Revues du ciné-club

Cinéma / Amérique latine

1981 cinema amerique latine thumb

Cinéma / Amérique latine

La Revue du Ciné-club universitaire, janvier 1981

Existe-t-il un cinéma latino-américain?

L'existence et le titre de ce cycle ne doit pas faire penser que nous croyons à l'existence actuelle d'un cinéma qu'on pourrait appeler "latino-américain". En tant que système, ce cinéma existe aussi peu que, par exemple, le "cinéma européen". Malgré les apparences d'un destin historique et politique identique (la domination de l'impérialisme), l'Amérique latine se compose de régions et de pays dont les population, les cultures, les langues, l'économie, les climats, l'histoire et le poids relatif sont extrêmement variables, sans doute bien davantage qu'en Europe: comparez le Brésil et le Guatemala.

Si nous proposons malgré tout un cycle de films venus d'Amérique latine, nous le faisons pour au moins deux raisons: d'un côté, les conditions de la distribution cinématographique en Suisse ne permettent pas de présenter des cycles significatifs à propos d'un seul pays. [...] D'un autre côté, nous savons qu'il existe à Genève un public assez hétérogène qui consomme ce qu'il est convenu d'appeler la "culture latino-américaine", dont les ingrédients seraient à peu près les suivants: la musique "indienne", le carnaval de Rio, les "empanadas", les chansons révolutionnaires, les ponchos "authentiques, le Pisco et la Tequila, Cent ans de solitude, Castañeda, le cinéma nôvo brésilien, etc.

À ce public et au public en général, nous aurions voulu montrer une production cinématographique qui reflète des réalités socio-culturelles et politiques à la fois multiples et éloignées en ces lieux communs standardisés. Pas assez nombreux, pas toujours représentatifs d'un pays et d'une époque, psa récents, parfois de qualité douteuse, les films de ce cycle permettront au moins jusqu'à un certain point de se faire une idée de la diversité des productions cinématographiques et, au-delà, de la diversité des situations nationales ou régionales en Amérique latin.

Il faut signaler quelques-unes des absences les plus importantes dans l'éventail de films projetés. Les trois grands pays producteurs depuis le début du siècle (Mexique, Argentine, Brésil), ainsi que les moyens (Vénézuela, Chili; depuis 1959, Cuba), sont très inégalement représentés. Aucun exemple des centaines de films de fiction de l'Argentine ni des dizaines du Vénézuela. Le cinéma muet (Mexique, L'automobile grise, 1919; Brésil, Argentine, Vénézuela) n'a pas laissé de traces en Suisse. La production récente, notamment mexicaine (Ripstein, Weingartshofer, Cazals, Leduc, etc.) ou vénézuelienne, est inatteignable. Le genre comique, pourtant d'une grande importance (Brésil: "chanchadas"; Mexique: Cantinflas, etc.), fait défaut. Le cinéma expérimental, avec Fórmula secreta de R. Gámez, est nettement sous-représenté. Parmi les nouvelles "nations cinématographiques", on regrette l'absence du Pérou et des Chicanos du Sud des États-Unis.

Nous ne doutons pas, pourtant, que la sélection que les circonstances nous ont imposée offre un intérêt certain. Si l'on veut bien comprendre les films du programme, il convient de les voir d'un œil détaché de la production cinématographique européenne ou nord-américaine contemporaine. Des procédés, des "styles" ou des personnages apparemment identiques à ceux que nous connaissons ici prennent un sens très différent dans leur contexte national ou régional: les Indiens de Sanjinés (Bolivie) n'ont rien à voir avec ceux du Western US, mais même pas avec ceux d'Alcoriza (Los tarahumaras); la caméra mobile de Godard et de Mario Handler (Uruguay) a des origines et des buts différents. Par ailleurs, il faut replacer l'année de production dans le contexte historique et politique du pays producteur. La deuxième guerre mondiale, par exemple, n'a pas été en Amérique latine la coupure qu'elle a été en Europe. Les coupures seraient plutôt celles produites par les forces de Cárdenas (Mexique 1934), Péron (Argentine 1945), Castro (Cuba 1959), Pinochet (Chili 1973), etc., pour ne citer que quelques exemples célèbres et de signe opposé.

Pour conclure, il paraît évident que les circonstances et le mode de production de ces films est partie intégrante de leur signification: films produits dans des studios à la Hollywood ou dans la clandestinité, films militants ou documentaires, films montés à l'étranger, films réalisés par des étrangers plus ou moins assimilés (Eisenstein, Buñuel, Alcoriza...), films inachevés. Les moyens mis en œuvre, les hauts et les bas des productions cinématographiques, la capacité de survie, reflètent assez bien les conjonctures variables de l'histoire des pays de l'Amérique latine.

