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Lécole apprend si elle sen
donne le droit,
sen croit capable et sorganise dans ce
sens !
Monica Gather Thurler et Philippe Perrenoud
Faculté de psychologie et des sciences de
léducation
Université de Genève
1991
1. La valeur de la diversité3. Une épistémologie réaliste et critique
On peut refuser dentrer dans la métaphore et comprendre la question dans un sens classique : comment lécole change-t-elle ? quels sont les processus et les stratégies dinnovation ? Autre façon dentrer en matière : comment les personnes qui font fonctionner lécole apprennent-elles ? Ce qui renvoie à la problématique classique de la formation des maîtres et des cadres, du changement des attitudes et des pratiques, de la diffusion des idées dans le système scolaire. Il nous semble plus intéressant, pour renouveler le débat, de tenter dappliquer lidée dapprentissage à lorganisation scolaire elle-même. Comme système social, comment lécole, construit-elle des représentations, des savoirs, des savoir-faire, comment capitalise-t-elle et théorise-t-elle lexpérience, tant à léchelle des établissement quà celle dorganisations plus vastes ?
Les thèses qui suivent insistent sur les aspects épistémologiques. Certes, on peut apprendre sans savoir quon apprend, au gré dune transformation progressive des représentations et des pratiques. On sintéressera davantage ici à la culture de lorganisation scolaire, aux valeurs et aux images du savoir susceptibles de favoriser ou dentraver son développement et ses apprentissages.
1. La valeur de la diversité : lécole apprend lorsquelle reconnaît que la force dun système vivant procède de sa diversité plus que de son uniformité, lorsquelle permet et encourage la mise en commun et la valorisation des expériences locales.
2. Le droit à lerreur : lécole apprend lorsquelle adopte des procédures de résolution de problèmes, quelle accepte le caractère provisoire et inachevé des programmes, des didactiques, des structures, quelle abandonne lesprit de système et le mythe de la réforme définitive, quelle substitue le tâtonnement concerté aux directives et recettes venues den haut.
3. Une épistémologie réaliste et critique : lécole apprend lorsquelle accepte les limites de la connaissance de lenfant et de lapprentissage, reconnaît les impasses et les impuissances de toute action pédagogique, refuse la pensée magique, se dégage des mécanismes défensifs et des effets de façade.
4. Le souci de la méthode : lécole apprend lorsquelle sen donne le droit et les moyens, lorsquelle sorganise pour formuler les problèmes, inventorier les hypothèses, ne pas tourner en rond, identifier les variables changeables.
5. Une certaine objectivation : lécole apprend lorsquelle accepte de se prendre et dêtre prise comme un objet danalyse et de théorisation, lorsque les structures et les pratiques, les représentations et les attitudes peuvent être décrites, expliquées plutôt que jugées.
6. Une ouverture vers lextérieur : lécole apprend lorsquelle accepte de regarder au-delà de ses murs, de chercher des hypothèses, des paradigmes, des stratégies dans dautres organisations et dautres champs sociaux, de sexposer telle quelle est au regard extérieur.
Commentaires
Avancer des thèses est un exercice de style qui force à dégager lessentiel. Mais il a ses limites ! Prises isolément, ces thèses ressemblent soit à des banalités soit à des affirmations peu étayées. Or ce qui compte, ce nest pas quelques thèses fracassantes, mais une approche cohérente et réaliste de lorganisation scolaire et des processus dapprentissage et de changement. Les commentaires qui suivent en donnent quelques éléments. Mais ici encore, comment être exhaustif sans être interminable, comment être synthétique sans tomber dans le superficiel ?
Ce texte a pour seule ambition de proposer des thèmes pour organiser le débat dans le cadre de latelier. Ce sont autant de points daccrochage autour desquels des chercheurs devraient pouvoir échanger des expériences, présenter des tentatives de changement, esquisser les démarches futures.
Les " thèses " proposées nont rien de bien original. Elles tirent les leçons des expériences et réflexions faites ces vingt dernières années dans le domaine de linnovation scolaire. Dès que des chercheurs ou innovateurs analysent ensemble leurs pratiques et les aléas du changement, ils retrouvent, dans dautres termes, la plupart des idées présentées ici.
Actuellement, le défi consiste à dépasser le niveau du constat déchec ou de lutopie, à construire un modèle relativement réaliste de " développement organisationnel ", modèle suffisamment partagé et reconnu pour servir de base à des stratégies de changement, suffisamment convaincant et stimulant pour que les chercheurs, les praticiens et les autorités scolaires y adhèrent avec cohérence et continuité.
Lécole apprend lorsquelle
reconnaît que la force dun système vivant
procède de sa diversité plus que de son
uniformité, lorsquelle permet et encourage la mise en
commun et la valorisation des expériences locales.
