Semaine internationale du cerveau
Du lundi 13 mars au dimanche 19 mars 2006

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Du jamais vu au déjà-vu: les faux souvenirs sont-ils vrais?
Vendredi 17 mars à 20h
Uni Dufour (24 rue Général-Dufour 24, Genève)
Auditoire Piaget (U600, sous-sol)

Orateurs: Martial van der Linden (psychologue, UNIGE)
Nathalie Dongois (juriste, UNIL)
Eric Bonvin (psychiatre, réseau santé Valais)
Modératrice: Isabelle Moncada (journaliste, TSR)

Produits d’un vécu passé au filtre de la subjectivité, le souvenir et la mémoire sont au cœur des expériences humaines qui composent notre vie quotidienne. A même de susciter l’émotion ou de régir notre raison, les souvenirs constituent l’empreinte de ce que nous pensons avoir été et informent constamment, en retour, ce que nous sommes. Mais quels sont leur nature, leur origine, leur fonctionnement? Et aussi tangibles qu’ils puissent paraître, sont-ils pour autant fiables?

Les mécanismes de la mémoire
Dans le cadre de ce vaste débat, Martial Van der Linden s’exprimera sur divers aspects relatifs à l’organisation et au fonctionnement des différents systèmes de mémoire ainsi que sur leurs soubassements cérébraux. Des problématiques que le scientifique aborde, dans le cadre de sa pratique, via l’exploration de patients présentant des déficits mnésiques consécutifs à une lésion cérébrale (amnésie et Alzheimer). Le prof. Van der Linden parlera par exemple de la contribution des troubles de la mémoire et du contrôle attentionnel au développement et au maintien de certains états psychopathologiques, tels que la schizophrénie, la dépression, les conduites antisociales, l’alcoolisme, les troubles du comportement alimentaire, et le trouble obsessionnel compulsif. Mais il s’intéressera également aux relations entre mémoire et émotion, en particulier au processus en vertu duquel les émotions, les buts et les croyances d’une personne modulent la mise en mémoire et la récupération des souvenirs, et peuvent, dans certains cas, transformer ces souvenirs en de «faux souvenirs.»

Le souvenir au banc des accusés
Nathalie Dongois développera, quant à elle, ce thème d’un point de vue juridique. Soulever la question des erreurs judiciaires suppose en effet que l’on en identifie les sources pour mieux chercher à éviter qu’elles ne soient commises. Quelle peut être, dans ce contexte, l’incidence du faux souvenir sur la condamnation ou l’acquittement d’un prévenu? Si le faux souvenir n’est pas une notion juridique en soi, force est pourtant de constater qu’il peut s’insérer à différents stades de la procédure pénale. Au niveau de la recherche de la culpabilité, se pose ainsi la question de la prise en compte du faux souvenir dans les témoignages ou même dans l’aveu. Le faux témoignage est punissable, mais il faut pour cela qu’il soit volontaire. Ainsi, identifier cette fausseté reste de la seule compétence du juge. Selon Nathalie Dongois, la question qui se pose ensuite est celle de l’incidence du faux souvenir au niveau de la déclaration de la culpabilité. L’intime conviction du juge est alors au cœur des débats. A défaut d’un jugement «surhumain» pour ne pas dire divin, il faut admettre que le juge puisse se tromper et, dès lors, chercher des solutions visant à éviter - autant que faire se peut - qu’un faux souvenir puisse générer une erreur judiciaire. Nathalie Dongois mettra en avant des pistes concernant les efforts qui pourraient être consentis.

De la nature mémorielle
Enfin, Eric Bonvin interviendra au sujet de la place de la mémoire et des souvenirs dans le processus thérapeutique. Se fondant sur ses activités dans les domaines de l’anthropologie, de la psychologie médicale, de la médecine psychiatrique et de la psychothérapie, Eric Bonvin étudie depuis de nombreuses années les différentes facettes de la relation de soin et thérapeutique. Parmi ces facettes, il s’est plus particulièrement intéressé aux diverses formes de communication et aux facteurs d’influence qui déterminent la relation thérapeutique: influences relationnelles, mais aussi contextuelles, effet placebo, dynamiques et processus de changement thérapeutiques, facteurs d’influence non spécifiques, etc. A ce titre, son expérience dans la pratique de l’hypnose médicale et thérapeutique lui a offert un champ d’observation et de confrontation particulièrement riche et pertinent. Mémoire et souvenirs sont de nos jours et dans notre société, au cœur de nombreux enjeux implicites, tant au niveau culturel, social qu’individuel. Eric Bonvin observe cependant aujourd’hui une trop fréquente méconnaissance de la nature de la mémoire et des souvenirs, non seulement de la part du public, mais surtout de celle des professionnels qui y font recours quotidiennement: thérapeutes, juristes, policiers, scientifiques, etc. Eric Bonvin se focalisera plus particulièrement sur les conséquences nocives liées à cette ignorance et à leur prévention.

Lundi 13 mars
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Mardi 14 mars
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Mercredi 15 mars
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Jeudi 16 mars
Sentir et ressentir le plaisir

Vendredi 17 mars
Du jamais vu au déjà-vu: les faux souvenirs sont-ils vrais?