8 mars 2023 - Rachel Richterich

 

Événements

La magie profite des failles de notre cerveau

Les illusions et la perception de la réalité seront au cœur de la Semaine du cerveau, qui se tient du 13 au 17 mars à Uni Dufour. Parmi les événements présentés à cette occasion, un spectacle de mentalisme au cours duquel un chercheur exposera les mécanismes cognitifs qui permettent aux magicien-nes de réaliser leurs tours.

 

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Imaginez un-e parfait-e inconnu-e s’immiscer dans vos pensées et vous donner l’impression qu’elle ou il est capable de les lire. À tel point qu’il lui est possible d’identifier l’objet que vous visualisez à l’instant où il ou elle vous parle ou de deviner un mot choisi au hasard dans un livre de 200 pages.

Ce genre d’individu s’appelle un-e mentaliste, soit une personne capable de créer l’illusion de posséder des pouvoirs surnaturels tels que la télépathie ou la télékinésie. L'un d’eux/elle, Christophe Ambre, donnera une représentation interactive et gratuite à Uni Dufour en compagnie de Dirk Kerzel, professeur en psychologie cognitive à l’UNIGE, qui s’efforcera de mettre en évidence les mécanismes cognitifs impliqués dans ce type d’expérience. L’événement est programmé dans le cadre de la Semaine du cerveau, consacrée cette année aux illusions et à notre perception de la réalité, qui se tiendra du 13 au 17 mars.

 

Jamais objectifs dans nos choix
«Les mentalistes, à l’instar des autres illusionnistes, exploitent les failles naturelles de notre cerveau, indique Dirk Kerzel. Ils/elles s’appuient en particulier sur deux mécanismes cognitifs: le biais de sélection et la cécité au changement.»

Le biais de sélection décrit le fait que nous ne sommes jamais complètement objectif-ves lorsque nous faisons des choix. Ceux-ci sont en effet influencés par divers facteurs, notamment par les circonstances dans lesquelles nous sommes amené-es à prendre des décisions.

«Les mentalistes et les magicien-nes le savent et connaissent parfaitement les conditions susceptibles d’influencer nos choix», relève Dirk Kerzel. C’est ainsi qu’elles ou ils parviennent à exploiter cette faille de notre fonctionnement cognitif sur une scène, par exemple pour créer l’illusion de pouvoir prédire le mot que le/la spectateur/trice va choisir dans un livre.

Réalité construite
La cécité au changement, elle, est due au fait que notre cerveau ne nous donne qu’une représentation partielle de la réalité. «Contrairement à une caméra ou à un appareil photo, nous n’enregistrons pas tous les éléments présents sur une scène, détaille Dirk Kerzel. Ce serait trop lourd pour notre système cognitif. Le cerveau fait ainsi un tri pour se concentrer uniquement sur ce qui a, selon lui, de l’importance.»

En simulant une information importante pour le cerveau, l’illusionniste est donc en mesure de détourner l’attention d’un sujet afin de modifier le contexte à son insu. «C’est en utilisant ce mode de fonctionnement que les magicien-nes arrivent à faire apparaître ou disparaître des objets, explique Dirk Kerzel. Ce faisant, elles et ils contribuent à mettre en lumière le fonctionnement de notre système cognitif et la manière avec laquelle le cerveau construit sa propre réalité. À leur façon, ils et elles proposent donc une version appliquée des recherches que nous menons à l’Université.»

Semaine du cerveau
Du 13 au 17 mars
Uni Dufour (24, rue Général-Dufour),
Auditoire Piaget (U600, sous-sol).
De 19h à 20h30. Entrée libre.


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