9 février 2023 - Alexandra Charvet

 

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Entre stupeur, repli et rebond: récit d’une pandémie

Consacrée aux conséquences de la pandémie de Covid-19, une exposition du Département de sociologie éclaire le fonctionnement de nos sociétés, en mettant en lumière leurs vulnérabilités mais aussi leurs capacités de rebond.

 

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Genève, avril 2020. Image: J. Fall/UNIGE

 

«Nous avons connu la stupeur, la peur, le repli, tant des États que des individus.» C’est avec ces mots que débute la nouvelle exposition de l’UNIGE, à voir jusqu’au 27 avril au 66 bd Carl-Vogt. Après le passage des vagues successives de la pandémie de Covid-19 que chacun et chacune a vécu sur le plan intime mais aussi collectif, le temps est venu pour les expert-es des sciences sociales d’analyser avec leurs outils ce que cet épisode a révélé de notre capacité à vivre ensemble et à absorber un tel événement. Conçue par les professeures Claudine Burton-Jeangros et Mathilde Bourrier du Département de sociologie (Faculté des sciences de la société) et mise en scène par Dimitri Delcourt, l’exposition PANDÉMIE, les échos du covid propose, en collaboration avec le poliScope, de débattre de la question en abordant la crise sanitaire sous cinq aspects.


Premier enjeu social décrypté: la globalisation d’un monde devenu fragile. À la suite des mesures sanitaires pour lutter contre la propagation du virus, de multiples frontières ont été (ré)instaurées entre individus, communautés et pays. Ce cloisonnement a considérablement ralenti le commerce mondial et mis un frein à la mobilité, deux éléments fondateurs des dynamiques économiques de la globalisation. «Des expert-es prédisaient que la globalisation affaiblirait la puissance de l’État souverain, relève Alexandrine Dupras, doctorante au Département de sociologie. La pandémie de Covid-19 questionne cette hypothèse, montrant que la libre circulation des individus peut être mise à l’arrêt, à l’instar des déplacements aériens devenus plus compliqués. Les États vont-ils désormais rapatrier la production de biens et d’aliments à l’échelle de leur territoire?»

Le deuxième aspect abordé par l’exposition concerne les inégalités sociales, que la crise sanitaire a fait ressortir et a accentuées. À Genève, on se souvient des longues files d’attente devant la patinoire des Vernets pour recevoir des sacs remplis de nourriture. «Malgré son côté spectaculaire, la distribution d’aide alimentaire ne doit pas faire perdre de vue toutes les autres inégalités qui ont été exacerbées pendant la crise, comme des inégalités entre hommes et femmes ou entre jeunes et personnes âgées pendant le confinement, précise Loïc Pignolo, postdoctorant et chargé de cours au Département de sociologie. La mise en scène sur les réseaux sociaux du vécu des personnes privilégiées pendant le confinement interroge notamment la question des inégalités sociales dans notre société.»

Le troisième module de l’exposition s’intéresse, quant à lui, au rôle social des objets. Les tensions observées autour de quelques-uns des articles devenus emblématiques de la pandémie – masques ou gel hydroalcoolique – ont en effet mis en évidence la centralité et la complexité des objets dans nos rapports au monde et aux autres. «En nous sortant de nos routines, les crises sont révélatrices de notre dépendance aux objets et mettent en lumière le tissage subtil entre matérialité et monde social», commente Bogomil Kohlbrenner, collaborateur scientifique au Département de sociologie. À cet égard, une collecte participative destinée à documenter le vécu de la pandémie est au sein de l’exposition: chaque visiteur/euse est invité-e à déposer, sur un site web, l’image d’un objet de son quotidien qui lui rappelle comment il ou elle a traversé cette crise.

L’avant-dernier module de l’exposition donne des clés de compréhension sur la problématique des fake news dans le contexte de la pandémie. «Le phénomène n’est pas nouveau et doit être rapproché de ses ancêtres que sont les rumeurs et la propagande», nuance Karen Pelletier, assistante au MediaLab-Genève. Enfin, la dernière partie du parcours porte sur les enjeux liés aux données de santé digitale, en prenant l’exemple de l’application SwissCovid. «Le succès de l’outil a été mitigé car celui-ci collectait des données sensibles, à savoir des informations personnelles de santé, explique Valentine Donzelot, doctorante au Département de sociologie. Un décalage s’est opéré entre une solution technique développée par des chercheurs/euses et une population méfiante. Cela montre que la réception et l’acceptation d’une technologie par les individus relèvent d’un processus complexe, qui dépend de plusieurs facteurs comme les calculs coût/bénéfice de son utilisation ou encore la participation des utilisateurs/trices à sa conception.»

«PANDÉMIE, LES ÉCHOS DU COVID»

Exposition

Du 14 février au 27 avril | Salle d’exposition de l’UNIGE, 66 bd Carl-Vogt


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