Cette année, la cérémonie du Dies academicus met les intelligences à l’honneur. Au pluriel, pour englober l’intelligence artificielle – dont l’essor fulgurant interroge nos valeurs et notre avenir – et son pendant humain. Face aux promesses et aux risques de l’IA, il appartient en effet à l’académie de réfléchir à ce qui fait la singularité de l’intelligence humaine: sa dimension cognitive, mais aussi sociale, relationnelle et émotionnelle. 

Cette pluralité sera au cœur de la journée officielle de l’alma mater qui se tiendra le vendredi 10 octobre, à 10h, à Uni Dufour. De nombreuses distinctions seront décernées à cette occasion, à commencer par des doctorats honoris causa remis à quatre scientifiques de renom qui tous donneront une conférence publique en marge de la cérémonie. Le premier récipiendaire, Jesús Baigorri-Jalón, est professeur émérite au Département de traduction et d’interprétation de l’Université de Salamanque. Son parcours professionnel a été partagé entre l’enseignement, la recherche et l’interprétation. Historien et interprète, Jesús Baigorri-Jalón a publié de nombreux ouvrages de référence, dirigé des thèses et formé plusieurs générations d’interprètes. Le jeudi 9 octobre, il donnera une conférence intitulée «History of interpreting: A past for our future», à 18h15, à Uni Mail.

Le deuxième lauréat est le professeur en économie sociale du Graduate Center de la City University of New York, Branko Milanovic, dont les recherches sont consacrées à l’étude de la répartition des richesses dans et entre les sociétés, ainsi qu’aux mécanismes qui façonnent cette répartition. Fort d’une longue expérience à la Banque mondiale, Branko Milanovic a publié des travaux majeurs, qui ont été débattus et primés sur les cinq continents. Publié en 2019, Capitalism, Alone a ainsi été traduit en 16 langues, témoignant de l’impact planétaire de ses recherches. Quant à son dernier ouvrage, Visions of Inequality, il a été nommé livre de l’année 2023 par le Financial Times. Sa conférence «Two Centuries of Visions of Inequality: Between classes, elites and citizens» se tiendra le jeudi 9 octobre, à 18h15, à Uni Mail.

C’est en tant que rapportrice spéciale des Nations unies sur le droit à l’éducation depuis 2022 que la sociologue pakistanaise Farida Shaheed reçoit un doctorat honoris causa de l’UNIGE. Ses recherches et ses activités de consultante et de praticienne du développement visent à promouvoir et à protéger les groupes marginalisés et/ou discriminés tels que les femmes, les enfants en situation de crise et/ou de guerre, les minorités religieuses et ethniques, les personnes aux identités non binaires, en situation de handicap ou économiquement marginalisées. Le jeudi 9 octobre, à 18h30, à Uni Mail, Farida Shaheed participera à une table ronde intitulée «Protéger les enfants dans un monde en crise: comprendre et agir». 

Le dernier doctorat honoris causa sera attribué à Alain Aspect, professeur de physique quantique à l’Institut d’optique de l’Université Paris-Saclay. Considéré comme le père de la deuxième révolution quantique, Alain Aspect a marqué de façon décisive la physique moderne. Ses expériences pionnières, au début des années 1980, utilisant des paires de photons intriqués, ont démontré sans ambiguïté la non-localité de la mécanique quantique et apporté une réponse expérimentale au paradoxe d’Einstein-Podolsky-Rosen. Ces résultats, au-delà de leur impact fondamental majeur, ont ouvert la voie aux technologies quantiques: informatique, télécommunications, capteurs, téléportation, cryptographie. Sa contribution a été couronnée par le prix Nobel de physique 2022, partagé avec John Clauser et Anton Zeilinger. Il donnera une conférence intitulée «Des concepts aux applications: les deux révolutions quantiques» qui se tiendra le vendredi 10 octobre, à 18h30, à Uni Dufour et sera rediffusée en direct sur internet.

Le prix mondial Nessim Habif revient cette année à Dominique Soldati-Favre, professeure titulaire à la Faculté de médecine de l’UNIGE, où elle dirige le Département de microbiologie et de médecine moléculaire. Ses recherches portent principalement sur l’élucidation de la biologie des parasites apicomplexes. À l’UNIGE, Dominique Soldati-Favre est également à l’origine de la création d’une école doctorale en sciences de la vie, conjointe aux facultés de médecine et des sciences, un projet qui contribue au rayonnement international de l’institution. 

Les autres prix et médailles, décernés à l’occasion du Dies academicus, sont la Médaille de l’Université, remise à l’association estudiantine La Farce, qui gère une épicerie solidaire gratuite pour les étudiant-es; la Médaille de l’innovation, attribuée au Département d’astronomie de l’UNIGE pour ses projets innovants et son expertise dans la spectroscopie de précision; le prix Latsis, qui ira à Quentin Béran, docteur en histoire de l’architecture, ainsi que le prix Walthard, qui récompensera le nageur d’élite et étudiant en droit Roman Mityukov. L’Alumna UNIGE 2025 sera incarnée par Vera Michalski-Hoffmann, présidente de la Fondation Jan Michalski, dont la mission est de soutenir la création littéraire et d’encourager la pratique de la lecture.

La cérémonie est ouverte à toutes et tous – les cours sont suspendus ce jour-là –, une interprétation simultanée en français-anglais, ainsi qu’en langue des signes est proposée. L’événement est rediffusé sur Léman bleu le samedi 11 octobre à 20h30.