Inséparable de la construction de lÉtat, lécole a quelque peine à imaginer que léquité et la rationalité ne passent pas par luniformité. Selon que les systèmes scolaires sont nationaux, régionaux ou locaux, lesprit centralisateur fait des ravages plus ou moins graves. Mais il népargne pas les petits systèmes. On peut imaginer une école de trois classes où chacune se voit imposer des solutions standards sous prétexte que ce sont de " bonnes solutions ".
Lalternative, et cest là que les choses se compliquent, ce nest pas le " chacun pour soi ". Dans létat actuel de la pédagogie, il est indispensable que chacun (maître ou établissement) puisse, par moments, réinventer la poudre, suivre un cheminement que nul ne peut faire à sa place. Cela nimplique ni un splendide isolement, ni une complète autonomie sans souci de rendre des comptes, ni de faire la preuve que les solutions locales sont défendables.
Les systèmes scolaires peuvent, compte tenu de lesprit national et des rapports de force, saccommoder dune grande diversité de fait des pratiques et des organisations. Il est plus rare quils sorganisent pour tirer parti de cette diversité, disséminer des idées et des pratiques, déléguer certains problèmes communs à des lieux mieux préparés ou mieux motivés pour sy confronter.
Entre le repli de chacun sur sa singularité et les règles bureaucratiques, il faut chercher une voie médiane, qui passe par un apprentissage à tous les niveaux du système, apprentissage notamment de la formulation, de la conduite, de lévaluation initiale et finale de projets locaux.
Lécole apprend lorsquelle
adopte des procédures de résolution de
problèmes, quelle accepte le caractère provisoire
et inachevé des programmes, des didactiques, des structures,
quelle abandonne lesprit de système et le mythe de
la réforme définitive, quelle substitue le
tâtonnement concerté aux directives et recettes venues
den haut.
Lécole se berce constamment de lillusion quavec quelques idées ou technologies nouvelles, on viendra à bout de léchec scolaire et des difficultés de toute action éducative. Lexpérience des dernières décennies a démontré la capacité du système dabsorber, mais aussi de neutraliser, de dénaturer les innovations les plus prometteuses.
Pourtant, on le voit aujourdhui encore avec linformatique, lespoir de la réforme enfin satisfaisante renaît à chaque émergence dune nouvelle technologie ou dune nouvelle doctrine. Ces illusions sont coûteuses, parce quelles mobilisent chaque fois, durant plusieurs années, tous les esprits autour de LA question à la mode, faisant perdre de vue lensemble des paramètres et le caractère systémique des problèmes. Le soutien pédagogique ne dispense pas dune réflexion sur les programmes, les problèmes dimmigration ne font pas disparaître léchec scolaire traditionnel, les réformes de structures laissent entière la question du rapport pédagogique et des didactiques.
Chaque fois que lécole est trop pressée, met tous ses ufs dans un seul panier, croit tenir la solution, elle perd quelques années
Lécole apprend lorsquelle
accepte les limites de la connaissance de lenfant et de
lapprentissage, reconnaît les impasses et les
impuissances de toute action pédagogique, refuse la
pensée magique, se dégage des mécanismes
défensifs et des effets de façade.
À lécole, en particulier à lécole obligatoire, on transmet un savoir consolidé, assuré, " chosifié ". On en ignore la genèse, on méconnaît les aléas de la recherche, larbitraire de toute construction du réel, la fragilité des connaissances.
On peut douter de lopportunité de favoriser chez les élèves (et souvent chez les maîtres en formation initiale), un rapport aussi peu critique, aussi peu pratique, aussi peu décontracté au savoir. Mais cest un autre débat En tout cas, ce rapport scolaire au savoir est tout à fait inopérant lorsquon le transpose aux processus éducatifs eux-mêmes. Ce quon devrait reconnaître dabord, cest quon ne sait pas grand chose sur lenfant, le développement, lapprentissage, lenseignement. Non pas dans labsolu, mais par rapport à ce quil faudrait comprendre et prévoir pour maîtriser " scientifiquement " laction éducative. Les doctrines ou les idéologies ne sont pas des guides sûrs et suffisants, il faut, sans les mépriser, en faire un usage raisonné, réfléchir sur lexpérience et en tirer des enseignements, procéder par essais et erreurs, être pragmatique au bon sens du terme.
Lécole apprend lorsquelle
sen donne le droit et les moyens, lorsquelle
sorganise pour formuler les problèmes, inventorier les
hypothèses, ne pas tourner en rond, identifier les variables
changeables.
Être pragmatique, ce nest pas renvoyer chacun à sa pratique, cest tirer les leçons de lexpérience des uns et des autres, donc investir une certaine énergie, un certain temps, un certain savoir-faire dans la concertation, la mise en commun, le recensement des hypothèses, la comparaison de stratégies alternatives, lévaluation des essais.
