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Université McGill

LINDA DELL'ANGELA

master en psychologie - 2016-2017

Pour mon année en échange, je voulais complètement changer de cadre : un autre continent, une expérience dans une grande ville, une université en anglais, la psychologie à la canadienne. Je n’étais pas déçue ; mon échange m’a appris beaucoup de choses qui m’auraient échappé en restant à Genève, sur la psychologie, les universités, sur l’Europe et sur l’UniGe. Oui, vous avez bien lu : j’ai évidemment découvert McGill, Montréal et le Canada, mais cela m’a permis d’avoir un tout autre regard sur ce que j’ai cru connaître.

Tout d’abord je raconte de mon séjour sur place. Je suis arrivée trois semaines en avance pour chercher un appartement, organiser mes paperasses et voyager, et je ne l’ai pas regretté. J’ai trouvé un logement assez rapidement, mais il faut visiter les chambres avant de signer un contrat et ne pas se fier aux photos. Une semaine avant les cours, l’université a mis en place une panoplie de petites aides pour accueillir les nouveaux étudiants et faciliter leur installation à Montréal : l’accueil à l’aéroport, un buddies exchange program, un coin de rencontres, un rendez-vous avec les conseillers aux études, des stands des différents opérateurs de téléphone, internet, des banques et du transport public sur le campus, et plein de sorties pour rencontrer des gens.

C’est important d’être bien préparé pour la rentrée, les cours ont démarré de manière assez intense. Les étudiants locaux en 3e année sont habitués au rythme et au fonctionnement, mais en tant que nouvelle arrivante, j’étais plus lente à démarrer. Il y a assez rapidement des travaux à rendre et des examens en mi-semestre, donc le premier cours commence avec plein de matière. C’est beaucoup plus un travail continu qu’à Genève, et les examens finaux comptent souvent pour moins de la moitié de la note, donc il est important de s’y prendre à l’avance. En même temps, on est plus encadré avec plein de dates limites pour de petites rédactions que parfois ça me rappelait un peu le lycée.

Une autre grande différence est la distribution des cours : un semestre comporte 4 à 5 cours équivalents à 6 ECTS (3 crédits canadiens), soit deux sessions par semaine par matière. C’est un aspect que j’ai moins aimé et auquel je n’étais pas vraiment préparée : je préfère couvrir plusieurs domaines avec des cours moins intenses que d’étudier 4 à 5 sujets en profondeur. Il est important de bien choisir les cours dans lesquels on veut s’investir, surtout qu’on a la possibilité d’apprendre des sujets qui ne sont pas enseignés (de la même façon) à Genève.

Contrairement aux attentes de nombreuses personnes, je ne peux pas dire que l’université de McGill est meilleure que l’UniGe ; elle est juste différente. Cette différence m’a permis d’apprécier d’avantage la FAPSE, tout en me formant un regard critique sur certaines choses à améliorer. Même si les étudiants aiment s’en plaindre, nous avons une très bonne formation en statistiques. Pour donner une idée, le bachelor à McGill comprend moins que la moitié de notre matière. J’ai apprécié le contrôle continu et les rédactions à rendre, mais les examens étaient autant, voir plus d’apprentissage par cœur qu’à l’UniGe. Il me manquait aussi la vie de faculté : McGill n’a pas de faculté de psychologie. On peut faire un cursus de psychologie depuis la faculté des sciences ou des arts (sciences humaines), le choix des cours est beaucoup plus libre, et je n’ai pas retrouvé la « communauté » d’étudiants en psychologie comme je la connaissais à Genève. J’éprouvais aussi une plus grande distance entre les étudiants et la faculté : en tant que membre à l’Adepsy, j’ai découvert à quel point les étudiants sont impliqués dans les décisions de la FAPSE, alors que l’association des étudiants en psychologie à McGill n’a aucun mot à dire sur les décisions de la faculté.

Au niveau social, j’avais l’impression de flotter entre deux mondes. D’un côté une superbe communauté d’étudiants internationaux des quatre coins du monde, avec des échanges super faciles et enrichissants et le sentiment d’être « citoyen du monde ». Entre les sorties organisées par les associations internationales et les rencontres spontanées, on peut profiter à fond de la « vie d’étudiant », faire des voyages inoubliables et augmenter l’internationalité de son carnet d’adresses.

Pendant quatre mois, j’ai fait le plein des expériences internationales, mais il faut savoir que la majorité des gens restent juste un semestre, ce qui est probablement la meilleure option. Au semestre de printemps, je me retrouvais quasiment seule, et au lieu de recommencer les soirées de rencontres internationales, j’avais plus envie de m’intégrer dans la communauté locale. Ceci s’avérait plus difficile que la réputation sociable des Canadiens m’a fait penser. J’avais honnêtement du mal à me faire des amis Canadiens, et après avoir parlé à d’autres personnes dans mon cas, j’étais assurée que je n’avais pas perdu toutes mes compétences sociales pendant les vacances de Noël. Les Canadiens, et apparemment les Américains, sont lents à créer des amitiés. Ils sont très ouverts à un premier contact, un trait que nous aimerions souvent avoir plus en Europe. Mais derrière ce contact aisé superficiel, il me manquait l’intégration dans le réseau social. Ni au club de musique, ni aux laboratoires où j’ai travaillé, on ne faisait spontanément de petites sorties après les répétitions ou pour Noël, et les invitations mutuelles pour des dîners communs à la maison avaient du mal à s’organiser. Personne n’a jamais le temps, peu de gens prennent des initiatives, et d’après mon expérience la vie sociale se déroule plus dans les boîtes de nuit que dans un café autour d’un verre. Je ne raconte pas ceci pour décourager quelqu’un de partir en échange, mais je conseille aux motivés d’aller plutôt un semestre qu’une année et de profiter des riches réseaux internationaux au lieu de se fier à la réputation sociable des Canadiens.

Je veux finir avec un petit mot sur mes voyages en Amérique du Nord et sur la richesse que j’ai découvert en Europe. Le Canada a de superbes paysages, de vastes étendues de nature en absence de toute civilisation, et j’ai eu la chance de visiter assez facilement de grandes villes comme New York, Washington, Boston et Toronto. L’échange m’a donné la possibilité de voir des endroits impressionnants que je ne revisiterais plus jamais si facilement, et j’encourage tous ceux qui partent d’explorer un maximum le pays qu’ils visitent. Mais la culture et l’histoire de l’Europe m’ont manqué : il y a peu d’histoire intéressante sur les quelques 300 ou 400 ans d’immigration sur le continent Nord-Américain. Les villes créées avec une précision géométrique (pratique pour l’orientation) manquent de l’originalité et du charme de l’évolution naturelle, et l’art est soit importé, soit copié de l’Europe. J’ai dû faire 800 km pour visiter des villes intéressantes, alors qu’à Genève avec une bonne heure de train je peux changer de décor pour un weekend à Neuchâtel ou à Lyon.

Voici mon expérience personnelle, je ne peux que vous encourager à vous faire la vôtre. Un tel échange est toujours enrichissant, vous pose devant des épreuves, forge votre caractère comme votre regard critique et élargit vos horizons.

8 mai 2017
  Témoignages