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Aux heures suisses de l'école républicaine

Contrairement à une idée répandue, l’école de Jules Ferry n’est pas une invention made in France qui se serait élaborée en vase clos. Comme pour la plupart des États enseignants qui se consolident durant le long XIXe siècle, les structures scolaires mises en place sous la IIIe République résultent d’un jeu complexe d’absorptions et de réinterprétations de références étrangères.

Si les penseurs de l’école républicaine que sont Edgar Quinet, Ferdinand Buisson ou Jules Barni, exilés en Suisse sous le Second Empire, ont joué un rôle décisif dans le transfert de pratiques scolaires vers Paris, d’autres médiateurs actifs dans le sillage du Père Girard et de son élève le pédagogue romand Alexandre Daguet restaient à éclairer.

En décloisonnant les espaces pour reformuler des connexions oubliées, cette recherche propose une relecture des relations pédagogiques franco-suisses et développe l’idée d’une standardisation silencieuse des savoirs scolaires. Silencieuse car dès la moitié du XIXe siècle, concilier affirmation nationale et emprunt ne va pas de soi. Les autorités scolaires et les médiateurs s’approprient les savoirs empruntés en leur donnant une couleur locale. Ainsi nettoyés de leur généalogie, ces emprunts sont désormais perçus comme le fruit du génie national, quand bien même on les retrouve déclinés sous d’autres formes chez les voisins qui se targuent d’un discours de déni similaire.

Cet ouvrage répond à la nécessité de réévaluer l’histoire des nations occidentales afin d’en éclairer les racines étrangères et d’en mesurer les dettes et les créances transnationales. Accepter que notre histoire soit aussi celle des autres constitue assurément un défide taille pour l’ego-citoyen du XXIe siècle.


Aux heures suisses de l'école républicaine. Un siècle de transferts culturels et de déclinaisons pédagogiques dans l'espace franco-romand d'Alexandre Fontaine. Paris : Demopolis, 2015.

19 mars 2015
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