Pour cela, il faut accepter que lapprentissage institutionnel ne soit pas réalisé par dessus le marché, au-delà du fonctionnement régulier. Ni confisquée par la hiérarchie, ni déléguée à quelques spécialistes, ni réservée aux moments de crise, la réflexion sur les pratiques, les contenus et les structures devrait sinscrire dans le fonctionnement ordinaire de lécole, dans le cahier des charges, dans lidentité professionnelle.
Cela suppose des attitudes et des représentations différentes de lautorité, du métier, du savoir, mais aussi des savoir-faire et des dispositifs organisationnels, des méthodes danimation, de consultation, de décision concertée, des temps de travail permettant la coopération et les échanges entre professionnels.
La méthode suppose aussi quune part de la formation soriente dans ce sens : savoir communiquer, sexposer aux doutes et aux conflits didées, dégager des hypothèses, renoncer à suivre tous les lièvres, évaluer les conséquences dune option. Tout cela sapprend partiellement par la pratique, mais la formation initiale et continue pourraient y contribuer.
Lécole apprend lorsquelle
accepte de se prendre et dêtre prise comme un objet
danalyse et de théorisation, lorsque les structures et
les pratiques, les représentations et les attitudes peuvent
être décrites, expliquées plutôt que
jugées.
Lécole est souvent mythifiée, accusée par les uns de tous les maux, parée par les autres de toutes les vertus. Dans de nombreux domaines, toutes les opinions sont légitimes parce quon ne se donne pas les moyens de cerner la réalité : ainsi, dans de nombreux pays, on ignore largement ce que savent vraiment les élèves au sortir de la scolarité obligatoire ; on peut donc affirmer avec la même assurance que le niveau monte ou baisse. Dans dautres systèmes, les statistiques les plus élémentaires font défaut quant à la population scolarisée. Linégalité sociale devant lécole ? le poids de limmigration ? Chacun peut y aller de ses suppositions. Quant aux statistiques du personnel, des carrières, des ressources des établissements, cest le black-out.
Il y a aussi les hypothèses plausibles et les certitudes quon ne peut pas formuler en public sans sexposer à toutes sortes dagressions ou de dénégations. Que font les enseignants lorsquils ne sont pas avec leurs élèves ? Sujets tabous, parmi bien dautres : lusage de la liberté méthodologique, le respect des programmes, linégalité des ressources locales, les niveaux dexigences, lattitude face aux parents, lusage par ladministration des informations recueillies sur les maîtres ou les établissements.
Lécole apprend lorsquelle
accepte de regarder au-delà de ses murs, de chercher des
hypothèses, des paradigmes, des stratégies dans
dautres organisations et dautres champs sociaux, de
sexposer telle quelle est au regard extérieur.
Dans toutes les organisations, les professions, on se heurte à des problèmes partiellement semblables. Les gens décole, on la souvent remarqué, nont souvent pas connu dautres milieux, passant du statut délève à celui de maître sans rupture. Raison de plus pour aller voir ailleurs, chercher les points communs et les paradigmes transposables plutôt que dinsister sur la singularité absolue du pédagogique Pourquoi, par exemple, ne pas sinspirer de la culture dentreprise telle quon peut lobserver dans de petites et moyennes unités économiques particulièrement innovatrices ?
Lécole pourrait apprendre en allant voir ailleurs comment on a résolu des problèmes transposables : décentralisation, information, contrôle budgétaire, mobilité et formation continue du personnel, équilibre entre autorité et autonomie, mesure de lefficacité à terme, etc.
Elle pourrait aussi inviter des personnes de lextérieur à prendre position dans les débats pédagogiques, à interroger les finalités et les méthodes du système scolaire, à participer à la recherche de nouvelles solutions. À force de refuser la remise en question, les propositions dérangeantes, les visions hétérodoxes, les questions naïves, on finit par tourner en rond !
Pour oser aller vers lextérieur, lécole doit être sûre de soi, être convaincue de ce quelle fait (ce qui nexclut pas lautocritique, au contraire), vouloir et savoir communiquer son expérience. Cela ne veut pas dire quelle doit attendre, pour souvrir, davoir surmonté toutes ses difficultés, mais que le bénéfice de louverture dépend de leffort investi dans la définition des problèmes, linventaire des stratégies et des ressources.
Les thèses ont pour vertu de dégager des idées-forces sans se perdre dans les nuances. Nous avons donc pris le parti de nen modifier ni la substance ni les commentaires, quand bien même ces derniers navaient été présentés quoralement et très partiellement.
À partir de la discussion en groupe de travail et dans une moindre mesure en plénière, il nous semble cependant utile de revenir sur trois thèmes :
- La métaphore de lapprentissage : lécole apprend-elle " vraiment " ?
- La complexité du système : quest-ce quune école ?
- Le métier et lépistémologie des chercheurs : est-ce leur rôle daider lécole à apprendre ?
Ces remarques ne prétendent pas faire uvre de synthèse, mais plutôt prolonger nos propos dans un sens résolument interdisciplinaire et marqué par une expérience spécifique de recherche et dintervention.
