Carnets de recherche

Sur les traces d’une green city à Kigali, terrain exploratoire

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Dolorès Bertrais, candidate au doctorat mention 'Aménagement et Urbanisme' sous la co-direction d'Armelle Choplin, Professeure associée à l'UNIGE, et de Gabriel Fauveaud, professeur adjoint à l'UdeM, nous partage son expérience de terrain exploratoire au Rwanda.

 

sur les traces d’une green city à Kigali, terrain exploratoire…

Ce terrain exploratoire au Rwanda pendant 42 jours, entre janvier et février 2022, fut mené dans le cadre d’une recherche en études urbaines qui analyse notamment la fabrique des modèles urbains globalisés green et smart city dans des métropoles dites « secondaires » à travers les villes de Phnom Penh et de Kigali. 


premiers pas en Afrique subsaharienne

Arriver dans un environnement inconnu demande de se laisser du temps.

..............Arpenter, dessiner, écrire, discu­ter, photographier, et se laisser imprégner par ce nouvel environnement pour tenter de comprendre de quelles manières la ville de Kigali est habitée.

..............Déambuler à pied dans les rues de Kigali sans itinéraire précis pendant plusieurs jours, sans notion de temps avant éventuellement de mobiliser une méthode empirique plus « organisée » axée sur un aspect spécifique.

..............Quoi de mieux que de se laisser porter, bien chaussée, au gré du vent pour cette première rencontre avec Kigali et ses nombreuses collines ?


 Cette posture a été celle adoptée pendant l’ensemble du terrain. Certes nuancée, car certains jours, je souhaitais me rendre à des lieux précis, observer de manière consciente des projets urbains en cours de construction ou déjà mis en œuvre. Ou encore, me rendre en amont de ceux qui allaient se déployer dans les prochains mois à l’exemple du projet Green City Kigali (GCKP) à Kinyinya Hill. Parmi les nombreuses observations réalisées au gré des jours, plusieurs visites de terrain ont été effectuées. Il s’agissait de visiter les projets de développements immobiliers (affordable housing ou social housing) ou les projets paysagers majeurs qui (re)structurent la ville.

De ces nombreuses balades urbaines, des croquis, des photographies et des notes de terrain ont été réalisées. Plus de 50 pages de notes des­criptives, de contemplation, de morceaux de vie, de visites, d’entretiens informels (passants rencontrés dans la rue, collègues, etc...) ont été rédigées.

Durant ce travail exploratoire, 20 entretiens semi-directifs ont été menés (en français et en anglais, sans traducteur.rice), le questionnaire employé était empreint du contenu de celui mobilisé l’an passé à Phnom Penh. Ces rencontres ont été réalisées avec des prati­ciens de l’aménagement (architectes, urbanistes), des décideurs politiques (échelon municipal et ministériel), des développeurs immobiliers, et des organisations et experts internationaux qui pensent, fabriquent et habitent la ville. La planification des interviews s’est essen­tiellement faite à l’aide d’intermédiaires et de l’effet « boule de neige ».

Via questionnaires fermés, une collecte de données auprès des ménages concernés par le futur projet GCKP à Kinyinya a été réalisée à l’aide d’Anna, Aline et Rosine, étudiantes devenues traductrices, facilitateur.ices le temps de ce séjour. Les questionnaires complétés par les habitant.e.s concerné.e.s par le GCKP reflète les questions soulevées en amont avec certain.e.s participant.e.s aux entretiens semi-dirigés. À la question clé liée au foncier s’agence la question des compensations financières.

Ce terrain fut également l’occasion de rencontrer mes pairs de l’école d’architecture de Kigali (SABE) à laquelle j’étais affiliée le temps de ce séjour. J’ai également eu l’opportunité d’échanger avec d’autres universités et de présenter mes travaux sur le Cambodge lors d’une conférence organisée le 18 février 2022 à l’Ins­titut Catholic de Kabgayi (ICK) nommée Urban Development and Planning in Developing Countries: Experience from Cambodia.

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© Dolorès Bertrais – Penser la green city au-delà du couvert végétal qui est présent dans la ville de Kigali – 03.02.2022


 

 À l’issue de ce premier terrain au Rwanda il est pos­sible d’ouvrir plusieurs pistes de réflexion :

  • communiquer 

Plusieurs moments vécus illustrent les limites de cette re­cherche et les questions éthiques qui la sous-tendent. Les interactions avec la plupart des acteurs sur le terrain ont parfois été compliquées.

  • se rendre, habiter et y retourner

Ce terrain a soulevé de nombreuses surprises que je ne pouvais soupçonner dans la littérature en amont. L’urbanisation très rapide, la mise en œuvre, puis la révision en 2018 du Master Plan rendent les études lues partiellement surannées, car antérieures à ces mises à jour. Ce temps sur place m’a fait découvrir les liens de plus en plus complexes, intriqués au-delà du politique. Je défends alors la nécessité de s’appuyer sur une démarche empirique qui renouvelle l’expérience pour éviter les biais d’un instant T, à l’aide d’un tra­vail itératif.

  • soulever de nouvelles hypothèses

Après ce terrain il m’est apparu intéressant de décaler mon regard… affaire à suivre !

26 avril 2022
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