Hommage à Magali Bovet

Le Décanat de la FPSE a appris le décès, le 11 mars dernier, de Magali Bovet, maître d’enseignement et de recherche de 1981 à 2001.

Née en 1937, Magali Bovet a effectué sa scolarité initiale à Neuchâtel. Elle se rend à Genève pour entreprendre des études de psychologie à l’Institut des sciences de l’éducation, auprès de Piaget et de ses collègues. En 1960, elle obtient une licence en psychologie. Parallèlement à ses études, elle est assistante de recherche bénévole en psychologie génétique pour des travaux d'épistémologie génétique sur la perception du tempo et de la vitesse.

De 1961 à 1962, elle passe une année à l’Université de Harvard, comme chargée de recherche au Center for cognitive studies. De retour à Genève en 1962, elle est engagée à la fois comme collaboratrice au Centre d’épistémologie génétique et comme assistante à l’Institut des sciences de l’éducation. Puis dès 1964, elle travaille comme chargée de recherches à l’Université de Genève.

Magali Bovet développe ses recherches dans plusieurs domaines. Très tôt, elle s’intéresse à des questions interculturelles, menant des recherches sur le développement intellectuel et les processus d’apprentissage en milieu africain. Elle approfondira cet intérêt dans le cadre de sa recherche de thèse, pour laquelle elle se rend à plusieurs reprises en Algérie et collabore avec l’Université d’Alger. Elle fait passer des problèmes piagétiens à des enfants algériens non scolarisés dans différents contextes : ville et campagne. En 1973, elle soutient sa thèse de doctorat en psychologie génétique intitulée « Étude interculturelle de processus de raisonnement : notions de quantité et relations spatio-temporelles », sous la direction de Jean Piaget. Elle ouvre ainsi une voie originale de recherche qu’elle poursuivra notamment en Côte d’Ivoire avec d’autres collaborateurs de Piaget.

Dans le cadre de recherches dirigées par Piaget, elle mène également plusieurs recherches sur l’image mentale et son rôle dans le raisonnement mental. Elle développera cette ligne de recherche sur le rôle de l'image mentale dans le raisonnement opératoire jusque dans ses tout derniers travaux publiés, y compris après sa retraite.

Un autre fil conducteur de ses travaux concernait le rapport entre apprentissage et développement qu’elle développait en collaboration étroite avec Bärbel Inhelder et Hermine Sinclair et qui a débouché sur le livre marquant Apprentissage et structure de la connaissance paru en 1974. Cette question de l’apprentissage, déjà présente dans ses activités de recherche précédentes, s’est concrétisée également dans des recherches à caractère didactique, par exemple en abordant la question de savoir comment et dans quel ordre aborder les notions de poids et de masse à l’école ou encore de savoir comment engendrer une explication causale par apprentissage.

Magali Bovet a ainsi constamment ouvert des perspectives nouvelles et inspirantes dans le cadre de la théorie opératoire de Piaget.