1. La métaphore de lapprentissage
Lidée que lécole apprend, au sens fort du terme, na pas encore été sérieusement travaillée. On en reste donc à une heureuse formule, qui renouvelle un peu, le temps dun congrès, le débat sur le changement et linnovation. Doù la tentation de revenir rapidement à des propos relativement classiques sur la formation des maîtres et des cadres, avec, sous-jacent, le " syllogisme " suivant :
On en est nécessairement amené à ce raisonnement si lon pose par principe que seuls les individus peuvent apprendre, parce que ce processus est caractéristique dun être biologique génétiquement programmé pour acquérir de nouvelles conduites.
Sans doute serait-il inutile et même fallacieux de transposer la biologie ou la psychologie de lapprentissage individuel aux systèmes sociaux, de dire quune école apprend comme une personne. Pour au moins trois raisons majeures :
Faut-il par conséquent renoncer à la métaphore aussitôt après lavoir formulée ? Nous ne le pensons pas : à un niveau élevé dabstraction, la notion dapprentissage peut sappliquer à tous les systèmes vivants, cest-à-dire capables de transformer leurs structures et leurs fonctionnements au gré de lexpérience, par accommodations et assimilations successives. Dans la théorie piagétienne, accommodation et assimilation, adaptation et équilibration sont des notions systémiques, la genèse de lesprit se présentant comme la mise en uvre spécifique de régulations qui caractérisent tous les systèmes vivants (Piaget, 1973).
Avec de tels paradigmes communs, on ne va pas bien loin, cest vrai, dans la maîtrise de linnovation scolaire. La métaphore de lapprentissage nest intéressante que si on peut la prolonger un peu. Or cela nous semble possible, en particulier dans le domaine des représentations et de la métacognition.
Schèmes dinteraction et représentations coordonnées
Les organisations scolaires, du système national à létablissement ou à léquipe pédagogique, agissent en tant quacteurs collectifs, sur la base dune définition partiellement commune de la situation, qui est négociée entre les acteurs individuels ou les sous-systèmes.
Certes, les pratiques et les représentations des individus se donnent à voir plus directement que les représentations et pratiques des acteurs collectifs. Car ce sont évidemment toujours des individus qui parlent, écrivent, agissent et pensent " concrètement ". Représentations et actions collectives sont des réalités reconstruites sur la base des dépendances, des interactions, des solidarités observables entre acteurs individuels. Il y a longtemps que la plupart des sociologues ont renoncé à limage du " corps social ", de la société comme organisme ayant une âme, une identité, des buts à la manière dune personne.
La psychologie piagétienne nous invite à considérer laction comme sous-tendue par des schèmes qui lui préexistent et lui survivent, et garantissent une certaine continuité des structures générales de notre fonctionnement par-delà la diversité des situations auxquelles nous sommes confrontés. Une partie croissante de nos actions, lorsque nous devenons adultes, se bornent à consolider des schèmes acquis sans les mettre en cause, parce quau gré de lexpérience ils sont devenus relativement efficaces dans des situations stéréotypées. Durant lenfance et ladolescence, ou lorsque nous sommes placés dans des situations nouvelles, lapprentissage devient indispensable : les schèmes dont nous disposons ne sont pas suffisants pour faire face à des environnements et à des problèmes inédits, il ne nous suffit plus de procéder à des ajustements mineurs à partir dune trame déjà disponible, cest la trame elle-même qui doit se complexifier, se différencier, évoluer. Là réside lapprentissage, dans la transformation, la différenciation, la coordination des schèmes existants.
Cette théorie, fort abstraite, plus systémique que psychologique, est pour cette raison même facilement transposable aux interactions entre individus et/ou entre groupes. Une partie des rapports sociaux fonctionnent selon des schèmes établis. Non pas nécessairement codifiés, encore moins imposés normativement, mais souvent construits progressivement par ajustement mutuel et progressif des acteurs ou des sous-systèmes en présence. À un certain moment, dans lhistoire dun groupe ou dune organisation, ces schèmes dinteraction se stabilisent et le système napprend plus. Les variations de la vie quotidienne, fluctuations budgétaires, renouvellement des élèves, petits conflits, légers ajustements des règlements et des programmes, ne mettent pas en cause les schèmes de fonctionnement, sils sont suffisamment souples pour assimiler voire annihiler ces petites variations.
Pour que lorganisation apprenne, autrement dit pour que les schèmes dinteraction et de fonctionnement collectifs se transforment, il faut un déséquilibre, quil soit endogène ou exogène. Il peut provenir dun décalage entre un idéal et les fonctionnements effectifs, entre les objectifs et leur niveau de réalisation, entre des attentes externes et ce quon peut faire pour y répondre. Il peut venir aussi de transformations de lenvironnement institutionnel, économique ou culturel. Ou encore senraciner dans des crises ou des conflits internes liés à la modification des pratiques ou des droits de certains acteurs dans lorganisation.
