1er octobre 2020 - Melina Tiphticoglou

 

Événements

Le Dies academicus relève le défi des frontières fermées

Cinq doctorats «honoris causa» et quatre prix et médailles seront décernés le vendredi 9 octobre à l’occasion d’un Dies academicus 2020, placé sous le signe de la cohésion.

 

1200x500_dies20.jpg

 

Vendredi 9 octobre, c’est la cohésion qui sera le maître mot de la cérémonie du Dies academicus 2020. Ce thème, choisi avant la crise du Covid-19, résonne aujourd’hui avec un sens particulier. Subitement fermée durant trois mois, l’Université a en effet dû se réinventer entre-temps. «Chacun et chacune, depuis son domicile, prenant ses responsabilités à cœur, a dû faire preuve d’initiative et de créativité pour poursuivre son activité et permettre à l’institution de continuer à fonctionner, rappelle le recteur, Yves Flückiger. Malgré l’isolement, nous avons senti un grand esprit de cohésion, beaucoup d’entraide et de solidarité.»


Le recteur évoquera ce moment particulier qu’a été le semi-confinement pour l’institution, mais ce jour de célébration et de remise de prix sera surtout l’occasion de mettre en exergue ce que la science peut apporter en termes de cohésion au sein de la société. Paradoxe de la situation: en raison de la crise sanitaire, une partie des lauréat-es ne pourra être physiquement présente, forçant les organisateurs à revoir le déroulé de la cérémonie et à intégrer des duplex télévisuels avec les quatre coins du monde. Première escale en Guyane, terre natale de Christiane Taubira, pour décerner un doctorat honoris causa à l’ancienne garde des Sceaux et ministre de la Justice française. Femme politique engagée, elle est notamment connue du public pour la «loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité», dite loi Taubira. C’est également elle qui a porté le projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, qu’elle qualifie de «réforme de civilisation».

Détour ensuite par Paris, afin de remettre la même distinction à Françoise Barré-Sinoussi, virologue à l’origine de la découverte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) responsable du sida, dont les premières images paraissent dans la revue Science en mai 1983. Une prouesse qui lui vaudra, entre autres récompenses, le prix Nobel de médecine en 2008 (lire l'article de Campus à ce sujet). Enfin, départ pour l’Australie où exerce le professeur Stephen Billett de l'Université Griffith, spécialiste de renommée mondiale dans le domaine de la formation des adultes et des apprentissages en situation de travail.

 

Scientifique emprisonnée

L’auditoire d’Uni Dufour, dans lequel se déroule la cérémonie, ne sera pas vide pour autant. Roland Marchal représentera sa compagne, Fariba Adelkhah, actuellement incarcérée en Iran. Cette chercheuse de terrain, internationalement reconnue et respectée par ses pairs, a été condamnée en mai 2020 à cinq ans de prison pour «collusion en vue d’attenter à la sûreté nationale» et «propagande contre le régime». Spécialiste en anthropologie sociale et politique de l’Iran post-révolutionnaire, Fariba Adelkhah est directrice de recherche au Centre de recherches internationales (CERI) de la Fondation nationale des sciences politiques (Sciences Po, Paris). Ses recherches actuelles traitent de la circulation des clercs chiites entre l’Afghanistan, l’Iran et l’Irak et de leur rôle dans la nouvelle géographie sociopolitique du chiisme. «Avec ce doctorat honoris causa, nous souhaitions mettre en lumière les travaux d’un-e collègue travaillant à l'échelle d'une aire géographique dans le Sud global, où exercent des chercheurs et chercheuses de très grande valeur académique, explique Bernard Debarbieux, doyen de la Faculté des sciences de la société. Il nous semblait aussi important de rendre visibles les risques que fait courir la recherche en sciences sociales, car le cas de Fariba Adelkhah n’est pas isolé. Dans de nombreux pays, les sciences sociales sont perçues comme dangereuses pour les connaissances qu’elles peuvent produire.»

Présent à Genève lui aussi, Pierre-François Moreau recevra également un doctorat honoris causa. Philosophe et historien de la philosophie, codirecteur de la collection «Philosophies» aux Presses universitaires de France, il dirige en outre une édition bilingue des œuvres complètes de Spinoza en sept volumes.

Au fil de la matinée, quatre autres prix et distinctions seront décernés: la Médaille de l’Université sera attribuée aux Hôpitaux universitaires de Genève, la Médaille de l’innovation au Laboratoire de technologie avancée, le prix mondial Nessim-Habif à la Fondation Martin Bodmer et le prix Latsis à Anne-Lydie Dubois, docteure en histoire générale.

CÉRÉMONIE DU DIES ACADEMICUS 2020

Vendredi 9 octobre | 10h | U600
Uni Dufour, 24 rue du Général-Dufour, 1204 Genève

Entrée libre sur inscription

Retransmission en directwww.unige.ch/dies 

 

CONTACT
dies(at)unige.ch