La GSEM au télétravail: Dimitri Konstantas, Professeur en systèmes d'information

Comment les membres de la GSEM vivent le confinement et le télétravail? Aujourd'hui, Dimitri Konstantas, Professeur en systèmes d'information et Directeur de l'Information Science Institute, partage son expérience:

Comment votre travail se passe-t-il à distance ?

C'est un peu compliqué. N'ayant pas de bureau «privé» à la maison, nous devons partager le salon. Il n'est alors pas facile de séparer la vie privée du travail. Les tâches du quotidien (s'occuper des enfants, préparer le déjeuner…) interrompent très souvent notre travail. Ce n'est pas simple non plus de discuter par téléphone avec des collègues de certains problèmes critiques nécessitant une solution.

Qu’a changé cette situation pour vous?

En positif

• de nombreux délais (projets, rapports...) ont été prolongés, donc nous avons un peu plus de temps pour nous préparer et réfléchir.
• le rythme de travail a changé. Il est devenu plus détendu car de nombreux petits problèmes du bureau ont disparu (gestion de l'équipement des assistants, résolution des problèmes interpersonnels...).

En négatif

• je me suis retrouvé à travailler 12 heures par jour pour assurer 8 heures effectives (trop d'interruptions)
• trop de vidéoconférences car de nombreux problèmes simples ne peuvent plus être résolus par contact direct lors du café ou la pause de midi.

Quel a été le défi majeur pour vous pendant le confinement?

Au début, le grand défi a été d'installer un environnement de travail à la maison et de ramener tous les dossiers papiers.

Pendant le confinement, il n'a pas été simple d'équilibrer le travail et les tâches privées (donner des cours aux enfants, faire le suivi...).

Quel côté positif inattendu avez-vous trouvés ? 

Le travail peut être plus relaxant et plus efficace s'il y a un environnement de travail adéquat à la maison (un espace de bureau privé).

Qu’est-ce qui vous manque le plus?

Les interactions avec les collègues ainsi que les réunions de projets de recherche avec les collaboratrices et collaborateurs internationaux.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus ?

Certaines propositions que nous avions faites (comme donner un cours entièrement en ligne) qui, jusqu'en février, rencontraient une certaine réticence sont soudainement devenues possible sans aucune préparation ! Ce que j'aime, c'est que beaucoup de choses qui étaient en cours de discussion et d'évaluation, avec une possible application dans les deux ans (travail à distance, cours en ligne, conférences en ligne, etc.) sont devenues la norme en 24 heures et cela convient à tout le monde. Nous nous sentons confirmés dans notre conviction.

Un conseil pour tenir le confinement ?

Il n'y a aucun conseil à donner, c'est une approche très personnelle et chaque personne a des besoins différents. Certain-e-s sont solitaires par nature et n'ont pas besoin d'interaction avec les autres, tandis que d'autres ont davantage besoin d'interactions sociales. De plus, certaines personnes sont très prudentes en matière de sécurité sanitaire et d'autres sont plus détendues face à cela. N'étant pas psychologue, je ne peux pas vraiment offrir de conseils qui conviennent à tous et toutes.

Comment décrire cette période en quelques mots ? 

Une période de révélation pendant laquelle la manière d'appréhender le travail a changé pour toujours. Dans six mois, nous aurons peut-être tout oublié MAIS les effets resteront.

Que retiendrez-vous après le confinement ?

Que je peux travailler à la maison lorsque les enfants ne sont pas là et que cela ne posera pas de problème. Et que les gens doivent être un peu poussés à accepter la nouveauté (ce qui finira par leur simplifier la vie).

Un dernier mot?

Pour quelqu'un comme moi qui évolue dans le domaine de la technologie et a beaucoup travaillé sur les services et les applications mobiles, ce qui est intéressant à voir, c'est comment la nouvelle application pour le traçage du Covid sera acceptée. Les gens ne réalisent pas le changement majeur que cette application apportera et l'effet qu'elle aura sur d'autres applications. Google et Apple ont modifié leur système d'exploitation pour que cette application fonctionne, une modification qui affectera et sera utilisée par d'autres applications.

Je ne vous expliquerai pas la partie technique (contactez-moi pour plus de détails si vous le souhaitez!) mais cette application et son fonctionnement inversent des pratiques solidement établies sur lesquelles étaient basés les services et les téléphones portables.

L'échange automatique de données entre deux personnes proches via Bluetooth, sans l'autorisation du propriétaire (comme c'était le cas jusqu'à présent) aura un impact majeur sur la conception et le fonctionnement des futures applications. Ces changements (pour le meilleur ou pour le pire) ouvriront la voie à l'échange d'autres types d'informations, qui seront utilisées pour de nouveaux services personnalisés.

Une nouvelle ère pourrait ainsi commencer ...

Merci Dimitri !

Ce semestre, Dimitri enseigne les cours "Technologies and Architecture for Data" et "Security of Information Systems". Il dirige par ailleurs l'Information Science Institute.