Parmi les facteurs qui peuvent entraîner une réorganisation des schèmes dinteraction, il faut sûrement envisager la formation ou les changements dattitudes de certains acteurs. Si leurs apprentissages individuels se traduisent par des changements sensibles dans leurs pratiques professionnelles, il se peut que les pratiques des autres et les schèmes dinteraction évoluent. Par exemple, lorsquun inspecteur ou un directeur qui a suivi un séminaire sur lanimation des établissements met en pratique ce quil a appris, crée des espaces de dialogue, des temps de consultation, des lieux de pouvoir, les autres acteurs de létablissement, et notamment les maîtres, doivent se déterminer, décider sils entrent ou non dans ce nouveau jeu. Sils le font, il leur faudra acquérir ou mobiliser des compétences de négociation et de communication qui nétaient pas indispensables dans les schèmes dinteraction antérieurs. On peut donc parfaitement concevoir, dans certains cas de figure, lapprentissage de lorganisation comme la conséquence des apprentissages individuels de certaines catégories dacteurs, et éventuellement comme la source des apprentissages de leurs partenaires, qui doivent sajuster.
Conserver lorchestration des habitus par delà leurs transformations
Lapprentissage organisationnel nest pas réductible aux apprentissages des uns et des autres, puisquil sagit dun système dapprentissages coordonnés, aucun dentre eux, pris séparément, nétant suffisant pour faire fonctionner lensemble, parce que cest de leur synergie que dépend le résultat global.
Bourdieu (1972, 1980) parle dorchestration des habitus pour désigner la coordination des attitudes, des représentations et des schèmes daction qui permet et sous-tend des interactions relativement stables. Pour quil y ait apprentissage organisationnel, il faut une évolution sans (grave) rupture de lorchestration elle-même, par delà la " réécriture " de la partition de chaque concertiste. Lapprentissage institutionnel nest alors pas simplement une somme dapprentissages individuels parallèle, mais un ensemble dévolutions synchrones et complémentaires qui conserve lorchestration des habitus et donc des pratiques.
Cela ne signifie pas quun apprentissage organisationnel exige une coordination explicite des apprentissages individuels. Cest souvent la logique même des interdépendances qui oblige chacun à apprendre pour sadapter à lévolution des ses partenaires.
Ce schéma systématique a au moins des vertus heuristiques. Il invite à ne pas privilégier les formations ciblées sur telle ou telle catégorie dacteurs comme moteur du changement des schèmes dinteraction dans une organisation scolaire. Il existe en effet deux stratégies alternatives :
Une formation concertée de lensemble des acteurs habituellement en présence dans une situation réelle, par exemple une équipe pédagogique ou un établissement ; au coeur du processus de formation, on trouve donc non seulement lévolution de chacun, mais la complémentarité de ces évolutions, la reconstruction dun système dinteractions, donc de lorchestration des habitus. Cest lhypothèse qui fonde toute thérapie de famille, toute intervention sur un système, à la manière par exemple de lécole de Palo Alto.
Une modification de certaines règles du jeu ou de certaines contraintes structurelles (ressources, réseaux de communication, cahiers des charges, visibilité ou opacité de laction des uns et des autres), sans entrer dans le changement par la formation. Ces transformations structurelles modifieront de façon relativement synchrone les pratiques des uns et des autres. Par exemple, en remettant à un établissement des responsabilités de planification et de gestion budgétaire, on crée des enjeux nouveaux qui obligent les maîtres comme la direction à prendre des responsabilités, à décider en commun de lattribution des ressources, à défendre des intérêts communs envers lensemble du système scolaire ou les autres établissements.
Si lon sen tient à une formation ciblée sur une seule catégorie dacteurs, la perspective systémique incite au moins à choisir une catégorie dont le leadership (formel ou informel) obligera les autres acteurs à sajuster. On sait pas exemple que les enseignants récemment entrés en fonction sont rarement des vecteurs de changement, parce que leur statut dans les établissements nest pas assez central pour quils entraînent leurs collègues plus expérimentés vers de nouvelles pratiques, même au sein de véritables équipes pédagogiques. Ce sont au contraire les nouveaux qui, oubliant une partie de leur formation, se plient aux traditions pour mieux être acceptés. Rien nassure que les acteurs occupant des positions hiérarchiques soient mieux placés. Sans doute une formation ciblée devrait-elle identifier puis toucher de véritables leaders dopinion, des praticiens engagés dans de fortes interactions et assez légitimes pour que leur évolution personnelle en induise dautres.
La conversation, clé du changement concerté des représentations
La métaphore de lapprentissage organisationnel est plus féconde encore lorsquon lapplique aux représentations, à la construction de la réalité, à la définition de la situation. Car alors, on a affaire à des apprentissages qui, en fin de compte, nexistent que dans et par linteraction.
