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Gestion du Multilinguisme

Pendant longtemps, on n'associait pas le multilinguisme aux questionnements économiques: on considérait que le multilinguisme relevait de domaines tels que la culture, la communication ou la pédagogie; on prenait parfois acte des dimensions socio-politiques et juridiques qu'il soulève, mais ses aspects économiques restaient largement ignorés. Ce n'est qu'à partir des années soixante du 20ème siècle qu'on a commencé à mettre en relation "économie" d'une part, "langues" et "multilinguisme" d'autre part. Cette mise en relation est intéressante à plusieurs titres:

1) Elle permet de mieux comprendre les comportements linguistiques de différents acteurs sociaux (individus, ménages, consommateurs, entreprises, producteurs, État…), ce qui donne accès à toutes sortes de questions, par exemple:

  • INDIVIDUS : pourquoi et dans quelle mesure vaut-il la peine d'apprendre telle ou telle langue étrangère? Jusqu'à quel niveau de compétence doit-on pousser l'apprentissage afin que cet investissement s'avère profitable?
  • ENTREPRISES : les entreprises multinationales ont-elles intérêt, pour leur fonctionnement interne, à fonctionner dans une seule langue, ou au contraire à favoriser le multilinguisme?
  • ÉCONOMIES NATIONALES : Un pays en voie de développement a-t-il intérêt ou non à adopter plusieurs langues officielles correspondant aux vernaculaires de la population, ou doit-il opter pour la langue de l’ancien colonisateur ?

2) Elle aide à prendre la mesure de l'importance des langues dans l'activité économique, ce qui permet de se pencher sur des questions  telles que:

  • combien "pèse" telle ou telle langue dans l'économie mondiale?
  • quelle est la contribution du multilinguisme à la création de valeur dans une économie nationale?
  • qu'est-ce que le "secteur langagier" dans l'économie, et comment le mesurer?
  • les langues ont-elles une influence sur les processus de développement économique?

3) Elle élargit notre compréhension de la dynamique des langues, c'est-à-dire les processus d'expansion de certaines langues et de recul d'autres langues au cours du temps; on peut ainsi mettre à profit des concepts économiques comme le "coût" et "l'utilité" pour étudier:

  • à quelles incitations réagissent les locuteurs de "petites" langues dans la décision de l'utiliser plus ou moins fréquemment avec la génération suivante, conditionnant ainsi la transmission de cette langue;
  • le rôle du commerce international dans la diffusion des grandes langues et son interaction avec des processus plus généraux de mondialisation ;
  • réciproquement, le rôle des langues dans la détermination des flux du commerce international.

4) L'économie des langues commence également à traiter de questions liées à la traduction et permet ainsi d'enrichir notre vision du travail du traducteur, permettant par exemple:

  • de développer une perspective analytique sur les déterminants de la demande pour les services de traduction;
  • d'analyser la communication multilingue, et plus précisément la traduction, comme un marché, et d'évaluer par exemple si telle ou telle langue est sur- ou sous-représentée dans les activités de traduction à un moment donné ;
  • de regarder de plus près la dynamique du marché de la traduction, et de le mettre en rapport avec des problèmes fondamentaux de l’analyse microéconomique tels que l’asymétrie d’information.

L'éventail des thématiques est vaste et dépasse sensiblement ce qui peut être traité dans le cadre d'un cours de 26 heures. Les principaux objectifs pédagogiques de ce cours sont les suivants:

  • familiariser les participants avec les dimensions économiques du plurilinguisme et les sensibiliser aux enjeux de société qui y sont liés;
  • leur fournir des instruments analytiques permettant de poser un regard économique sur les processus de communication multilingue grâce à l'application à la langue de concepts tels qu'efficacité, efficience, etc.;
  • leur offrir une connaissance factuelle sur certains enjeux tels que les taux de rendement des compétences en différentes langues, le coût des différents régimes de communication multilingue, etc. ;
  • renforcer des compétences figurant dans la grille du "European Masters in Translation" (EMT - http://ec.europa.eu/dgs/translation/programmes/emt/), notamment être conscient du rôle social du traducteur (EMT 1), suivre les besoins des marchés et les profils d’emploi (EMT 2), développer esprit de curiosité, esprit analytique et de synthèse (EMT 43).