Journal n°132

En Suisse, «20% de l’énergie électrique pourrait être photovoltaïque»

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À la veille de la votation, le 21 mai, de la loi fédérale sur la stratégie énergétique 2050, la 25e journée du CUEPE consacrée au solaire fait le point sur les atouts de cette source d’énergie

Alors que la promotion des énergies renouvelables fait partie des objectifs de la stratégie énergétique 2050, l’énergie solaire directe ne représente même pas 1% de l’énergie primaire mondiale. Professeur à l’Institut Forel et conférencier lors de la 25e journée du Centre universitaire d’étude des problèmes de l’énergie (CUEPE) qui se tiendra le 19 mai au Muséum d’histoire naturelle, Bernard Lachal se veut pourtant optimiste: «Le réinvestissement de l’homme dans les énergies renouvelables ne commence qu’à partir de 1980. Il y a 30-40 ans, on partait donc de zéro.» C’est d’autant plus vrai que, dans le long terme, la maturation de la technologie devrait aider l’énergie solaire à résorber ses principaux défauts, lui permettant ainsi de contribuer davantage à la charge énergétique mondiale.

L’énergie solaire doit faire face à un problème de concordance de temps entre besoins et production.

Il n’en demeure pas moins que l’énergie solaire doit faire face à un problème de concordance de temps entre besoins et production. L’énergie solaire a en effet l’inconvénient de ne pas être parfaitement prévisible. Les journées ensoleillées produisent, par exemple, trop d’énergie tandis que les journées couvertes pas assez. Si ces fluctuations ont une incidence moindre dans les pays du Sud et deviennent plus facilement conjecturables lorsqu’on considère des grandes aires géographiques, l’énergie solaire reste une énergie spontanément variable et n’assure donc pas, contrairement aux fossiles ou à d’autres énergies renouvelables, une adéquation entre l’offre et la demande.

Ce problème de concordance de temps, bien que réel, est souvent exagéré et peut être résolu grâce au stockage de l’énergie solaire

Ce problème de concordance de temps, bien que réel, est souvent exagéré et peut être résolu grâce au stockage de l’énergie solaire. La technologie existe déjà, mais les coûts sont aujourd’hui très élevés: «À long terme, précise Bernard Lachal, il y a néanmoins un gros potentiel photovoltaïque, car des transformateurs sont en cours de développement comme le Power to gas, par exemple, qui permet de transformer l’énergie solaire en gaz avec un rendement acceptable.»

L’énergie solaire photovoltaïque – l’énergie électrique produite à partir des rayonnements du soleil – est donc en plein développement. Dans un pays tel que la Suisse, beaucoup d’experts considèrent que jusqu’à 20% de la production annuelle de l’énergie électrique pourrait aujourd’hui être assurée par le photovoltaïque sans trop de difficultés, et ce malgré le problème de la concordance de temps: «Ce chiffre pourrait monter jusqu'à 30, voire 40%, à condition de s’y retrouver financièrement même si l’on ne consomme que la moitié de l’énergie produite», renchérit Bernard Lachal.

Si l’avenir du photovoltaïque semble radieux, la vente de capteurs solaires thermiques – utilisant l’énergie thermique du soleil afin d’échauffer un liquide ou gaz – est par contre en baisse en Suisse ainsi qu’en Europe. Les raisons du désamour du public pour ce type de solution sont autant la concurrence d’autres technologies, également subventionnées, que le bas prix du mazout et du gaz. Il faut aussi considérer la lutte fratricide avec le photovoltaïque qui peut, grâce à une pompe à chaleur, remplir la même fonction qu’un capteur solaire thermique tout en bénéficiant d’une meilleure image.

Il est essentiel de ne pas opposer les différentes énergies et de les structurer dans l’espace par rapport aux caractéristiques climatiques

À l’instar de l’éolienne, l’énergie solaire est une des rares sources d’énergie à produire peu de CO2  et à ne pas entrer en interaction avec les grands cycles naturels. Néanmoins, pour Bernard Lachal, il est essentiel de ne pas opposer les différentes énergies et de les structurer dans l’espace par rapport aux caractéristiques climatiques: «Il ne faut pas faire du 100% solaire. Les énergies doivent se structurer par émulation et non par concurrence. Placer des éoliennes en Suisse, par exemple, ce n’est pas forcément formidable vu la faiblesse du vent dans une bonne partie du territoire helvétique.»

Les énergies renouvelables sont certes destinées à assumer une part croissante de la charge énergétique mondiale, mais, cela ne signifie pas la mort immédiate du fossile: «On aura certainement encore besoin de pétrole en tant que matière à l’avenir, mais il n’est vraiment plus raisonnable d’en brûler pour chauffer de l’eau !» conclut Bernard Lachal. —