La théorie des représentations (Moscovici, 1961, 1981 ; Jodelet, 1984) a montré limportance de la conversation, de la communication, du commerce quotidien dans la genèse, le maintien, la diffusion des représentations. Dune certaine façon, les représentations sociales sont non seulement partagées, mais produites collectivement, par le jeu de la confrontation, de la contradiction, de la résolution des problèmes ; chacun des membres du groupe et de lorganisation est tour à tour créateur, diffuseur ou destinataire des idées qui circulent et deviennent le fond commun de la construction du réel.
Comme lécrit D. Felder :
Chacun dentre nous contribue donc, par ses manières dêtre et de faire, au maintien et à la reproduction de lorganisation sociale, au processus continuel de fabrication de la réalité. Mais faire et être ne définissent pas tout lacteur social ; dire est tout aussi important. Car dire, cest aussi une manière de faire. Le langage nest pas seulement le moyen essentiel de communication ; cest aussi, en même temps, loutil principal de structuration de la réalité. Cest au travers du langage que nous organisons nos perceptions, que nous formons nos représentations, que nous acquérons notre connaissance de la réalité ; plus précisément, cest au travers des échanges au moyen du langage que nous accomplissons cette socialisation. Et, de même que les multiples actes banals de la vie quotidienne, nos échanges au travers de la simple conversation contribuent à un double renforcement : nous réaffirmons lexistence de la réalité au travers de nos paroles, et en même temps nous affirmons notre adhésion à cette réalité. Plus léchange est banal, plus ce mécanisme passe inaperçu, mais plus il est efficace (1988, p. 36-37).
La solidité des représentations sociales tient à leur ancrage dans un réseau de communication, au fait quelles permettent à chacun dexister, davoir une identité, de participer, dêtre reconnu à lintérieur dun groupe ou dune organisation. Cest pourquoi les individus, lorsquon les extrait de ce contexte, résistent à lacquisition de représentations nouvelles. Ils pressentent que leurs partenaires, nayant pas suivi le même chemin, refuseront les idées nouvelles. Ce que des maîtres ou des cadres entendent, par exemple, en formation continue, peut les mettre en porte à faux, voire en conflit avec leur environnement habituel. Lapproche systémique et organisationnelle de lapprentissage prend cette donnée en compte et sefforce de faire évoluer globalement le système des représentations sociales en vigueur dans un groupe ou une organisation, plutôt que de tenter de convaincre ou de séduire séparément chacun, en espérant quil saura à son tour gagner ses partenaires à des idées nouvelles.
Cest évidemment plus facile à affirmer abstraitement quà induire sur le terrain. Au moins importe-t-il dy penser, par exemple dans une stratégie danimation, de façon à créer les conditions, les rites, les lieux propices à des échanges continus didées et dexpériences, en se gardant de trop finaliser ces moments. Linnovation passe toujours par une forme de réalisme psychosociologique : ici, le réalisme consiste à reconnaître que la construction collective des représentations est un processus dans lequel la durée, la convivialité, la redondance et le hasard jouent des rôles importants ; à trop vouloir rationaliser et condenser le changement des mentalités et de la culture de lorganisation, on risque daboutir à leffet contraire.
2. La complexité du système
Quest-ce quune école ? Peut-on, sous le même vocable, désigner à la fois le petit bâtiment abritant deux ou trois classes à degrés multiples dans une région rurale et létablissement urbain de vingt ou vingt-cinq classes ? Et plus généralement, peut-on parler de la même façon de lécole comme établissement, comme " maison décole ", et de lécole comme institution, système scolaire national ou régional ?
Il est évident que des distinctions simposent à tous égards, et notamment lorsquon conceptualise le changement et lapprentissage. Plus on élargit le champ, plus les contraintes microsociologiques deviennent visibles, en termes déconomie, de démographie, de politique de léducation. À linverse, plus on va vers de petites unités, plus on sera tenté de mettre laccent sur les personnes et les aspects relationnels, sur les problèmes multiples et spécifiques auxquels les enseignants sont quotidiennement confrontés face à leurs élèves et leurs collègues.
Faut-il en conclure que lécole comme microsystème apprend tout autrement que lécole comme macrosystème ? Ce nest pas sûr. Il nous semble au contraire quune partie de nos thèses valent à toute échelle, à condition de les spécifier :
louverture sur lextérieur na pas le même sens lorsquon sintéresse au système scolaire dans son ensemble ou à un petit établissement. Les unités auxquelles on pourrait emprunter des idées et des modes de faire ne sont pas les mêmes : le système scolaire se comparera peut-être à lhôpital ou à une grande entreprise, alors que létablissement scolaire se comparera mieux à une unité clinique plus restreinte ou à une petite entreprise.
