Revues du ciné-club
Luis Buñuel: le Mexique
Luis Buñuel: le Mexique
La Revue du Ciné-club universitaire, janvier 1988
Édito
Je me sentais si peu attiré par l'Amérique latine que je disais toujours à mes amis: "Si je disparais, cherchez-moi partout dans le monde, sauf là." J'habite pourtant le Mexique depuis trente-six ans. Je suis même devenu citoyen mexicain depuis 1949. De nombreux Espagnols à la fin de la guerre civile choisirent le Mexique comme terre d'exil et parmi eux certains de mes meilleurs amis. Ces Espagnols appartenaient à toutes les classes sociales. Il y avait parmi eux des ouvriers mais aussi des écrivains, des scientifiques, qui s'adaptaient à leur nouveau pays sans trop de peine.
En ce qui me concerne, lorsque Oscar Dancigers me proposa de réaliser un film à Mexico, j'étais sur le point d'obtenir aux Etats-Unis mes second papers et de devenir citoyen américain. À ce moment je rencontrai Fernando Benites, grand ethnologue mexicain, qui me demanda si je désirais rester au Mexique. Sur ma réponse affirmative, il m'envoya chez don Hector Perez Martiney, un ministre que tout destinait à être président si la mort n'en avait pas décidé autrement. Il me reçut le lendemain et m'assura que je pourrais facilement obtenir un visa pour toute ma famille. Je revis Oscar, je lui donnai mon accord, je fis un voyage à Los Angeles d'où je revins avec ma femme et mes deux fils.
Entre 1946 et 1964, de Gran Casino à Simon du désert, j'ai tourné vingt films au Mexique (sur trente-deux, au total). À l'exception de Robinson Crusoé et de The Young One, dont j'ai déjà parlé, tous ces films ont été tounrés en langue espagnole avec des acteurs et des techniciens mexicains. Le temps de tournage a varié entre dix-huit et vingt-quatre jours ce qui est extrêmement rapide - sauf pour Robinson Crusoé. Moyens réduits, salaires des plus modestes. À deux reprises j'ai fait trois films par an.
La nécessité où je me trouvais de vivre de mon travail et d'en faire vivre ma famille explique peut-être qu'aujourd'hui ces films soient diversement appréciés, ce que je comprends très bien. Il m'est arrivé d'accepter des sujets que je n'avais nullement choisis et de travailler avec des comédiens très mal adaptés à leur rôle. Néanmoins, je l'ai souvent dit, je crois n'avoir jamais tourné une scène qui fût contraire à mes convictions, à ma morale personnelle. Dans ces films inégaux rien ne me semble indigne. J'ajoute que mes rapport de travail avec les techniciens mexicains ont été la plupart du temps excellents.
Extrait de Luis Buñuel, Mon dernier soupir, éd. Laffont, 1982.
Sommaire
- Luis Buñuel, "le Mexique", in Mon dernier soupir, Laffont, 1982, pp.3-8
- Marcel Oms, "La conscience de la cruauté", in Positif, no 42, novembre 1961, pp.10-17
- Programmation, pp.12-13
- Serge Daney, "La mort de Buñuel", in Ciné-Journal, Cahiers du cinéma, 1986, pp. 19-20
- Freddy Buache, Buñuel, l'Âge d'Homme, 1975, p.21
- Bibliographie, pp.22-23
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Pour citer la Revue
La Revue du Ciné-club universitaire: Luis Buñuel: le Mexique. Janvier 1988 (1).
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La nécessité où je me trouvais de vivre de mon travail et d'en faire vivre ma famille explique peut-être qu'aujourd'hui ces films soient diversement appréciés, ce que je comprends très bien. Il m'est arrivé d'accepter des sujets que je n'avais nullement choisis et de travailler avec des comédiens très mal adaptés à leur rôle. Néanmoins, je l'ai souvent dit, je crois n'avoir jamais tourné une scène qui fût contraire à mes convictions, à ma morale personnelle. Dans ces films inégaux rien ne me semble indigne. J'ajoute que mes rapport de travail avec les techniciens mexicains ont été la plupart du temps excellents.
Extrait de Luis Buñuel, Mon dernier soupir, éd. Laffont, 1982.
Sommaire
- Luis Buñuel, "le Mexique", in Mon dernier soupir, Laffont, 1982, pp.3-8
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