2021

Cancer: le vaccin contre la Covid-19 fonctionne

Selon une étude des HUG, en collaboration avec l'UNIGE notamment, les personnes atteintes d'un cancer répondent positivement à la vaccination contre la Covid-19.

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© DR

Les personnes atteintes d’un cancer sont à risque de développer une forme aiguë de la maladie COVID-19 suite à une infection au SRAS-CoV‑2. Une étude clinique des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), de l'Université de Genève (UNIGE) et de Mays Cancer Center, home to UT Health San Antonio MD Anderson montre que 94 % des 131 volontaires ayant reçu deux doses de vaccin à ARN messager développent des anticorps contre le virus SRAS-CoV-2. L’étude, publiée dans la revue Cancer Cell, identifie une sous-population à haut risque de résistance à la vaccination: les personnes traitées contre les leucémies ou des lymphomes.

Certains cancers abaissent l’immunité des patient·es et certains traitements, comme les chimiothérapies, ou certains anticorps peuvent également affaiblir le système immunitaire.

Les personnes atteintes d’un cancer et en traitement représentent donc un groupe à risque de développer la maladie COVID-19 avec une gravité, des complications et une mortalité plus élevées que la population générale. «Mais peuvent-ils/elles développer une réponse immunitaire suite à une vaccination? Aucune étude n’avait clairement répondu à cette question jusqu’ici», indique Pr Nicolas Mach, oncologue au service d’oncologie des HUG, professeur à la Faculté de médecine de l’UNIGE et co-auteur de l’étude.

Une excellente réponse

À travers une cohorte de 131 patient·es atteint·es de cancer et basé·es entre les États-Unis et Genève, l’équipe helvético-américaine a évalué la réponse immunitaire sous forme d’anticorps contre la protéine Spike du SARS-CoV-2, cible des vaccins, après la première puis la deuxième dose de vaccins à ARNm des sociétés Pfizer et Moderna.

Les données, récoltées entre janvier et avril 2021, indiquent que la grande majorité – soit 94 % des patient·es – développe des anticorps contre Spike cinquante jours après la deuxième dose de vaccin. «Des résultats à peine inférieurs à ceux de la population générale qui sont très rassurants», complète Nicolas Mach, avant de préciser que «les réponses immunitaires mesurées après la première dose sont néanmoins particulièrement faibles, laissant penser que nos patient·es mettent plus de temps pour activer leur système immunitaire.»

 

Immunosuppression vs vaccination

La réponse immunitaire des patient·es atteint·es de malignité hématologique, soit des cancers du sang, des ganglions et de la moelle osseuse, est significativement plus faible que chez les personnes atteintes d’autres cancers.

De plus, les patient·es sous un certain type de traitement immunosuppresseur dans les six mois avant la vaccination n’ont pas développé d’anticorps. «On parle ici du Rituximab, un médicament utilisé principalement pour traiter les lymphomes et qui entraine la destruction des lymphocytes B malades, mais également les lymphocytes B sains. Or ces cellules sont essentielles à la production d’anticorps, expliquant pourquoi ces patient·es n’en génèrent pas», précise Nicolas Mach.

Néanmoins, autre élément rassurant, parmi les patient·es genevois·es n’ayant pas développé d’anticorps, un seul a présenté une infection à SARS-COV-2 symptomatique à ce jour. «La protection contre l’infection, malgré l’absence d’anticorps, reflète très probablement la capacité des vaccins à ARNm à stimuler également d’autres mécanismes de défenses immunitaires, en particulier les lymphocytes T. L’analyse des lymphocytes T de nos patient·es est actuellement en cours et nous attendons les résultats avec impatience.» Les résultats feront l’objet d’une future publication.

 

Des vaccins bien tolérés

La tolérance aux vaccins à ARNm équivaut à celle de la population générale. Un programme de suivi, basé sur une application web, permet de relever les effets secondaires et la qualité de vie des patient·es. Mise en place et développée par le premier auteur de l’étude, Dr Alfredo Addeo, oncologue aux HUG, une interface permet de mesurer l’état réel de la personne, «sans l'influence d’un·e professionnel·le de santé.»

Globalement, les patient·es touché·es par le cancer tolèrent convenablement les vaccins et y répondent bien, hormis une sous population atteinte de malignité hématologique à haut risque de résistance à la vaccination. «Identifier les sous-populations à risque est primordial pour imaginer une stratégie de protection alternative pour ces personnes. Cette étude y contribue grandement», conclut Alfredo Addeo.

 

 

24 juin 2021

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