Projets de recherche

The Developmental State Strikes Back? The Rise of New Global Powers and African States’ Development Strategies

Requérants responsables : Didier Péclard (Unige) & Antoine Kernen (Unil)

Coordinateur : Guive Khan-Mohammad (Unige)

Projet financé par le Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique (FNS) dans le cadre du Swiss Programme for Research on Global Issues for Development (R4D)
Début/Fin: 01.09.2016 – 31.08.2019

Ce projet étudie la reconfiguration de la place et du rôle des États africains dans un paysage du développement en pleine mutation. Il réunit onze chercheurs localisés dans quatre institutions de recherche (Université de Genève, Université de Lausanne, Université de Bouaké en Côte d’Ivoire et Université Yaoundé II au Cameroun). Résolument interdisciplinaire, ce projet fait dialoguer des approches de science politique, de sociologie, d’histoire et d’économie, tout en privilégiant le terrain.

Contexte

Le projet s'appuie sur deux observations interconnectées: (a) depuis la fin du consensus de Washington, de nouveaux paradigmes émergent dans le domaine du développement international, qui confèrent à l'État un rôle plus important en tant que moteur du développement; (b) grâce à des niveaux de croissance économique sans précédent et à un paysage diversifié de donateurs et d'investisseurs, les États africains semblent jouir d’une nouvelle marge de manœuvre dans la définition de leurs politiques de développement. Dans ce projet, nous plaçons ainsi les stratégies de développement des États africains au centre de l'analyse en interrogeant la manière dont ils réagissent et s’approprient les changements opérés dans les politiques de développement au niveau global, aussi bien que ceux induits par l'arrivée de nouveaux acteurs sur la scène du développement (Chine, Inde, Brésil, Russie, Turquie, etc.). Le projet permettra donc de déterminer si et dans quelle mesure les stratégies des États africains mises en œuvre dans ce nouveau contexte peuvent avoir un impact favorable sur le développement social et humain, ou si elles tendent plutôt à reproduire et à renforcer les relations de pouvoir préexistantes.  

Les stratégies « d’émergence » qui se déclinent sur l’ensemble du continent à la faveur de ce nouveau contexte sont-elles, en d’autres termes, une nouvelle façon de capter une rente de la dépendance, ou sont-elles, au contraire, porteuses de profonds changements sociaux et économiques ?

Objectifs

Le projet est structuré autour de trois ensembles de questions de recherche correspondant à trois niveaux d'analyse différents.

  1. Nouveaux discours : Au niveau macro, nous cherchons à comprendre l’évolution actuelle des discours et des politiques de développement, en nous interrogeant en particulier sur la façon dont l'État (ré)émerge en tant que moteur du développement. Comment la sortie du consensus de Washington se manifeste-t-elle dans les discours et politiques de développement au niveau global ? L'arrivée de la Chine et d'autres puissances mondiales émergentes sur la scène du développement international a-t-elle un impact sur ces changements ? Quelle est l'influence du modèle de développement chinois de « modernisation par le haut » (high modernist) sur la conception et la mise en œuvre des plans et stratégies de développement en Afrique ? Comment les Etats africains conçoivent-ils leur rôle modernisateur dans ce nouveau contexte ?
  2. Nouveaux acteurs, nouveaux modes de financement et nouvelles pratiques: Au niveau méso, notre approche vise à saisir la diversification des pratiques africaines de développement au cours des dix à quinze dernières années. Comment les gouvernements africains mettent-ils en œuvre leurs stratégies de développement en tenant compte de la multiplicité des acteurs mondiaux qui ouvre de nouvelles opportunités de soutien matériel ou financier ? Quelle influence le type et les conditions de financement ont-ils sur les stratégies de développement ? Les Etats africains peuvent-ils prendre les commandes de la planification des programmes de développement en jouant sur la concurrence entre les acteurs mondiaux « nouveaux » et « traditionnels » et en augmentant leur propre soutien financier ? La Chine et les autres puissances mondiales émergentes représentent-elles des modèles alternatifs de développement ? Comment l'expert en développement est-il influencé par ces modèles ?
  3. Nouveaux projets et gouvernance : au niveau micro, nous nous concentrons sur des stratégies de développement dans les deux pays partenaires (Côte d’Ivoire et Cameroun), ainsi que sur d’autres terrains secondaires (République Démocratique du Congo, Angola, Burkina Faso). Un accent sur quelques grands projets d'infrastructure nous permettra de mieux comprendre les stratégies de développement nationales « par le bas ». Nous considérerons ces projets aussi bien dans leur dimension matérielle qu’en tant que symboles d'une vision particulière du développement. Ces projets sont-ils seulement les moteurs de croissance économique d’une stratégie de développement articulée autour des politiques pro-industrielles ou favorables à la croissance ? Quelles sont leurs autres dimensions - politique, symbolique, rhétorique ? En étudiant l'histoire (conception, financement, réalisation) de ces projets, nous pourrons comprendre la signification réelle du discours sur l'émergence : Quel genre d'effets le retour du modèle d'État développementaliste a-t-il sur les structures de gouvernance et les relations de pouvoir en Afrique ? Dans quelle mesure les politiques de croissance économique et les stratégies d'investissement sont-elles guidées par un programme de développement ? Quels sont les liens entre le retour de l'État développementaliste et la construction de la légitimité des États et des régimes africains, tant sur le plan national que sur la scène internationale ?

Terrains de recherche

  • Cameroun : étude de cas principale
  • Côte d’Ivoire : étude de cas principale
  • Angola : étude de cas secondaire
  • République Démocratique du Congo : étude de cas secondaire
  • Burkina Faso : étude de cas secondaire

Pour plus d’informations : https://devstate.hypotheses.org/