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L’équipe AFORDENS s’intéresse à la manière dont les enseignant.es apprennent leur métier et se développent tout au long de leur vie professionnelle ainsi qu’à la manière dont les formations, initiales et continues, contribuent à ces apprentissages, convoquant tant des savoirs académiques que professionnels et expérientiels. Elle étudie les modalités/moyens (espaces et ingénieries de formation) permettant d’accompagner le développement professionnel dès l’entrée en fonction et tout au long de la vie professionnelle des enseignant.es et des formateur.trices, dans la perspective de préserver la santé au travail. Elle vise à mettre à profit les apports issus des travaux sur le pragmatisme, la pratique réflexive et l’usage de technologies pour la formation pour proposer des ingénieries de formation favorisant la mise à distance et la réflexion collective sur les expériences professionnelles.

Pour appréhender cette complexité, l’équipe s’inscrit dans les approches centrées sur l’analyse du travail enseignant dans une approche clinique de l’activité visant à approfondir la connaissance du travail réel des enseignants grâce à des observations (notamment filmées).

Le programme de recherche de l’équipe articule trois pôles complémentaires pour saisir la complexité et la diversité de ces métiers : le pôle du travail enseignant, le pôle des métiers de l’enseignement et de leurs cultures et le pôle du processus de professionnalisation dans lequel ces métiers s’inscrivent. L’étude de ces trois pôles permet de penser l’interface entre le monde de la formation et le monde professionnel et la manière d’accompagner la circulation des professionnels entre ces pôles.

Etudier de près le travail enseignant permet d’observer comment s’incarnent et s’articulent les postures et savoirs des enseignant.e.s (et des élèves) dans le quotidien de la classe et de l’école/établissement, au-delà des clivages entre savoirs à et pour enseigner, entre savoirs d’action et savoirs théoriques. Les études déjà menées montrent de manière prometteuse qu’en recourant à diverses méthodes d’analyse du travail et à la vidéo, le fait de confronter les protagonistes aux traces de leur activité réelle en situation de travail leur permet d’accéder à des dimensions restées invisibles ainsi qu’au système de normes et valeurs qui sous-tend leur activité. Les analyses des verbalisations produites par les protagonistes, basées sur la sémiotique de Peirce, révèlent que ceux-ci tissent différents niveaux de relation à l’activité qui mettent à jour des processus-clés pour l’apprentissage et le développement professionnel.

L’équipe ambitionne de développer un champ de recherche, de formation et d’intervention s’intéressant à la transposition didactique des gestes de travail et ses effets sur l’apprentissage du métier, notamment à travers la construction d’artefacts donnant à observer, depuis de multiples points de vue, le travail (comme le propose par exemple la plateforme Néopass@ction). L’intégration progressive des nouvelles technologies (notamment vidéo) dans les ingénieries de formation est questionnée, notamment le fait qu’elles apparaissent comme des moyens prometteurs pour favoriser la professionnalisation des formations et améliorer l’alternance en facilitant les liens entre terrains professionnels et institutions de formation, ainsi qu’en optimisant les temps et coûts de formation. La nécessité d’apprendre aujourd’hui tout au long de la carrière invite à approfondir et évaluer les processus d’apprentissage et de développement professionnels (et non seulement à en répertorier les produits), ainsi qu’à concevoir de nouvelles formes d’accompagnement des personnels (enseignant.es, formateurs.trices).

Ce pôle vise à mieux appréhender les phénomènes collectifs, liés à l’organisation et au fonctionnement, qui configurent l’espace d’activité propre aux métiers de l’enseignement. Face à l’entrée d’un nombre de métiers de plus en plus important dans la sphère scolaire pour répondre en particulier aux enjeux d’inclusion, il apparaît aujourd’hui important d’étudier l’articulation des activités propres à ces différents métiers et de favoriser leur collaboration, notamment en proposant des dispositifs de formation inter-métiers. L’analyse des organisations et des dynamiques que ces dispositifs génèrent gagne à être articulée avec les recherches portant sur le workplace learning, les organisations apprenantes, les communautés de pratiques ou les laboratoires du changement. Un second pan de l’activité de recherche de l’équipe vise donc à étudier l’appropriation de ces cultures de métier (en formation initiale, lors de l’entrée dans le métier ou en formation continue), les organisations et fonctionnements collectifs dont les différents métiers de l’enseignement se dotent pour travailler ensemble ainsi qu’à concevoir des dispositifs de formation inter-métiers.

Les résultats des recherches déjà menées témoignent du potentiel de dispositifs rapatriant l’activité de travail via la vidéo pour accéder aux évaluations produites sur l’activité et aux satisfactions/insatisfactions que le visionnement de cette activité génère chez les membres d’un collectif ou en inter-métiers. La mise en place d’enquêtes collaboratives (selon Dewey) basées sur des artefacts documentant l’activité d’apprentissage des apprenant.es (élèves, enseignant.es ou formateurs.trices), couplée à celle d’enseignement ou de formation, permet aux participant.es à l’enquête (qu’ils/elles appartiennent au même ou à différents métiers) de partager des points de vue complémentaires sur les processus d’enseignement-apprentissage en jeu et de réguler leur activité d’enseignement ou de formation. De telles enquêtes permettent de mettre en mots le métier, que ce soit entre membres d’un même métier ou en inter-métiers, et contribuent en retour à nourrir les cultures de métier.

Ce pôle conjugue à la fois l’étude, en situation, de l’activité individuelle et collective des protagonistes impliqués (élèves, enseignant.es, enseignant.es en formation, formateur.trices), ainsi que l’étude des contextes de ces activités. Ces contextes sont en relation a) avec les systèmes de prescriptions institutionnelles locales, nationales ou internationales (cursus scolaires, programmes de formation, directives et orientations politiques, etc.), b) avec les jeux et enjeux des acteurs sociaux constitués en collectifs (associations professionnelles, syndicats, etc.), c) avec l’émergence, la spécification et la diversification des métiers de l’éducation (enseignant.e généraliste ou spécialiste, coordinateur.trice ou conseiller.ère pédagogique, formateur.trice d’enseignants, etc.). Nos recherches documentent la manière dont s’articulent les différents processus de professionnalisation des métiers de l’enseignement qui opèrent aujourd’hui simultanément et qui portent à la fois sur les individus au travail et en formation, sur les dispositifs et programmes de formation ainsi que sur les savoirs qui fondent la légitimité professionnelle. Elles contribueront à la réflexion permanente autour des formations aux métiers de l’enseignement, à la place de ces formations dans la cité, à la documentation des politiques éducatives mises en œuvre dans les dernières décennies.