2007-2008

La face cachée de l’émotionnel - Des chercheurs de l’UNIGE révèlent le mode de décryptage des expressions faciales émotionnelles

Une étude d’imagerie cérébrale, menée par des scientifiques de l’Université de Genève (UNIGE), membres du Pôle national de recherche en Sciences Affectives, révèle que le contexte social et la personnalité sont, tous deux, des éléments clés dans notre interprétation des expressions faciales émotionnelles perçues chez autrui. Publiés aujourd’hui dans la revue en ligne PLoS ONE, ces résultats devraient notamment permettre une meilleure compréhension des troubles cliniques liés au fonctionnement social, que ce soit la phobie sociale ou l’autisme. Ils sont également emblématiques de la productivité des travaux fondés sur une collaboration entre psychologie et neurosciences.

Les expressions faciales jouent un rôle fondamental dans la communication sociale non-verbale, que ce soit chez les humains ou chez les primates. Le visage d’une personne et son expression sont en effet à même de fournir une information rapide concernant son identité, son état émotionnel et ses intentions. Toutefois, l’interprétation de cette information n’est pas toujours aisée. Preuves en sont les innombrables motifs évoqués au cours du temps pour expliquer le caractère «énigmatique» du fameux sourire de la Joconde.

Cerner les diverses influences
Les résultats d’une recherche récente menée par des chercheurs de l’UNIGE démontrent aujourd’hui que l’interprétation des expressions faciales émotionnelles dépend à la fois du contexte social et de la personnalité de l’observateur. Effectuées dans le cadre d’un projet du Fond national suisse de la recherche scientifique dirigé par David Sander et Patrik Vuilleumier, ainsi qu’au sein du Pôle en Sciences Affectives de l’UNIGE, cette recherche est emblématique de la productivité des travaux fondés sur une collaboration entre psychologie et neurosciences.

Dans cette étude, Pascal Vrtička et ses collègues montrent que l’interprétation des expressions faciales émotionnelles peut produire différents types de réponses dans certaines parties du cerveau liées aux processus émotionnels. En effet, cette interprétation dépend à la fois du contexte social et du style d’attachement de la personne - l’attachement correspondant à un «style de personnalité» qui détermine la manière dont une personne répond d’ordinaire émotionnellement à une situation d’interaction sociale. A ce titre, il faut rappeler que la recherche en psychologie a classé les personnes en trois catégories, selon qu’elles répondent de manière dite «sûre», «anxieuse», ou «évitante». L’étude de Pascal Vrtička révèle, pour la première fois, les régions cérébrales dont l’activité est modulée par ces différences interindividuelles en réaction aux interactions sociales.

L’émotion en face
Les scientifiques ont manipulé la signification sociale d’expressions faciales émotionnelles en présentant celles-ci dans la cadre d’un jeu pseudo-interactif tandis que les réponses cérébrales des participants étaient enregistrées grâce à un scanner IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle). Dans le jeu, le partenaire virtuel pouvait être un allié ou un joueur concurrent. Il présentait des expressions faciales de joie ou de colère, en réponse à la réussite ou l’échec du participant scanné. Le sourire du partenaire virtuel pouvait ainsi être interprété par le participant scanné comme une récompense au succès ou comme une moquerie à l’échec, tout comme le froncement de sourcil pouvait être perçu comme un signe de reproche ou de frustration, en fonction du statut (allié ou concurrent) du partenaire virtuel.

Lorsque ce dernier était perçu comme un allié dans un contexte positif (c’est-à-dire quand il souriait à la réussite du participant scanné), les régions du cerveau connues pour être impliquées dans les processus de récompense étaient activées. Toutefois, cette réaction cérébrale liée à la récompense sociale était bien plus faible pour les participants ayant un style d’attachement de type «évitant».

Lorsque le partenaire virtuel était perçu comme un allié dans un contexte négatif (exprimant la colère face à l’échec du participant scanné), les chercheurs ont observé une augmentation de l’activité de l’amygdale, une région du cerveau impliquée dans les processus liés à la peur. De plus, cette activation liée à la punition sociale était plus prononcée pour les participants ayant un style d’attachement anxieux.

Enfin, les chercheurs ont pu constater que l’activité cérébrale s’accroissait dans des régions différentes impliquées dans la compréhension des états mentaux d’autrui en réponse aux expressions faciales des concurrents.

Comprendre en contexte
Les résultats obtenus grâces aux expérimentations de Pascal Vrtička et de ses collègues contribuent à étendre les connaissances quant au traitement d’informations émotionnelles dans un contexte social spécifique.

En outre, ces conclusions devraient aussi déboucher sur une meilleure compréhension des troubles cliniques liés au dysfonctionnement de l’attachement et au fonctionnement social, comme la phobie ou l’anxiété sociale ainis que l’autisme.

  

Contact: Pascal Vrtička par tél. +41 (0)22 379 98 24

5 août 2008

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