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Femmes et entreprises : duo incompatible ?

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Les neurosciences ayant mis en évidence une différence fondamentale entre le cerveau des femmes et celui des hommes, cette découverte impose de repenser la culture des organisations pour qu’elle soit davantage tournée vers la bienveillance.

Qui aurait pensé que le cerveau des femmes* était le talon d’Achille qui les empêche de s’épanouir professionnellement ? Et pourtant, c’est une des implications d’une étude parue en 2017 menée par des chercheurs de l’Université de Zurich. Ils ont en effet montré que les circuits de la récompense du cerveau réagissent à des stimulus différents chez les hommes et chez les femmes. Chez ces dernières, ils sont activés par les comportements prosociaux (de souci de l’autre et sans attente de contrepartie), alors que chez les hommes, ce sont les comportements égoïstes qui les activent.

Je précise d’emblée que, selon les experts, cette différence de câblage n’est pas innée, mais le résultat de l’éducation. Les hommes ne sont donc pas inexorablement condamnés à valoriser les comportements égoïstes. Amener les hommes à apprécier les comportements prosociaux n’est ainsi pas hors de portée, mais comme cette évolution prendra vraisemblablement beaucoup de temps, il faut chercher des leviers d’action plus immédiats.

Comme de très nombreuses organisations ont historiquement été dirigées par des hommes et qu’elles s’inspirent de modèles essentiellement militaires, leur culture s’accommode plutôt bien des comportements égoïstes.

Les femmes, qui valorisent plutôt les comportements prosociaux, ont une perception très différente des choses. Certaines affirment même ne pas se sentir à l’aise dans une culture qui valorise la concurrence, les jeux de pouvoir, la domination ou même les manœuvres politiques. Leurs circuits de la récompense appréciant les comportements prosociaux, ces femmes souffrent du faible niveau de bienveillance et d’équité qui est malheureusement la norme dans la plupart des organisations marquées par un héritage culturel plutôt machiste. Ces organisations se privent de ces talents féminins qui préfèrent rejoindre des organisations ayant une culture plus prosociale.


Comment prendre en compte cette différence de câblage

Comme il a été suffisamment démontré que les comportements prosociaux améliorent la performance à long terme des organisations, il serait suicidaire d’éduquer les femmes à valoriser l’égoïsme.

La seule voie de salut défendable est de modifier la culture des organisations pour qu’elles valorisent les comportements prosociaux et que les femmes s’y sentent mieux. Contrairement à une croyance répandue, il ne suffit pas de mettre plus de femmes à la tête des organisations pour faire évoluer leur culture dans le bon sens. Comme il y a heureusement beaucoup d’hommes qui apprécient une culture prosociale, il y a aussi des femmes qui s’accommodent très bien des comportements égoïstes et qui n’hésitent pas à abuser de leur pouvoir. Si ce sont celles-ci qui sont aux commandes, la culture ne changera évidemment pas, malgré la présence des femmes au sommet. Au contraire…

Une manière beaucoup plus efficace pour aboutir à une culture prosociale consiste à délibérément modifier certaines des règles du jeu qui gouvernent les organisations. Ce n’est pas facile, mais c’est heureusement tout à fait possible, sans basculer dans le monde des Bisounours. Le leadership équitable et bienveillant tel qu’il est enseigné dans le Certificat de formation continue en Responsible Leadership de l’Université de Genève est un exemple de transformation culturelle prosociale dont la mise en œuvre augmente la performance. Le succès de cette formation témoigne de sa pertinence.

En plus d’une performance accrue, les organisations qui font évoluer leur culture vers le prosocial profiteront aussi d’attirer les talents féminins qui aujourd’hui préfèrent quitter le navire dont la culture ne leur convient pas. Une culture prosociale apparaît donc comme un excellent vecteur pour augmenter le nombre de femmes dans les postes d’encadrement supérieur et atteindre la fameuse parité.

Ce sujet a également été traité dans Harvard Business Review France :

Pourquoi le cerveau des femmes ne les prédispose pas à réussir en entreprise


* Le terme « femme » recouvre ici les personnes, quel que soit leur genre biologique (y compris les hommes ou personnes LGBTQIA+), qui ont les caractéristiques psychologiques traditionnellement attribuées à des femmes ou dont le cerveau réagit favorablement aux comportements prosociaux.

Cet article a initialement été publié sur Le Temps le 18 février 2021.