26 novembre 2020 - MT

 

Vu dans les médias

Le mécénat peut-il sauver le journalisme?

 

 

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Henry Peter

 

Le journal Le Temps passe en main de mécènes, une première dans le paysage médiatique suisse contemporain. Annoncé le 3 novembre, le rachat a été opéré par la Fondation Aventinus, entité créée il y a un an pour soutenir les médias romands. Présidée par François Longchamp, ancien conseiller d’État genevois, elle est soutenue par trois des plus puissantes fondations de l’Arc lémanique – Hans Wilsdorf, Jan Michalski et Leenaards – ainsi que par quelques mécènes issu-es de la banque et de la finance qui tiennent à garder l’anonymat. Pas un seul chiffre n’est dévoilé, ni le prix de vente du journal ni le budget de la fondation.

Si ce manque de transparence inquiète certain-es observateurs/trices, de son côté, Henry Peter, directeur du Centre en philanthropie, se veut plutôt rassurant. Il n’est pas étonné par le souci d’anonymat des donateurs/trices privé-es, comme il l’indique dans un article paru dans l'AGEFI le 20 novembre dernier: «Nombre de donateurs/trices sont attaché-es à la discrétion, parce qu’elle s’inscrit dans la culture suisse et, parfois, parce qu’elles ou ils ne souhaitent pas être trop sollicité-es.» Pour lui, derrière cette opacité ne se cache aucune volonté d’influencer le titre. «Wilsdorf est une cible facile, mais ses activités sont bien distinctes de celle de Rolex, par ailleurs un annonceur important du Temps.» Alors que la Fondation Leenaards porte à son avis «des intentions sincères» et que Vera Michalski-Hoffmann, qui pilote la fondation du même nom, n’occupe pas de fonction dans l’organigramme de Roche, il est convaincu que ces trois fondations ont contribué à la création d’une nouvelle entité, sur laquelle elles n’ont pas de prise: «Vu la longueur de la chaîne jusqu’au média, vouloir chercher une influence serait excessif.»

Avec la diffusion de journaux gratuits, la numérisation de l’information et la diminution drastique des apports publicitaires, la presse fait face à une crise sans précédent. Dans ce contexte, Le Temps cumulait les années de déficit. Par son rachat, la Fondation Aventinus permet de mettre à l’abri un titre phare de la presse romande. Selon l’expert en mécénat, ce modèle se défend, car «pour assurer une presse libre, il faudra inévitablement bénéficier de financements à fonds perdu».

 

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