16 décembre 2021 - Alexandra Charvet
«Les camps sont la pire manière d’accueillir un exil forcé»
Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik sera le dernier conférencier du cycle «Regard interdisciplinaire sur la migration forcée». Auteur d’une soixantaine de livres et lauréat de nombreux prix, ce spécialiste de la résilience abordera la transmission des traumatismes à travers les générations. Entretien.
Boris Cyrulnik est l'invité du cycle de conférences publiques données dans le cadre du cours «Regard interdisciplinaire sur la migration forcée» coordonné par le Global Studies Institute et la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation. Image: DR
LeJournal: Sur le plan psychologique, qu’est-ce qui distingue la migration forcée de la migration choisie?
Boris Cyrulnik: La migration forcée est une cascade de traumas. Le premier parce qu’on est obligé-e de s’arracher à sa famille et à son pays, de renoncer à sa familiarité, à son quartier, à son métier… Le trajet est responsable d’un deuxième traumatisme: la personne migrante y est souvent escroquée, exploitée, voire même agressée physiquement. Et l’arrivée est génératrice d’un troisième trauma: comme la personne n’est pas attendue, elle est souvent mal accueillie. La migration choisie est tout à fait différente: on quitte son pays pour aller en explorer un autre et pour s’enrichir mentalement. Le trajet est sûr et, à l’arrivée, on est accueilli-e comme quelqu’un de riche, que ce soit financièrement ou intellectuellement, comme dans le cas d’un-e étudiant-e.
LES TRANSMISSIONS DES TRAUMATISMES
Conférence de Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et écrivain, lauréat du prix Renaudot, docteur honoris causa de l’Université catholique de Louvain
Lundi 20 décembre | 18h30 | Uni Mail, MR380, sur inscription