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Le Laboratoire RIFT a le plaisir de vous inviter à la seconde conférence du cycle « Vulnérabilité(s) et formation : des conceptions et des pratiques inventives ». L’intérêt central de cette thématique est d’articuler deux problématiques, celle de l’innovation en formation, et celle des publics à demandes particulières.

 

La vulnérabilité dans tous ses états. Former et apprendre en contexte d'urgence humanitaire

Par Cecilia Mornata, RIFT, Université de Genève
 & Véronique Guillemot, Médecins sans frontières Suisse

Mardi 14 mars 2017 - 17h30 - Uni Mail - salle R030

La conférence sera suivie d'une verrée amicale.

Résumé

Les facteurs source de vulnérabilité auxquels les collaborateurs sont confrontés aujourd’hui, dans différents contextes organisationnels, sont nombreux. Des résultats de croissance toujours plus importants à atteindre, en moins de temps et, souvent, avec moins de moyens ; des conditions de travail difficilement tenables ou des stratégies de plus en plus agressives en termes de ressources humaines laissent peu de place à l’erreur, à l’apprentissage et au développement professionnel. Dans ce contexte, il s’agit, pour les collaborateurs et les organisations, de trouver des leviers permettant de conserver ou développer leur agentivité, leur autodétermination, facteurs d’engagement et d’apprentissage. Pour que ce (périlleux) exercice puisse se déployer, la recherche nous dit que des conditions individuelles et contextuelles doivent être réunies. Or, nous faisons l’hypothèse qu’une dynamique de formation peut jouer un rôle de levier essentiel, non tant par les contenus apportés, mais en termes de reconnaissance et de soutien du sentiment d’efficacité personnel des collaborateurs, leur permettant ainsi de mieux apprendre une fois retournés en situation de travail.

Pour illustrer notre hypothèse, nous allons présenter un cas réel issu d’une situation d’urgence humanitaire nutritionnelle de grande ampleur qui confronte une organisation œuvrant dans le secteur à l’absence massive d’expertise locale dans le domaine médical et para-médical. La décision est prise de former l’ensemble des collaborateurs de terrain par le biais de dispositifs innovants, en défiant des contraintes très importantes telles que : l’imprévisibilité du pic de malnutrition, impliquant une augmentation phénoménale et imprévue des activités ; la quasi absence de compétences dans les métiers à exercer et parfois dans les compétences de base ; un nombre important de collaborateurs employés sur un temps limité, à former très rapidement, avec peu de moyens et dans des domaines pointus, pour qu’ils puissent travailler dans des contextes très difficiles tels que la malnutrition néo-natale. La décision de former a été suivie d’une deuxième décision : évaluer les effets de la formation, tant sur les acquis que sur les processus d’apprentissage.

Ce cas nous semble particulièrement intéressant car il fait état d’un grand nombre de facteurs de vulnérabilité auxquels les acteurs étaient confrontés dans leur quotidien et auxquelles ils ont pu, en partie, répondre grâce à la formation et au dispositif d’évaluation déployé pour rendre compte des effets en termes d’apprentissages. Ces deux actions ont eu une fonction de conscientisation et de reconnaissance des collaborateurs permettant de renforcer l’autodétermination, l’engagement et, au bout du compte, les apprentissages en situation de travail.

22 février 2017
  2017