femmes et aux filles ;
- Répondre aux besoins spécifiques et actuels pour une prise en charge multidisciplinaire dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive des femmes, du couple et de la famille concernées par l’excision ;
- Développer des programmes, ateliers et actions plus ciblés pour la sensibilisation des communautés concernées par les mutilations génitales féminines ;
- Informer de manière factuelle les différents publics (grand public, professionnels de la santé et du social, politique, police, média, associations travaillant sur le terrain) sur les aspects socioculturels en action dans la perpétuation ou l’abandon de la pratique à Genève et en Suisse.