Carnets de recherche

Un atelier sur la friche des Tartres à Paris, Saint-Denis

Séréna Vanbutsele, maître-assistante au sein du Pôle / Institut GEDT, est impliquée dans le comité de pilotage du réseau Inter-Friches. A l'occasion de la première rencontre de ce réseau sur la friche des Tartres à Paris, la chercheuse présente dans ce carnet de recherche les thématiques abordées au sein de ce réseau. 

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Souvent étudiées, les friches apparaissent pour une grande variété des causes : qu’il s’agisse de déroulés administratifs complexes, de conditions physiques défavorables (pollution, topographie), de charges foncières trop élevées pour envisager une mutation, de disparition d’activités (agricoles, industrielles, commerciales), d’obsolescence du bâtiment ou encore de situations urbaines délicates (décroissance urbaine, spéculation). L’étude des possibles transformations des friches a aussi souvent été menée (parcs, opérations immobilières, réserves foncières,). Toutefois, ces études posent souvent l’hypothèse d’une entité friche univoque, là où ce concept est plus polysémique qu’il n’y paraît. Le réseau Inter-Friches propose d'adopter un angle d'étude différent en questionnant la formalisation du concept de friche et ses nombreuses significations selon les prismes disciplinaires de chercheurs et acteurs de la ville.

En janvier 2019, le réseau inter-friche s'est réuni pour la première fois lors d'une rencontre interdisciplinaire et internationale. Cette première rencontre, sous forme d'atelier, a permis de rassembler treize chercheurs autour de la friche des Tartres à Paris, Saint-Denis et de croiser pendant deux journées leurs regards disciplinaires. Cette rencontre a été organisée en trois temps distincts pour créer les conditions propices au développement d’une réflexion interdisciplinaire.

Le premier temps a permis d’effectuer un état de l’art sur les friches urbaines. Nous avons effectué un bilan des recherches en cours, mais aussi des méthodes, des outils et des problématiques spécifiques aux disciplines engagées dans l’étude des friches urbaines.

Un deuxième temps a consisté en l’arpentage d’une friche urbaine située à la lisière de trois communes de la Seine-Saint-Denis (Pierrefitte-sur-Seine, Stains et Saint-Denis). La “zone des Tartres” comporte une part centrale de terre agricole qui s’enfriche et une épaisse lisière de terres comportant des espaces de chantier, d’autres occupés par la végétation, des jardins et quelques habitats temporaires. Le temps long de l’aménagement a généré une occasion pour les nombreuses occupations de s’ancrer, que nous avons pu constater en quelques heures de parcours piéton. Celles-ci illustrent la variété complexe des enjeux touchant les friches urbaines face au terrain concret.

Un troisième temps, constituant le deuxième jour, a consisté en une mise en commun des questions liées à l’état de l’art et à l’arpentage collectif de la “zone des Tartres”. Les nombreuses questions posées appelant à des réponses différentes en fonction des disciplines représentées, trois groupes de travail ont été organisées. Cette première mise au point disciplinaire était axée sur les problématiques, les définitions et les terminologies spécifiques à chaque groupe. Puis une nouvelle mise en commun a permis d’élaborer un cadre conceptuel transversal des friches urbaines, avec des problématiques et une terminologie partagée.

Ce premier atelier sur la friche des Tartres inaugure une série d'autres ateliers Inter-Friche. Ceux-ci ont pour objectif de questionner les potentialités de friches urbaines à Paris (Fr), Tours (Fr), La Louvière (Be) et Genève (Ch) par un arpentage collectif. A la suite de ce premier atelier, le caractère polysémique du concept de friche et les invariants associés dont celle de la régulation ont été mis en exergue et feront l'objet d'une communication dans le cadre des rencontres internationales en urbanisme de l'APERAU (association pour la promotion de l'enseignement et de la recherche en aménagement et urbanisme) qui auront lieu à Strasbourg en juin 2019.

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Le réseau Inter-Friche est soutenu par la Maison des Sciences de l’Homme de Paris-Nord. Le GEDT contribue également au financement de ses chercheurs participants aux ateliers Inter-Friches. Le réseau est piloté par Marc Dumont, Stéphanie Espejo-Zeballos (équipe TVES), Marion Brun, Francesca Di Pietro (laboratoire CITERES), Cécile Mattoug (laboratoire Géographie-cités), Séréna Vanbutsele (Institut de la Gouvernance de l’Environnement et du Développement Territorial de l’Université de Genève), Kristel Mazy et Simon Blanckaert (Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université de Mons) et Sarah Dubeaux (ENS).

27 mai 2019
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