Charge de travail
La théorie:
Dans la littérature, l’estimation de la charge de travail des étudiants est souvent liée aux différentes approches d’apprentissage (Berthiaume, Daele, Sylvestre, & Rochat, 2012). Ces approches sont caractérisées selon le point de vue de l’apprenant et ses objectifs de réussite. Une charge de travail différente est donc associée à chaque approche. Les approches peuvent être organisés au long d’un continuum avec aux extrêmes: l’approche en profondeur et l’approche en surface (Berthiaume & Daele, 2013).
- Approche en profondeur: l’apprenant vise à comprendre au maximum ce qui est enseigné. Le souhait d’atteindre des résultats d’apprentissage de niveau élevé le pousse à approfondir le sujet, relier les concepts entre thèmes différents, mettre en relation ce qu’il apprend avec des acquis antérieurs.
- Approche en surface: l’apprenant vise la réussite minimale de ses études. Cela se décline dans la mémorisation des faits et la rétention d’éléments sans une vision globale de ce qui est enseigné.
Une recommandation au corps enseignant est de toujours estimer le temps nécessaire à atteindre les résultats d’apprentissage selon la perspective de l’apprentissage en profondeur. Donner assez de temps aux étudiants pour approfondir leurs connaissances et effectuer un travail de réflexion individuel, est une stratégie qui soutient l’apprentissage en profondeur (Karjalainen, Alha, & Jutila, 2006).
La pratique:
Le projet Tuning (2006) recommande de mettre en place 4 étapes afin de mieux planifier les crédits affectés à chaque unité des programmes d’études:
- Déterminer les unités d’enseignement: déterminer quelle modularisation est pertinente pour un programme.
- Estimer la charge de travail: la charge de travail d’une unité d’enseignement est basée sur le nombre d’heures de travail nécessaire à l’étudiant pour atteindre les résultats d’apprentissage.
- Vérifier la charge de travail estimée: il est recommandé d’évaluer que la charge effective de travail corresponde à la charge prévue en fonction des crédits attribués. Cela peut se faire en consultant les étudiants (par questionnaire, entretien, questionnement informel, etc.).
- Ajuster la charge de travail: si la charge de travail estimée ne correspond pas à la charge effective, deux actions sont possibles. Si le nombre de crédits est fixe, il faudra ajuster les activités proposées dans un certain module ou enseignement. Si le nombre de crédits peut varier, il pourra être ajusté à la charge de travail effective.
Éléments à considérer pour déterminer la charge de travail:
Pour une unité pédagogique au moins trois typologies d’activité doivent être considérées dans l’estimation de la charge de travail:
- Type d’activités d’enseignement (p.ex., cours magistral, séminaire, travail en groupe, etc.).
- Type d’activités d’apprentissage (p.ex., travail indépendant et personnel, lecture d’ouvrages, etc.).
- Type d’activités d’évaluation (p.ex., examen écrit, oral, dossier, exposé, etc.).
Nos conseils:
- Estimez le temps d’étude pour votre module selon la perspective de l’apprentissage en profondeur.
- Prévoyez une procédure pour évaluer si la charge de travail estimée correspond à la charge de travail effective rapportée par les étudiants.
- Prenez en compte les activités d’apprentissage en rapport avec la pratique professionnelle (p.ex., situations professionnelles, stage, supervision, intervision, etc.), surtout dans le contexte de la formation continue universitaire.
- Grâce à votre expérience d’enseignement vous avez probablement une image de l’étudiant «ordinaire» avec ses besoins, ses motivations et ses capacités. Il peut être intéressant de discuter de vos conceptions avec des collègues, des étudiants, des anciens étudiants. Cela vous permettra de vérifier si votre image correspond à la réalité.
Le pôle SEA est à votre disposition pour vous accompagner dans votre calcul et votre utilisation de la charge de travail des étudiants. Contactez-nous.
SOURCES UTILISEES POUR LA REDACTION DE CET ARTICLE
Berthiaume, D., & Daele, A. (2013). Comment clarifier les apprentissages visés par un enseignement ? In D. Berthiaume & N. Rege Colet (éd.), La pédagogie de l’enseignement supérieur: repères théoriques et applications pratiques (Vol. 1, p. 55‑71). Berne: Peter Lang.
Berthiaume, D., Daele, A., Sylvestre, E., & Rochat, J.-M. (2012). La charge de travail des étudiant–e–s à l’université de Lausanne. Consulté à l’adresse http://www.unil.ch/webdav/site/cse/shared/CSE-Rapport_Charge_de_travail_vf_courte.pdf
TUNING. (2006). Introduction à Tuning, pour une convergence des structures éducatives en Europe : contribution des universités au Processus de Bologne. Bilbao: Publicaciones de la Universidad de Deusto. Consulté à l’adresse http://www.unideusto.org/tuningeu/images/stories/documents/General_Brochure_French_version_final.pdf
Karjalainen, A., Alha, K., & Jutila, S. (2006). Give me time to think: determining student workload in higher education. Oulu: University of Oulu, Teaching Development Unit. Consulté à l’adresse http://www.oulu.fi/w5w/tyokalut/GET2.pdf