Module 4

Chapitre 4.2

« Un professeur, y compris du secondaire, n’est plus en priorité un spécialiste d’un savoir, c’est d’abord un professionnel de l’apprendre. Le métier ne peut plus se limiter à «transmettre» au travers d’une suite de cours, à une classe, à heure hebdomadaire fixe ! De nos jours, les accès aux savoirs sont innombrables et s’il reste quelque chose à transmettre, c’est une passion pour le savoir, pour apprendre à apprendre.

Dans son quotidien, l’enseignant sera « metteur en savoir » pour des ateliers ou des séminaires de 15 élèves. A partir d’un environnement didactique qu’il aura conçu, il mettra à disposition des outils et des ressources pour interpeller les apprenants ; il les encadrera pour  clarifier une situation, poser un problème ou trouver des solutions. Il sera consultant pour 50 élèves afin de répondre tour à tour à leurs questions dans le cadre d’un travail autonome. Il deviendra conférencier pour des centaines ou des milliers d’élèves parce que son cours est numérisé et mis à disposition. Il sera encore remédiateur pour accompagner quelques élèves en grande difficulté, seul ou en petits groupes. Capable de repérer leurs obstacles, il leur permettra de les dépasser ; etc. Bien sûr, il se doit de rester un ancrage, voire (re)devenir une personnalité.

 

Ainsi un professionnel de l’apprendre bien formé doit maîtriser non seulement la (ou les) matières à enseigner, mais tout ce qu’il faut savoir pour interagir avec efficacité avec des enfants et des adolescents. Il sait mettre en perspective chaque savoir pour lui donner du sens. Il sait décoder la situation d’apprentissage et ses contraintes, et notamment l’image de l’école, de l’apprendre pour les élèves. Il ne reste toutefois pas enfermé dans une discipline, il sait croiser les approches ou s’engager dans des démarches transversales, tout en se tenant au courant de l’actualité.

Notamment, il possède des outils pour comprendre les conceptions des apprenants, pour préciser les objectifs éducatifs et formuler un niveau d’exigence. Il maîtrise de multiples ressources didactiques et connaît leurs ressorts respectifs en fonction des obstacles de la pensée (précoces et jeunes en échec y compris). Il sait notamment diagnostiquer les problèmes, mettre en place des prises en charge différenciées, individualiser des parcours de formation, apprendre à apprendre, organiser un environnement éducatif... Il a donc acquis des bases de didactique, mais également d’épistémologie, d’histoire des idées, de psychologie, d’anthropologie, de sociologie et d’analyse institutionnelle.

De plus, il sait susciter le désir… d’apprendre et le goût de l’effort ; ce qui implique de savoir faire des détours pour raccrocher les décrocheurs. Il sait poser son autorité, organiser le travail de la classe, travailler en équipe, inscrire son action dans un cadre institué. Il a encore fait du théâtre, il sait placer sa voix, il est bien dans son corps et a de la présence, il n’a pas peur de dialoguer avec les familles et sa hiérarchie. Par dessus tout, il est curieux et avide de comprendre en permanence le monde, la société et les habitudes des quartiers s’il n’y vit pas. Enfin il a « travaillé » sa personnalité, parce que l’enseignant est avant tout une « personne » et un repère. Etc … »

Extrait de A. Giordan, J. Saltet, Une formation des enseignants pertinente ne s’improvise pas… Educavox, 2012

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Dans votre domaine, imaginer un scénario innovant pour former les enseignants, par exemple en surprenant, bousculant leurs conceptions.

Quels autres cursus, en parallèle aux cursus académiques, sont à créer pour prendre en compte et développer les compétences spécifiques au métier ?

Quelles précautions prendre pour éviter que le pilotage éventuel de l’université n’entraîne un retour à des formes archaïques de transmission des savoirs, voire aux seuls savoirs disciplinaires ?

Comment transformer les savoirs pour la recherche en savoirs pour l’éducation ? Quelles autres dimensions introduire ?

Quels savoirs et quelles compétences spécifiques chaque département de l’université peut-il mobiliser pour contribuer au métier d’enseignants, en formation initiale et continue ?

Comment mettre en place une liaison forte entre savoirs théoriques et savoirs pratiques ?

Quelles interfaces imaginer pour une mise en réseau des personnes qui assurent l’accueil et l’accompagnement des professionnels en formation ?

Quelle évaluation et quel pilotage mettre en place pour réguler la qualité de la formation ?


Ressources théoriques

Articles conseillés

La formation des enseignants en Europe : approche comparative

http://edudoc.ch/record/1043/files/Actes_de_la_Recherche.pdf

A. Giordan, Les enseignants sont-ils des inhibés ?

http://www.andregiordan.com/articles/ecole/ensinhibes.html

A. Giordan, L’enseignant, d’abord un metteur en scène

http://www.andregiordan.com/articles/ecole/ensmettenscene.html

A. Giordan, , IFÉ « FORMER LES ENSEIGNANTS AU XXIÈME SIÈCLE

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2013_01_colloqueIfe.aspx

 

Livres de références

A. Giordan, Apprendre ! Belin, 1998, nlle édition 2002

A. Giordan et G. De Vecchi, Les origines du savoir,  Delachaux, Neuchatel, 1987, réédition Ovadia 2010

 

Enseignants de l’école obligatoire

A. Giordan, Une autre école pour nos enfants ? Delagrave, 2002

J. Saltet, A. Giordan, Changer le collège, Oh ! Editions, 2010

 

Enseignants de maternelle

ML. Cantor et A. Giordan, Les sciences à l'école maternelle,  Delagrave, Nlle édition 2002

 

Enseignants de sciences (primaire et secondaire)

G. De Vecchi et A. Giordan, L'enseignement scientifique, Comment faire pour que "ça marche"?,  Delagrave, Nlle édition augmentée 2002

A. Giordan, F.Pellaud, et coll, Apprendre les sciences, Delagrave 2008

 

Enseignants d’enfants précoces

Giordan, M. Binda (coord.), Acompagner l’enfant précoce, Delagrave, 2006