lobjectivation du système ne saurait prendre la même allure à toute échelle. Pour le système scolaire dans son ensemble, elle passera par une certaine division du travail, confiant à des chercheurs, des statisticiens, des planificateurs, des experts le soin de construire des connaissances précises relevant de la recherche fondamentale et appliquée ainsi que de la statistique sociale. À léchelle de léquipe pédagogique ou de létablissement, lobjectivation prendra des formes plus intuitives et passera peut-être par un travail avec un intervenant externe ou un formateur, par la recherche-action, ou par une forme dauto-analyse davantage que par la délégation à un spécialiste.
la mise en valeur de la diversité sentend différemment à léchelle du système scolaire national (les sous-systèmes sont alors des régions, des ordres denseignement, des ensembles détablissements, éventuellement des établissements) et à léchelle dun établissement. Entre sous-systèmes, on peut comparer des modes de gestion, danimation, dinnovation davantage que le détail des pratiques pédagogiques. À lintérieur dun établissement, la diversité porte sur les pratiques elles-mêmes, le contrat didactique, le climat des classes, lévaluation. Mais le principe général reste le même : il y a en général plusieurs bonnes façons de faire face au même problème et lefficacité des résultats devrait primer sur la fidélité à un modèle unique.
Dans la table ronde finale du congrès, la question a été posée du saut théorique entre la sociologie des organisations formelles et la psychosociologie des petits groupes. Le fossé napparaît béant que si lon nie lexistence, entre ces deux extrêmes, de multiples formes dorganisation représentant à la fois des tailles et des degrés de formalisation divers. Il ny a pas dune part une vaste organisation formelle, dautre part des personnes ou de très petits groupes tentant de trouver leur place et de défendre leurs intérêts dans ce vaste système. Le système scolaire se compose dacteurs collectifs à divers niveaux : les divisions administratives, les services techniques ou scientifiques, les établissements, les associations professionnelles, les mouvements pédagogiques, les corporations de spécialistes ou de professionnels de même statut, etc. Chacune de ces instances défend sa propre philosophie, sa propre politique - parfois en oubliant la réalité quaffronte lenseignant face à ses élèves, contraint de trouver laction pédagogique adéquate au moment voulu (cf. Perrenoud et Montandon, 1988).
Par ailleurs, les individus appartiennent souvent à plusieurs structures simultanément. Ainsi à Genève, un professeur du Cycle dorientation peut-il être à la fois enseignant dans le collège X, membre du groupe des maîtres de français, adhérent du syndicat, collaborateur dun groupe de recherche inter collèges, membre dune équipe pédagogique.
À tous ces niveaux, certains aspects des rôles et des interactions sont codifiés, dautres plus informels. Il y a partout de laffectif, du cognitif, du relationnel. On ne peut opposer un niveau de fonctionnement régi essentiellement par la raison et le calcul stratégique, les cahiers des charges et les budgets, et un autre régi par laffectivité et la personnalité, laction pédagogique et les relations sociales.
Cela ne veut pas dire quà ces différents niveaux, la différence des pouvoirs des acteurs et des décisions qui en découlent sont sans importance. Le droit à lerreur a évidemment dautres conséquences devant un Parlement que devant une assemblée de parents. Mais le mécanisme nest pas totalement différent. La reconnaissance des erreurs, et dans une certaine mesure de leur caractère inévitable modifie de la même façon le dialogue et la critique. De même, les raisons daccepter et de valoriser la diversité ne sont pas totalement différentes lorsquon discute décentralisation administrative à léchelle dune nation ou diversité des pratiques à léchelle dun établissement. Dans tous les cas, il sagit de gérer des risques (désordre, inégalité, discontinuité) et des avantages possibles (souplesse, implication plus forte des acteurs, ajustement au terrain, etc.).
Sans nier les différences, il nous paraît donc que la réflexion sur la façon dont lécole apprend et change na pas à être a priori découpée en problématiques différentes selon léchelle à laquelle on se place. Au contraire, en létat actuel de la réflexion, les paradigmes communs sont les bienvenus et léclairage du microsociologique par le microsociologique ou inversement ne peut être que fécond.
3. Le métier et lépistémologie des chercheurs
Comment lécole apprend-elle ? Peut-elle apprendre ? Ce sont pour une part des questions de recherche fondamentale. Nimporte quel sociologue, psychosociologue, politologue peut se les poser à propos de nimporte quel type dorganisation ou de pratique professionnelle, sans avoir nécessairement lambition daider lécole à apprendre.
En sciences de léducation, cependant, pour des raisons historiques évidentes, la question est aussi de savoir si la recherche peut contribuer aux apprentissages, favoriser le changement de lécole. Le débat ne porte pas alors sur le poids respectif de la recherche fondamentale et de la recherche orientée vers des applications. Cest plutôt dans le cadre de la recherche orientée vers des finalités pratiques (au sens large), quon retrouve toutes les confusions et tous les désaccords classiques à propos des modalités de collaboration entre recherche et politiques de léducation ou pratiques pédagogiques.