Sommaire

  • Programmation, pp.3-4
  • Martin Lienhard, Existe-t-il un cinéma latino-américain?, pp.4-5
  • Programmation, pp.6-7
  • Fiches filmiques, 6-23

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Pour citer la Revue

La Revue du Ciné-club universitaire: Cinéma / Amérique latine. Janvier 1981 (1).

Production

Ciné-club universitaire

cineclub(at)unige.ch

022 379 77 24

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Si nous proposons malgré tout un cycle de films venus d'Amérique latine, nous le faisons pour au moins deux raisons: d'un côté, les conditions de la distribution cinématographique en Suisse ne permettent pas de présenter des cycles significatifs à propos d'un seul pays. [...] D'un autre côté, nous savons qu'il existe à Genève un public assez hétérogène qui consomme ce qu'il est convenu d'appeler la "culture latino-américaine", dont les ingrédients seraient à peu près les suivants: la musique "indienne", le carnaval de Rio, les "empanadas", les chansons révolutionnaires, les ponchos "authentiques, le Pisco et la Tequila, Cent ans de solitude, Castañeda, le cinéma nôvo brésilien, etc.

À ce public et au public en général, nous aurions voulu montrer une production cinématographique qui reflète des réalités socio-culturelles et politiques à la fois multiples et éloignées en ces lieux communs standardisés. Pas assez nombreux, pas toujours représentatifs d'un pays et d'une époque, psa récents, parfois de qualité douteuse, les films de ce cycle permettront au moins jusqu'à un certain point de se faire une idée de la diversité des productions cinématographiques et, au-delà, de la diversité des situations nationales ou régionales en Amérique latin.

Il faut signaler quelques-unes des absences les plus importantes dans l'éventail de films projetés. Les trois grands pays producteurs depuis le début du siècle (Mexique, Argentine, Brésil), ainsi que les moyens (Vénézuela, Chili; depuis 1959, Cuba), sont très inégalement représentés. Aucun exemple des centaines de films de fiction de l'Argentine ni des dizaines du Vénézuela. Le cinéma muet (Mexique, L'automobile grise, 1919; Brésil, Argentine, Vénézuela) n'a pas laissé de traces en Suisse. La production récente, notamment mexicaine (Ripstein, Weingartshofer, Cazals, Leduc, etc.) ou vénézuelienne, est inatteignable. Le genre comique, pourtant d'une grande importance (Brésil: "chanchadas"; Mexique: Cantinflas, etc.), fait défaut. Le cinéma expérimental, avec Fórmula secreta de R. Gámez, est nettement sous-représenté. Parmi les nouvelles "nations cinématographiques", on regrette l'absence du Pérou et des Chicanos du Sud des États-Unis.

Nous ne doutons pas, pourtant, que la sélection que les circonstances nous ont imposée offre un intérêt certain. Si l'on veut bien comprendre les films du programme, il convient de les voir d'un œil détaché de la production cinématographique européenne ou nord-américaine contemporaine. Des procédés, des "styles" ou des personnages apparemment identiques à ceux que nous connaissons ici prennent un sens très différent dans leur contexte national ou régional: les Indiens de Sanjinés (Bolivie) n'ont rien à voir avec ceux du Western US, mais même pas avec ceux d'Alcoriza (Los tarahumaras); la caméra mobile de Godard et de Mario Handler (Uruguay) a des origines et des buts différents. Par ailleurs, il faut replacer l'année de production dans le contexte historique et politique du pays producteur. La deuxième guerre mondiale, par exemple, n'a pas été en Amérique latine la coupure qu'elle a été en Europe. Les coupures seraient plutôt celles produites par les forces de Cárdenas (Mexique 1934), Péron (Argentine 1945), Castro (Cuba 1959), Pinochet (Chili 1973), etc., pour ne citer que quelques exemples célèbres et de signe opposé.

Pour conclure, il paraît évident que les circonstances et le mode de production de ces films est partie intégrante de leur signification: films produits dans des studios à la Hollywood ou dans la clandestinité, films militants ou documentaires, films montés à l'étranger, films réalisés par des étrangers plus ou moins assimilés (Eisenstein, Buñuel, Alcoriza...), films inachevés. Les moyens mis en œuvre, les hauts et les bas des productions cinématographiques, la capacité de survie, reflètent assez bien les conjonctures variables de l'histoire des pays de l'Amérique latine.

Sommaire

  • Programmation, pp.3-4
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