“L’uti possidetis et son application dans le cadre de la sécession”
Margaux Germanier
GSI Working Paper BA LAW 2021/04
N° ISSN: ISSN 2624-8360
Discipline : LAW
Date: 2021
Keywords
Uti possidetis Effectivité Sécession
Frontières Autodétermination des peuples
Abstract
En 1991, la Commission d’arbitrage Badinter propose le recours à l’uti possidetis pour régler les différends frontaliers apparus lors de la dissolution de l’ex-Yougoslavie. A l’origine appliqué aux situations de décolonisation en Amérique du Sud puis en Afrique, transformant les limites administratives coloniales en frontières internationales, le principe de l’uti possidetis ne pourrait cependant être appliqué à la sécession par analogie, comme le fait la Commission Badinter. La décolonisation est effectivement régie par le droit, notamment par le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, alors que les sécessions et les dissolutions d’États reposent surtout sur l’effectivité. Ce travail de recherche tente ainsi de réduire l’opposition entre droit et faits, afin de justifier l’application de l’uti possidetis aux sécessions d’États dans le cadre de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie. Après avoir prouvé le lien intrinsèque entre uti possidetis et droit ainsi que la neutralité du droit international en matière de sécession, ce travail parvient cependant à trouver un rapport plus harmonieux entre uti possidetis et sécession. Il est effectivement possible d’assimiler l’effectivité à une règle de droit et ainsi amoindrir l’écart entre sécession et légitimité ; l’effectivité a également joué un rôle non négligeable dans l’application de l’uti possidetis lors des épisodes de décolonisation. L’argumentaire soulevé permettrait donc de brouiller l’antinomie droit-effectivité, et par là-même réduire l’incompatibilité entre uti possidetis et sécession.
In 1991, the Badinter Arbitration Commission proposed the use of uti possidetis to settle border disputes arising from the dissolution of the former Yugoslavia. Originally applied to situations of decolonisation in South America and then in Africa, transforming colonial administrative limits into international borders, the principle of uti possidetis could not, however, be applied to secession by analogy, as the Badinter Commission does. Decolonisation is indeed governed by law, notably by the right of self-determination principle, whereas secessions and dissolutions of States are mainly based on effectivity. This paper will then seek to reduce the opposition between law and fact in order to justify the application of uti possidetis to State secessions in the context of the break-up of the former Yugoslavia. Having proved the intrinsic link between uti possidetis and law as well as the neutrality of international law with regard to secession, this research paper will however find a more harmonious relationship between uti possidetis and secession. It is indeed possible to assimilate effectivity to a legal norm and thus narrow the gap between secession and legitimacy; effectivity has also played a significant role in the application of uti possidetis during episodes of decolonisation. The argument raised would thus blur the law-effectivity antinomy, and thereby reduce the incompatibility between uti possidetis and secession.