Pour les uns - cest la posture la plus ancienne - la recherche peut ou doit se limiter à un rôle de production et de diffusion des savoirs. Le travail des chercheurs est alors de répondre à des questions que se posent ou se poseront un jour ou lautre les décideurs et les praticiens, en fournissant des données, des connaissances de base, des aperçus comparatifs et historiques permettant à chacun de situer sa pratique ou son système dans un panorama plus vaste. Classiquement, la recherche est à la source dun savoir savant qui peut, plus ou moins vulgarisé, être assimilable par les gens décole, en formation initiale ou continue, ou au gré de contrats dexpertises, ou encore à travers des réseaux de diffusion des résultats de la recherche et des savoirs des sciences de léducation et plus globalement des sciences de lhomme.
Nul ne nie que ce soit une des façons dalimenter les apprentissages de lécole à tous niveaux. Selon les cas, les acteurs se serviront des données ou des concepts, pour décider, planifier, comparer ou simplement rêver lavenir et analyser le présent.
La vraie question est donc de savoir sil faut en rester là. Peut-on, doit-on envisager que la recherche orientée vers la pratique joue un rôle actif et légitime danimation, de stimulation des processus de changement et dapprentissage ?
Il nous paraît absurde de vouloir répondre de façon dogmatique et uniforme pour tous les chercheurs et toutes les institutions de recherche. Dans le cadre dune division du travail, à lintérieur des institutions et entre elles, il est parfaitement judicieux quun certain nombre de chercheurs en éducation continuent à accumuler des savoirs fondamentaux et appliqués. Peut-être pourrait-on en attendre alors un effort plus systématique et réaliste de diffusion, dans le sens préconisé par Huberman et Gather Thurler (1990).
Le même pluralisme doit conduire à accepter, voir à promouvoir, à lintérieur des sciences de léducation, des pratiques de recherche-action, de recherche-formation, dintervention qui visent à favoriser les processus dapprentissage communs davantage quà mettre à disposition des contenus de savoirs (Haramein et Perrenoud, 1981 ; Perrenoud, 1988).
Bien entendu, lun ne va jamais totalement sans lautre. Aucun savoir ne favorise lapprentissage de lécole et de ses acteurs sil nest communiqué dune façon assimilable et convaincante, ou même élaboré ensemble avec les acteurs concernés. À linverse, aucune animation, aucune intervention ne dispense le chercheur dapporter certains paradigmes, certains concepts, certaines grilles de lecture de la réalité, certaines informations. Cependant, linsistance sur la dynamique, sur les processus amène à des fonctionnements très différents, notamment dans le sens dune forte implication dans des projets dinnovation ou même dans une part de la gestion des établissements et des systèmes. Les chercheurs font alors partie, clairement, du système dacteurs et jusquà un certain point acceptent le risque de la confusion des rôles et le soupçon de nêtre pas constamment objectifs et rigoureux.
Il nous semble que, plutôt que de rejeter ces pratiques dans la sphère personnelle de chacun, compte tenu de ses choix éthiques ou politiques, il vaudrait mieux les socialiser, créer des lieux où les chercheurs peuvent en parler, construire une déontologie aussi bien quune méthodologie de lintervention, de lanimation, de la recherche-action et de toutes les formes de recherche impliquées (cf. Hugon et Seibel, 1988), enfin, se former à ces pratiques.
Au fondement de ce rôle, on trouve lanalyse suivante :
La recherche, mais surtout les chercheurs, jouent alors le rôle de facilitateurs du changement, dintervenants capables non pas de trouver les réponses ou de résoudre seuls les problèmes, mais daider à les poser et à mobiliser les acteurs du terrain pour les traiter progressivement. Contrairement à ce que suggère parfois une interprétation rapide, il ne sagit pas là de dynamique de groupe seulement, mais dun travail théorique et épistémologique fondamental. Animer un processus dapprentissage institutionnel, ce nest pas seulement aider les acteurs à se parler, à dépasser certaines querelles et certains stéréotypes qui rendent les relations interpersonnelles difficiles. Cest aider un système à reconstruire une représentation de la réalité qui rend le changement possible et souhaitable. Les psychosociologues qui interviennent dans les entreprises et certaines administrations ne font pas autre chose que daider à la fabrication de représentations nouvelles assumables par les divers acteurs ensemble et séparément. Pour cela, il faut une solide formation théorique, un bagage et une expérience de recherche, peut-être de formation. Dans lactuelle division du travail en sciences humaines, seuls des chercheurs en éducation orientés vers lintervention psychosociologique peuvent faire ce travail.
À notre avis, cest une facette comme une autre du rôle professionnel, que tous les chercheurs ne sont pas obligés dassumer - tous nen ont pas le goût ou les moyens - mais qui devrait faire lobjet dune réflexion méthodologique, épistémologique et théorique au sein des institutions scientifiques et des associations de chercheurs. Il importerait aussi que les décideurs et praticiens aient loccasion non seulement dêtre informés des options des chercheurs, mais de négocier des types différenciés de collaboration, en fonction des situations et des besoins.
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