Journal n°166 - du 7 au 21 novembre 2019

Cent femmes pour inspirer les jeunes

Lancée le 8 novembre prochain à Genève et dédiée aux jeunes générations, la campagne «100 femmes et des milliers d’autres» met en évidence des carrières féminines atypiques afin de proposer des modèles d’inspiration. «Dans toute l’Europe, le manque patent de femmes dans les domaines des sciences et de la technologie s’explique notamment par l’insuffisance de rôles modèles dans ces milieux», précise Brigitte Mantilleri, directrice du Service égalité de l’UNIGE, organe qui a coordonné l’ensemble du projet. Ainsi, en rendant visibles la diversité et la richesse des parcours professionnels et personnels de nombreuses femmes, vivant en Suisse occidentale, au Tessin et en Franche-Comté, le projet a pour objectif de briser le statut d’exception encore trop souvent associé à ces choix de métiers.

Portraits trilingues

Cette campagne de sensibilisation se décline en trois volets et en trois langues (français, anglais et italien): une publication de près de 400 pages, éditée en 2000 exemplaires; une trentaine de capsules vidéo, de une à trois minutes chacune et un site web. Au total, ce sont les portraits de 100 femmes aux parcours de vie inspirants dans divers secteurs, âgées de 25 à 72 ans, qui sont dressés, parmi lesquelles on trouve 15 professeures de l’UNIGE (voir ci-contre).

Critères d’Excellence

Pour la présidente du comité de sélection, Margareta Baddeley, «il s’agissait de faire ressortir des personnalités dont les profils peuvent motiver de par leur parcours, leur persévérance face aux difficultés et leur abnégation, leurs réussites, le caractère insolite de leur entreprise ou leur choix professionnel et, last but not least, par leur intelligence». Chaque portrait est constitué d’une photographie, d’un questionnaire de Proust et d’un texte retraçant le parcours, les passions, les fiertés et les obstacles rencontrés. «Le sexisme, les discriminations, le manque de soutien et la nécessité de travailler beaucoup plus que les hommes ressortent notamment, relève Brigitte Mantilleri. Si toutes ces femmes ont su saisir leur chance, les rencontres qu’elles ont faites ont été révélatrices. L’appui des hommes a parfois été un déclencheur, c’est pourquoi il est important que ces derniers s’impliquent aussi dans les carrières des femmes.»

Processus d’identification

Le lancement de la campagne, le 8 novembre à la Fédération des entreprises romandes à Genève, sera ouvert par une intervention de Marianne Schmid Mast, professeure en psychologie et spécialiste du comportement organisationnel. Cette dernière s’exprimera sur l’importance des rôles modèles pour les jeunes, que cela soit du point de vue de l’identification ou encore de l’amélioration des performances.
La diffusion de la publication sera ensuite assurée par diverses actions, conférences ou événements, menés en collaboration avec les différentes régions et avec les départements genevois et vaudois de l’instruction publique.
Menée par le Service égalité de l’UNIGE, cette campagne s’inscrit dans le cadre du programme Interreg France-Suisse PILE et d’un projet de coopération de swissuniversities. —

vendredi 8 novembre — 12h
Lancement de la campagne «100 femmes et des milliers d’autres»
FER Genève, 98 rue de Saint-Jean

 

 

image-7a.jpgIrene Herrmann, professeure à la Faculté des lettres

Ce qui me passionne : Découvrir ce que je ne sais pas, trouver des réponses aux questions que je me pose, m’émerveiller devant l’inventivité des êtres humains. Mon moteur est l’envie d’en savoir plus.
Mon parcours : J’ai rencontré des personnes formidables qui m’ont redonné confiance en moi. J’ai surtout bénéficié de l’appui d’hommes ouverts d’esprit et généreux, généralement assez renommés pour pouvoir se moquer des convenances et des hiérarchies académiques. Quelques femmes très lucides sur les difficultés rencontrées ont aussi été assez généreuses pour partager leur expérience, afin de m’éviter de payer trop cher les leçons qu’elles-mêmes en avaient tirées.

 

 

image-7b.jpgCostanza Bonadonna, professeure à la Faculté des sciences

 

Ce qui me passionne : Mes plus grandes motivations sont l’avancement de la science, l’inspiration des jeunes générations de scientifiques, la contribution à une société plus consciente et le renforcement des capacités des communautés qui font face aux risques géologiques.
Un bémol, des obstacles : L’environnement concurrentiel du monde universitaire ne facilite pas le développement personnel, sans parler d’aspects plutôt féminins, tels que la collaboration, l’ouverture et l’inclusion plutôt que l’individualisme.
Je suis fière : de mon groupe de recherche qui inspire d’autres groupes et surtout des femmes scientifiques.

 

 

image-7c.jpgSarah Stewart-Kroeker, professeure à la Faculté de théologie

 

Ce qui me passionne : Il y a des moments, que ce soit dans la recherche, dans l’enseignement, dans la discussion, où c’est comme un coup de foudre: soudain, on voit la chose d’une clarté pénétrante, ou alors on change complètement de regard de manière inattendue. Ces moments d’illumination ou de bouleversement sont les cadeaux de la vie académique.
Un bémol, des obstacles : Dans un domaine où il y a peu de femmes, il est parfois difficile de surmonter les préjugés implicites: on ne se rend pas forcément compte de ce qu’on a intériorisé ou de l’image qu’on se fait du ou de la prof ou du penseur – ce qui vaut pour tous et toutes, hommes et femmes.