20 octobre 2022 - Jacques Erard

 

Analyse

«La science est un bien commun»

 

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Un centre de vaccination contre le Covid-19 près de Johannesburg, en Afrique du Sud, en décembre 2021. Photo: Luca Sola/AFP


Inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, le droit à la science s’entend notamment comme le droit de chacun-e à «participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent». Cependant, alors que les progrès scientifiques et technologiques jouent un rôle clé pour répondre aux défis globaux actuels, que ce soient les dérèglements climatiques, la perte de la biodiversité ou les enjeux liés à la santé, ce droit est rarement mentionné. La crise du Covid-19, par exemple, a pourtant montré que l’inégalité d’accès aux vaccins était non seulement un facteur de propagation du virus, mais pouvait également être considérée comme une violation des droits humains.

Chercheur auprès du pôle Gouvernance de l’environnement et développement territorial et chargé de cours au département de Sociologie de l’UNIGE (Faculté des sciences de la société), Peter Bille Larsen a récemment organisé à ce sujet un «Dialogue sur les droits humains», en collaboration avec la Commission Suisse pour l’Unesco, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et des organisations non-gouvernementales locales. Cette rencontre a débouché sur la publication d’un rapport qui énumère un certain nombre de recommandations pour que le droit à la science soit davantage pris en compte. Pour Peter Bille Larsen il s’agit en effet d’un outil sous-utilisé pour promouvoir l’accès équitable aux résultats de la recherche et la diversité des savoirs, et pour défendre les conditions de travail des scientifiques, de plus en plus souvent menacées.

«Les Nations unies ont mis en place une fonction de rapporteur/euse spécial-e pour le droit à la culture ou à l’alimentation, argumente le chercheur. Pourquoi pas un-e rapporteur/euse spécial-e pour le droit à la science?» Les sujets de préoccupation ne manquent pas. Outre l’inégalité d’accès aux produits de la recherche dans le domaine médical, les modes de financement de la science, les questions de propriété intellectuelle, la protection de l’indépendance des chercheurs/euses, l’accès à l’information scientifique et la lutte contre la désinformation relèvent à un titre ou à un autre des droits humains. «La science est un bien commun, résume Peter Bille Larsen. Elle doit être défendue comme telle auprès des instances internationales et dans les interfaces entre science et politique». Un pas dans cette direction a été fait par le Conseil des droits de l’homme qui a inscrit au menu de son Forum social qui aura lieu en novembre 2023 la contribution de la science, de la technologie et de l'innovation à la promotion des droits de l'homme, y compris dans le contexte du post-pandémique.

Peter Bille Larsen au prochain Déjeuner sociologique en compagnie de Shyami Puvimanasinghe du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme
«The right to science: quo vadis?»
Jeudi 27 octobre de 12h30 à 13h30 – Uni Mail, salle M4020

 

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